Free soul - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 08 Mars 2010

Un tome significatif de premières fois à bien des égards. Un des premiers titres de l'éditeur Asuka, un des premiers Ebiné Yamaji et un des premiers et rares Yuri édité en France. Free Soul nous parle de manga, de musique et d'homosexualité féminine.

Kaito est une jeune dessinatrice dont l'intention est de réaliser une histoire sur Angie, son personnage de chanteuse Soul et homosexuelle. Les aléas de la vie vont la conduire à partager la vie de l'atelier d'une vieille artiste excentrique. Il s'agit là d'un récit « tranche de vie » où le lecteur va suivre les moments de joie et de peine de notre héroïne. Son rapport avec ses parents, ses doutes sur sa vie et sa rencontre avec Niki, une trompettiste ni vraiment hétéro ni vraiment homo, âme libre et détachée de toute contrainte. La relation qui va se tisser entre les deux personnages devient le moteur du récit sans le monopoliser pour autant. Kaito qui ne doute pas de ses sentiments, doute de ceux de Niki, attend sans vraiment forcer les choses, entre espoir et désillusion, sentiments parfaitement traduit par la narration de la mangaka.
Ebiné Yamaji réalise également une mise en abime avec le personnage d'Angie, personnage fictif crée par Kaito, elle-même fictive. Et pourtant, tout est clair et s'imbrique parfaitement. La vie d'Angie se suit aussi bien que celle de Kaito, jusqu'à ce que le dernier chapitre lui soit entièrement consacré. Angie et Kaito, personnages antinomiques mais complémentaires. On sent tout le courage que Kaito tire de sa création au fil de l'histoire.
Mais la plus grande réussite de ce titre est la simplicité avec laquelle Yamaji traduit les sentiments des héroïnes. On oublie vite qu'il s'agit de deux femmes. Comme dans le Jeu du chat et de la souris, quelques scènes érotiques parsèment le récit, suffisamment explicites mais jamais devenir vulgaires ou inutiles. On ne s'interroge pas clairement à l'homosexualité, on suggère. Tout n'est que subtilité dans ce récit, une subtilité qui sublime les sentiments bien au delà des sexes et des apparences.

Graphiquement, le trait d'Ebiné Yamaji se veut très dépouillé. La mangaka se limite à l'essentiel. Les personnages, qu'ils soient masculin ou féminin, sont dessinés avec beaucoup de simplicité. Pour autant chacun est parfaitement reconnaissable. Les décors sont peu travaillés mais suffisants. Comme souvent dans les shojo, le dépouillement du dessin est là pour magnifier les visages et le texte. Le trait sobre de l'auteur réussit parfaitement son office.
L'édition française est perfectible. Traduction et adaptation sont correctes mais l'impression connait quelques soucis avec surtout des problèmes dans les niveaux de gris, parfois trop clairs ou trop sombres. Mais rien de bien méchant cependant.

Sans jamais tomber dans la mièvrerie, Ebiné Yamaji nous raconte une histoire de vie et d'amour réaliste où les sexes n'ont plus grandes importance. Free Soul est un titre fort de part l'émotion qu'il provoque. Peut-être l'équivalent « au féminin » du Jeu du chat et de la souris.


blacksheep


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Blacksheep
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs