Freaks Café Vol.1 - Actualité manga
Freaks Café Vol.1 - Manga

Freaks Café Vol.1 : Critiques

Henai Café

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 22 Août 2019

Les prochaines semaines risquent d'être très WTF chez Akata ! Entre ce mois d'août et le début du mois d'octobre, la célèbre collection qui ose tout accueillera pas moins de 4 nouvelles séries, et la première d'entre elles est Freaks' Cafe, une oeuvre promettant, sur le papier, d'aborder un sujet très délicat de façon intéressante... mais qu'en sera-t-il réellement ?

De son nom original Henai Café, cette oeuvre est en cours de parution depuis 2016 dans le magazine Go Go Bunch puis sur son équivalent web au sein des éditions Shinchôsha, et il s'agit de la toute première série de Meika Arisaki. Au programme, une plongée dans le café Statice, un café pas vraiment comme les autres...

Jugez vous-mêmes: son gérant, Hiro Sen'nichi, a pour particularité d'accueillir absolument tout le monde sans porter le moindre jugement sur eux, et en particulier les personnes ayant une paraphilie, qui, par le bouche à oreille, finissent souvent par atterrir chez lui, d'autant que le jeune homme leur prête une oreille attentive et s'applique à préparer des infusions sur mesure, correspondant aux désirs et besoins de chacun.

Vous ne savez pas ce qu'est la paraphilie ? Hé bien, il s'agit d'une attirance ou une pratique sexuelle s'écartant de ce qui est traditionnellement considéré comme "normal". Un sujet pour public averti donc, d'autant que la mangaka décide de l'aborder frontalement, sans le moindre tabou.

Sont donc au programme dans ce premier tome, 4 chapitres centrés chacun sur un cas différent: un homme ne se sentant excité que quand il est en contact avec le sang des règles, une femme ayant de très forts fantasmes sur le SM, un homme ayant découvert son fantasme des femmes enceintes depuis que son épouse attend un bébé, et un homme ayant laissé tomber les humaines depuis bien longtemps pour plutôt s'intéresser aux poupées. Bref, vous voyez le genre ! Cela pourrait en faire fuir certains, mais concrètement ça existe bel et bien (et nul doute qu'on a tous une paraphilie en nous, peut-être la série nous le montrera-t-elle sur la longueur ?), et dans un premier temps chaque chapitre aborde très bien la chose, grâce à la qualité de son personnage principal, qui écoute les tourments de chaque client avec la même neutralité, voire leur vient en aide à sa manière via ses infusions ou quelques conseils. Dans cette optique, Arisaki a d'abord une démarche intéressante et positive: nous faire découvrir sans le moindre jugement des originalités/déviances sexuelles que l'on peut alors cerner un peu plus, d'autant que chaque client dégage vite fait une certaine humanité dans ses tourments. Mais c'est clairement après que ça part en vrille (le mot est faible) et que la mangaka risque de décontenancer as mal de lecteurs.

En effet, il s'avère que chaque chapitre suit le même schéma: après une petite présentation réussie, la paraphilie de chaque client vire dans des choses pour le moins... hum, extrêmes, allant jusqu'à la torture, à la séquestration ou au meurtre, bien souvent dans une certaine indifférence générale, et dans un style visuel où l'autrice peut être trash sur certaines pages. On a envie de dire "pourquoi pas", car au moins la mangaka y va vraiment de front. Mais il y a un gros problème: après les débuts de chapitres plutôt bénéfiques et nous invitant à ne pas juger bêtement ce qui est différent sans comprendre, il est dur voire impossible, en voyant les extrémités parfois malsaines et réellement criminelles dans lesquelles les clients tombent, de ne pas les trouver atroces, et de ne pas ressortir de tout ça finalement encore plus horrifiés qu'avant sur certaines de ces paraphilies... l'objectif n'était-il pas inverse ? Ca aurait pu très bien passer si l'oeuvre possédait plus de recul, dégageait un humour plus absurde ou plus second degré, ou possédait le côté grotesque de titres ero-guro, mais ce n'est pas le cas (ou alors, c'est moi qui suis complètement passé à côté, ce qui est possible).

Pour le reste, le schéma identique de chaque chapitre pourrait rapidement lasser, mais heureusement (ou malheureusement, selon ce que vous en penserez) Meika Arisaki parvient à glisser peu à peu un petit fil rouge autour de Sen'nichi et de sa soeur. C'est un peu balancé à la truelle dans la lecture, mais à l'arrivée, une fois tournées les dernières pages du tome (on ne peut plus malsaines, même si le summum du malaise reste à mes yeux la fin du chapitre 4 sur l'homme aux "poupées"), on a bel et bien envie d'en savoir plus sur le gérant du Statice, sur ce qu'il a pu vivre avec sa soeur et ce qui l'a peut-être amené à ouvrir ce café...

Me voilà bien embêté: ce premier tome de Freaks' Café est typiquement le genre de lecture sur laquelle je n'ai absolument aucune envie de mettre une note, car il est impossible d'y réfléchir un minimum objectivement pour moi. La note représente donc à 100% mon ressenti purement personnel. Il s'agit à mes yeux de la série la plus dérangeante de tout le catalogue WTF?! d'Akata, mais pas forcément toujours pour les bonnes raisons, aussi j'invite clairement chacun à se faire son avis.

En tout cas, une chose devrait mettre tout le monde d'accord: l'édition française est au top. Le papier est assez épais et sans transparence, l'impression est très bonne, la jaquette est soignée et fidèle à l'originale japonaise, et la traduction de la toujours excellente Miyako Slocombe est très efficace.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
10 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs