Frankenstein - Junji Ito collection N°16 - Actualité manga
Frankenstein - Junji Ito collection N°16 - Manga

Frankenstein - Junji Ito collection N°16 : Critiques

Frankenstein

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 19 Février 2014

Dans le premier quart du 19ème siècle, un homme du nom de Walton part en expédition au Pôle Nord. Son objectif : percer les secrets du magnétisme. Mais tandis que son équipage et lui choisissent finalement de faire demi-tour à cause des conditions climatiques, ils croisent la route de deux individus énigmatiques. L'un est un géant, parcourant la banquise en traîneau dans le brouillard. L'autre est au seuil de la mort, et poursuit un objectif bien précis : débarrasser la planète du monstre qu'il a créé. Il se nomme Victor Frankenstein, et il va conter à Walton son histoire, celle qui, à cause de son ambition scientifique démesurée, a vu tous ceux qu'il aimait disparaître...

Après six années de bons et loyaux services, l'anthologie Junji Ito, revenant sur les dix premières années de carrière de l'auteur, tire ici sa révérence. Et pour son ultime représentation, elle nous offre un récit assez différent de ceux auxquels l'auteur nous a habitués : en lieu et place des histoires courtes voyant l'inexplicable apparaître de façon horrifique devant les personnages, on trouve une adaptation de Frankenstein, le roman culte de Mary Shelley.

Le Frankenstein de Junji Ito se veut fidèle au roman original. On en retrouve toutes les grandes lignes, ainsi que certaines spécificités qui ont contribué à la popularité de l'oeuvre de Shelley, dont la mise en abyme narrative : un récit où Frankenstein raconte à Walton son histoire, une histoire dans laquelle le monstre qu'il a créé raconte lui-même son parcours après s'être échappé.
Celles et ceux qui connaissent le roman (tout le monde, espérons) n'auront donc aucune surprise... et les autres n'en auront que peu, l'issue de ce drame horrifique étant avouée dès le départ par Frankenstein. Ce qui doit alors retenir notre attention, c'est le talent, à la fois narratif et visuel, d'un auteur qui s'applique parfaitement à retranscrire l'ambiance lugubre de l'oeuvre originale. On a donc droit à un récit assez bavard, qui s'étire de la vie de Victor avant qu'il ne plonge dans son obsession scientifique jusqu'à l'inévitable final, et qui expose clairement chacun des principaux personnages de cette vie, de la belle Elizabeth promise à Victor jusqu'à l'ami Henri, en passant par le père, par la servante Justine, le petit William et, bien sûr, Victor et le monstre. Junji Ito procède méthodiquement afin de ne rien oublier, dépeint joliment les promesses d'une vie heureuse aux côtés d'Elizabeth, puis les ambitions de plus en plus démesurées de Victor, avant de croquer avec un certain effroi la création du monstre à partir des morceaux de cadavres, la peur qu'il crée bien malgré lui chez les autres, sa solitude, sa haine grandissante pour les humains, et enfin ses actes de vengeance morbide. Rien n'est oublié, et tout s'écoule avec fluidité.

Junji Ito ne tombe jamais dans la surenchère de gore, mais n'occulte pas pour autant l'horreur physique. S'il est capable d'offrir des planches très élégantes dans les moments plus calmes (surtout au début, donc), il offre aussi des choses crues dès que la situation le demande. Ainsi, la création du monstre voit Victor profaner les cimetières en déterrant les morts, scier les cadavres pour récupérer leurs membres... La chair en décomposition est bien là, les pages se veulent de plus en plus noircies, le visage de Victor de plus en plus marqué par ce qu'il a fait... L'ambiance est bel et bien là, de plus en plus sombre, poisseuse, étouffante, malsaine. On a un auteur au sommet de sa forme.

En fin de tome, vous trouverez également deux très courtes histoires (6 et 4 pages) : un récit de poupée morbide, et une histoire de caca très bizarre... Avant que l'auteur ne s'offre une délicieuse mise en scène dans sa postface.

Loin des récits horrifiques plus ou moins longs pour lesquels on l'a connu jusque là, Junji Ito s'offre donc ici une adaptation d'un célèbre roman particulièrement aboutie, assez bavarde et forcément peu surprenante, mais où l'auteur a l'occasion de prouver tous ses talents narratifs et visuels dans le registre de l'adaptation. Une manière convaincante et un brin originale de dire au revoir à l'anthologie Junji Ito... en espérant fortement que le mangaka ne sera pas oublié en France à l'avenir !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs