Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 13 Mars 2025
La bataille dans le train du professeur Kudai a atteint son ultime étape avec la confrontation tant attendue entre Toshiro et Mukuru alias Ivy, la "sanctiflore meurtrière". Mais alors que la tension est à son paroxysme dans ce combat, tous deux se retrouvent soudainement dans un champ de fleurs très particulier, où chaque fleur est reliée à une vie. Les souvenirs et les émotions de tous les êtres vivants fleurissent en ce lieu, avant de disparaître quand la personne concernée meurt. Et cet état de fait ne peut que cruellement placer Mukuru face à la réalité: Shiika a vraiment disparu, et son combat n'a peut-être plus vraiment de sens...
Après un incroyable septième volume qui allait crescendo et terme d'intensité et qui marquait assurément une étape charnière dans le récit de Kasumi Yasuda, l'heure est venue pour cette passionnante phase de se refermer, à première vue assez vite dans un début de volume qui a quelque chose d'assez apaisé entre Toshiro et Mukuru... mais il reste désormais à voir les conséquences de tout ça, et elles sont assez nombreuses.
Dans les grandes lignes, l'auteur déroule les choses de manière logique et rapide concernant les conséquences directes du conflit: même si Yudai a pris la fuite, toutes les preuves nécessaires sont là pour innocenter l'institut de transfloraison et pour démontrer la coopération du professeur avec les opposants à la transfloraison. L'ambiance est même un peu à la fête, en faisant prendre conscience à Toshiro qu'il a peut-être trouvé là sa place, qu'il aimerait reste éternellement avec Yomiko et les autres, et qu'il souhaiterait ne pas avoir à devenir une sanctiflore... Et une place parmi les gens de l'institut, lui et Saeko riquent bien d'en trouver une encore plus importante qu'avant, à condition que leur apprentissage dans leur nouveau statut se passe bien, ce qui aboutit pour eux à une première mission en binôme dans une dernière partie de tome qui a le mérite de questionner un aspect supplémentaire de cet univers foisonnant: le respect des dernières volontés des sanctiflores. Et bien sûr, Toshiro aura aussi l'occasion ici de cerner encore un peu plus Saeko, personnage décidément attachant dans ses douleurs qu'elle a longtemps gardées un peu pour elle.
Mais bien qu'ils soient intéressants, ces éléments ne sont même pas les plus marquants du tome, car les choses les plus intrigantes sont à chercher dans toute une phase du récit où, juste après la bataille du train, on retrouve une Yomiko visiblement troublée et tiraillée... et pour cause: bien vite, le mangaka va nous exposer ce qu'elle a été amenée à faire pour questionner Kudai avant qu'ils ne prenne la fuite, pour un résultat impactant: on découvre à la fois l'état du professeur, les origines de l'institut et le but douteux des gens de la centrale, pour un résultat où une nouvelle fois rien n'est tout noir ou tout blanc. Surtout, Yasuda intrigue comme il se doit sur la place nouvelle que risque d'avoir Yomiko désormais, et entretient parfaitement une interrogation de premier plan: qui a "fabriqué" Toshiro, et dans quel but ?
A l'arrivée, on a un volume qui ne baisse pas beaucoup de régime après l'excellent tome précédent, car tout en refermant méticuleusement toute une phase de son histoire l'auteur en jauge très efficacement les différentes conséquences. A l'image de ses visuels toujours aux petits oignons, Kasumi Yasuda construit toujours aussi bien son oeuvre.