Fleur de l'ombre Vol.2 - Actualité manga
Fleur de l'ombre Vol.2 - Manga

Fleur de l'ombre Vol.2 : Critiques

Sumire Hakusho

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 13 Mai 2020

"Quelle jeune femme singulière... Elle sait même se servir de la pluie pour cacher ses larmes."

Jeune femme marquée depuis l'enfance par le sort de sa mère jusqu'à ce que cette dernier meure, Sumire, la vingtaine désormais, a décidé de ne jamais se laisser dicter sa conduite par les hommes, et de se laisser porter par le cours des choses plutôt que de subir les entraves de la vie... Mais est-ce toujours facile dans ce Japon-là, dans l'époque en pleine évolution où elle vit ? Quoi qu'il en soit, son parcours se poursuit, inlassablement, au gré des rencontres, des séparations, des moments difficiles... et advienne que pourra.

Au bout d'un fascinant premier pavé, nous laissions notre héroïne auprès de Shôzan, artiste émérite et bien plus âgé qu'elle, joueur de shamisen avec qui elle semble bien: elle envisage même sa fin avec lui, tout en sachant que leur différence d'âge ne le lui permettra pas, d'autant qu'un nouveau coup dur de la vie pourrait bientôt s'abattre.

A travers ce deuxième et dernier pavé de 490 pages, on continue de suivre les péripéties de la jeune femme, qui vogue selon là où ses pas la conduisent, au rythme des affres de la vie. Et la suivre ainsi reste, jusqu'au bout, fascinant, tant Sumire a une façon bien à elle de traverser les choses, que celles-ci soient tristes, un peu plus optimistes ou troubles. Kazuo Kamimura, en s'appuyant sur ses habituelles qualités visuelles et narratives, avec une forme de lyrisme sonnant comme des airs d'enka, continue de jouer sur nombre de petites épreuves se dressant sur la route de Sumire et se présentant comme autant de petits portraits d'époque: place de certaines formes artistiques comme le shamisen, confrontation jeunesse/vieillesse, jalousie, deuil, mais surtout l'amour et ses incertitudes, et plus encore différents aspects du sexisme ambiant, où se sortir des attentes de la société est rarement évident pour une femme comme elle. Mais Sumire, bien que parfois ébranlée et presque accessible aux yeux de ceux et celles qu'elle fascine, continue encore et toujours de courir après sa liberté, et redevient insaisissable. Telle une belle fleur éclose qui nous attire, mais dont la place dans une nombre incertaine nous empêche d'aller réellement la cueillir.

Arrivé au bout de la lecture, il sera possible de trouver la conclusion abrupte, puisqu'elle n'existe pas vraiment, et que le dernier chapitre est même un aparté nous plongeant dans les dérives (montée du fascisme, etc) du Japon des années 1930 pendant la Grande Dépression (ce qui est, par ailleurs, très intéressant). Mais ce n'est en soi aucunement gênant, dans la mesure où on garde alors de Sumire une certaine image de recherche de liberté sans fin, faisant fi des habituels buts que l'on veut fixer à la vie. Superbe chronique d'un mangaka qui était décidément toujours doué pour saisir son époque et la croquer, Fleur de l'ombre est, avant tout, le portrait de l'une des plus captivantes héroïnes de Kamimura.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs