Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 04 Septembre 2024
Poursuivant soigneusement ses entraînements avec le club d'athlétisme du lycée mais aussi à l'extérieur, et attendant impatiemment que sa nouvelle prothèse soit achevée par Chidori, Shôta doit à présent composer avec un autre problème d'un tout autre genre et d'ampleur mondial: l'arrivée de la pandémie de COVID-19 et de ses conséquences: confinement, restrictions de sortie, fermeture des établissements scolaires... et, forcément aussi, annulation d'un grand nombre d'événements, dont les compétitions sportives de tout type. Le tournoi inter-lycées en fait évidemment partie, et même si notre héros est déçu de ne pas pouvoir viser cet enjeu de taille, lui aura encore la possibilité d'y participer les années suivantes. Mais ce n'est hélas pas le cas pour les troisième année, qui devaient vivre là leur ultime compétition en tant que lycéens. Et parmi eux, c'est Sakashita qui en souffre le plus et s'en retrouve très démoralisée, elle qui s'était tant donnée pour atteindre cet objectif...
Le confinement a également pour effet de restreindre les possibilités de s'entraîner pour Shôta. Et même s'il ne lâche rien, il doit désormais composer aussi avec son père qui est toujours présent à la maison et qui, loin d'être un soutien, l'étouffe voire le rabaisse sans en avoir conscience, à force de le renvoyer à son handicap. A l'heure où il enchaîne les disputes avec lui, comment leur relation évoluera-t-elle ?
Tout en n'oubliant pas d'aborder encore les entraînements de Shôta et le handisport avec quelques détails, ce quatrième et avant-dernier tome de la série met alors plus l'accent sur deux aspects, à commencer par les tensions entre notre héros et son père, pour un résultat qui est vite passé en revue mais qui est bénéfique dans ce que Wataru Midori y véhicule, entre le besoin de se parler, la prise de conscience par le père qu'il fait pire que mieux, et le pardon. L'autre axe essentiel découle plus encore du COVID-19 et du confinement, et voit la mangaka cristalliser, à travers le cas de Sakashita, une épreuve mine de rien difficile que nombre de jeunes ont dû traverser à cette époque: l'impossibilité de vivre normalement les derniers mois de leur jeunesse, au risque d'en ressortir frustré et déprimé. Le choix de l'autrice d'ancrer si profondément son récit dans la réalité de son époque a alors eu du sens pour accompagner cette génération "sacrifiée" dans cette épreuve. On pourrait trouver que Wataru s'éloigne un peu de son sujet phare autour du handisport, et pourtant l'épreuve vécue par Sakashita a, dans une moindre mesure, le même sens que le handicap de Shôta: face à ces aléas de la vie, il faut tout donner pour ne pas se renfermer sur sa souffrance et pour repartir de l'avant. Et ça, Wataru Midori continue de l'aborder sur une tonalité positive, par exemple via l'entrée en scène de la jeune Rin (une collégienne en fauteuil roulant) qui va apporter beaucoup à Shôta, ou encore à travers l'inquiétude de Yashima et des autres pour Sakashita qu'ils veulent soutenir. L'idée étant, à chaque fois, importante: quelle que soit le type d'épreuve, on n'est pas seul.
A l'arrivée, même si Wataru Midori donne l'impression de s'éloigner un peu de son sujet de base pour plutôt s'adapter à la réalité de l'époque à laquelle elle a dessiné sa série (et vu le message qu'elle parvient à véhiculer, on peut dire que c'est réussi), Fends le vent! reste une série très intéressante et humaine. On en attendra alors le cinquième et dernier tome avec plaisir et confiance, d'autant que normalement le sujet principal de l'histoire devrait reprendre pleinement ses droits.