Faraway Paladin Vol.3 - Actualité manga
Faraway Paladin Vol.3 - Manga

Faraway Paladin Vol.3 : Critiques

Saihate no Paladin

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 11 Septembre 2020

"Jusqu'à ce que ta vie actuelle prenne fin, et que je doive à nouveau te guider vers l'au-delà... je serai ta divinité protectrice."

Le pacte conclu autrefois par Blood et Marie avec le sombre dieu de l'immortalité Stagnate semble devoir sceller leur destin de triste manière, mais Will ne l'entend pas ainsi: pour protéger ses parents morts-vivants, le jeune garçon a choisi d'affronter la divinité, de ne pas céder à sa proposition d'accès à l'immortalité, et il parvient même à l'acculer... du moins, jusqu'à ce que Stagnate ne lui inflige un coup fatidique. Entre la vie et la mort, Will voit alors apparaître devant lui une envoûtante silhouette divine, une silhouette qui lui dit forcément quelque chose. Gracefill, déesse de la lumière, responsable du cycle de la vie et de la mort, s'est intéressée de près à son cas suite à ce qu'il vient de montrer et à son rejet de cette immortalité allant totalement contre le cycle de la vie après l'avoir déjà amené jusqu'à cet autre monde. La divinité se tient devant lui, l'interrogeant alors sur sa vision de la vie et de la mort...

Après un premier volume particulièrement prenant qui posait un univers aussi mystérieux que captivant, le tome 2 de Faraway Paladin montait encore d'un cran en tirant le meilleur de la progression de son héros, de sa relation avec les trois morts-vivants constituant sa famille, et du développement d'un univers toujours aussi énigmatique et cohérent. Avec ce troisième opus, le récit imaginé par Kanata Yanagino et mis ici en images par Mutsumi Okubashi franchit encore un cap, en concluant toute une première partie de la plus belle des manières.

"Mon objectif n'était pas de devenir un de ces héros de contes de fées ayant anéanti un ennemi effroyablement puissant."

Cela, on le ressent dès la première partie du tome, plaçant Will devant Gracefill et, surtout, face aux valeurs qui sont nées en lui au fil de cette seconde vie, de cette seconde chance en ce monde inconnu. Des valeurs nourries de son ancienne vie dont il garde quelques bribes de souvenirs grâce à la miséricorde de la déesse. Des valeurs qui doivent également énormément à la façon dont il a pris cette deuxième vie et à la présence à ses côtés de Blood, Marie et Gas, ces trois êtres certes morts-vivants, et avec qui il a pourtant créé une véritable famille. Des valeurs expliquant en profondeur pourquoi il a rejeté l'immortalité proposée par Stagnate. Et à partir de là, tout en développant son héros, ce qu'il a appris de sa première vie (justifiant dès lors très bien le concept isekai de l'oeuvre) et ses liens forts avec son entourage, l'histoire développe une certaine réflexion sur la vie, la mort, le cycle de la vie... Yanagino évoque avec puissance nombre d'idées. Le fait que son héros ait fait le choix de ne plus vivre replié et coupé du monde. Son idée qu'être immortel revient à nier la mort et, sans doute, à vivre éternellement en restant coupé du monde, du fait de voir les autres mourir sans disparaître soi-même. La différence énorme entre se sentir vivant et ne pas être mort. L'essentialité de respecter le cycle de la vie...

"Je tenais juste à protéger ma précieuse famille. Je voulais en finir avec ma tendance à toujours me recroqueviller sur moi-même. Rien de plus, rien de moins."

Et tout ceci trouve encore plus de sens quand l'heure est à nouveau au combat contre Stagnate. Cet affrontement est prenant grâce à certains rebondissements, quand bien même la mise en scène reste classique. Mais l'essentiel réside ailleurs, à savoir dans les développements que poursuit le récit sur ses personnages, leurs relations entre eux, mais aussi leur lien avec leur divinité. Ainsi, difficile de ne pas être touché par Marie, par ses regrets vis-à-vis de sa trahison envers Martel, du fait qu'elle n'a jamais voulu être pardonnée et n'a jamais pu se pardonner elle-même mais qu'elle a malgré tout toujours continué de prier sa déesse et de l'aimer sincèrement. De même, impossible de ne pas souligner les différents instants où Will prend encore plus que jamais conscience de tout ce que ses deux "parents" et son "grand-père" lui ont appris. Sans oublier la nature du sort de bénédiction de Gracefill, qui consiste précisément à apporter la paix aux âmes des morts pour les guider jusqu'au ciel, un aspect ayant une importance capitale ici. Et au bout de ce combat, de ce passage à l'âge adulte, il y a, surtout, la reprise normale du cycle de la vie, avec la disparition de ceux qui auraient dû mourir il y a déjà bien longtemps, mais qui disparaissent en ayant enfin pu réaliser leur plus profond rêve de famille.

"Tout parent se doit de mourir avant son enfant."

La narration est d'une clarté exemplaire, et tout s'enchaîne avec une infinie logique, les auteurs n'oubliant rien, et l'écriture étant excellente pour toucher où il faut (une chose que la traduction française semble retranscrire efficacement). Chaque étape, chaque évolution, chaque réflexion arrive à point nommé pour frapper juste, jusqu'au petit flashback sur Blood et Marie refermant avec une émotion contenue mais infinie la première grande partie de Faraway Paladin.

"Je vivrai et mourrai normalement."

Alors, certes, il reste désormais à voir comment, après cette longue introduction impeccable, la série va se développer dans la découverte par Will d'un monde entièrement inconnu et dans les rencontres qu'il fera, choses démarrant dès la dernière partie de ce tome en piquant très bien l'intérêt. Mais dans l'immédiat, avec ce tome, Faraway Paladin impressionne. Pour l'heure, la série parvient à développer des choses fascinantes et riches, que ce soit dans l'univers dans les personnages, dans les nombreuses réflexions soulevées... si bien qu'il n'est pas exagéré d'affirmer que si vous ne devez commencer qu'un seul manga isekai cette année, c'est celui-ci.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs