Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 25 Septembre 2025
Arisa et Si Gui se font face, mais devant le clone de Sei la jeune fille chancelle et se sent attirée par cet homme qui, comme elle, possède l'héritage de Neo Genesis. Alors que Si Gui est sur le point de s'échapper en emportant avec lui une Arisa évanouie, celle-ci finit par se réveiller et par se rebeller mais ne semble plus être elle-même, comme si Sei avait temporairement pris possession de son corps. Finalement, Si Gui parvient à s'échapper seul de justesse, en laissant derrière lui une Arisa à la fois tourmentée et bien décidée à l'arrêter. Et la situation devient d'autant plus urgente que notre héroïne et son entourage ont désormais parfaitement conscience que Si Gui se fiche royalement de tous les humains du monde, qu'en tant que néo-humains il voit comme des singes. Les ambitions de sa "mère" la docteure Schreiber, son alliance avec la triade du Scorpion Rouge, et les enjeux autour de Sing Soo-Ling sont autant de choses dont il se fiche royalement, en n'hésitant pas à manipuler les gens dont il a besoin, à les tuer quand il ne lui servent plus à quoi que ce soit, tout ceci dans le seul but d'atteindre son objectif... mais cet objectif, quel est-il exactement ?
Des éléments de réponse commencent à se dessiner au fil de ce deuxième pavée de plus de 300 pages qui, assurément, accentue constamment la tension au vu du parfum de sang et de mort qui imprègne toujours plus les pages. Nombre de personnages, dont certains visages importants de Yasha que l'on retrouve avec intérêt des années plus tard, vont ici faire violemment les frais de Si Gui qui n'épargne personne, et face à cela Arisa comprend peu à peu que pour espérer l'arrêter elle devra elle-même se salir les mains. Autour d'elle, bien sûr, il y a un entourage qui est là pour l'accompagner dans sa quête, à commencer par l'esprit de Sei à qui elle reste connectée, son petit frère Shinji qui compte bien la protéger, ou encore le jeune Liè qui, par amour, semble bien décidé à se hisser à sa hauteur et à devenir plus fort, quitte pour cela à aussi prendre des décisions folles.
Si ces dynamiques relationnelles apportent déjà beaucoup au récit, elles ne semblent toutefois presque rien face aux liens principaux qu'Akimi Yoshida décortique au fil des pages. On pense bien sûr au rapport étrange de Sei et de celui qui l'a attaqué, Si Gui: deux êtres qui se ressemblent comme deux gouttes d'eaux physiquement, à ceci près que l'un n'a plus de corps, tandis que l'autre semble ne pas avoir d'âme. Mais c'est surtout, inévitablement, le lien particulier entre Arisa et Si Gui qui interpelle, de par la façon dont ils s'attirent en tant que seuls néo-humains de cette planète. Mais là où Arisa a eu la chance de grandir normalement dans une famille aimante et toujours là pour essayer de la protéger, en ayant donc noué des liens forts avec les humains "classiques", le cas de Si Gui est radicalement différent en expliquant sans doute sa solitude (du moins, avant de rencontrer Arisa, la seule qui semble avoir de l'importance pour lui), lui qui est un clone, un outil n'ayant jamais eu de réels parents ni de vraie famille ou de proches sincères. En filigranes, forcément, cela permet à Akimi Yoshida de poser un regard intéressant sur les dérives que peuvent entraîner le clonage et les désirs dangereux d'"améliorer" l'être humain.
Après un premier volume prenant mais qui laissait un peu trop craindre d'avoir un simple "Yasha bis", Le Sommeil d'Ève décolle et trouve sa propre voie au fil de ce deuxième opus riche et très intense, tant les thématiques chères à l'autrice, le parfum implacable de mort et la course-poursuite pour essayer de stopper le charismatique antagoniste prennent plus de substance.