Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 08 Octobre 2021
En ce début de mois d'octobre, un nouveau recueil paraît aux éditions Komikku: Esprits d'ailleurs, un ouvrage d'un peu moins de 160 pages nous permettant de découvrir pour la première fois en France la mangaka Maki Kouda, une autrice discrète mais active au Japon depuis la seconde moitié des années 2000, et officiant exclusivement dans le shôjo avec des récits doux, souvent teintés d'une petite pointe de surnaturel. Il s'agit de la publication la plus récente de la mangaka dans son pays d'origine, le livre y étant sorti en décembre 2020 sous le titre Neko Tsume Tsuki ga Noboru Koro (littéralement "Quand la lune de griffe de chat se lève", ce titre faisant référence à la 3e et plus longue histoire du recueil. Il regroupe trois histoires initialement prépubliées dans le magazine Comic Avarus des éditions Mag Garden, magazine où l'autrice a à ce jour publié toutes les oeuvres de sa carrière (en comptant les magazines dérivés de l'Avarus), et que l'on connaît aussi en France pour les séries Ken'en, Le Renard et le petit Tanuki et Alice au Royaume de Coeur entre autres.
La première histoire, "Un après-midi sans bruit", longue d'un peu moins de 50 pages, nous immisce auprès de Kotono Hatabe, une collégienne de 14 ans si discrète en classe qu'elle n'a aucun ami et qu'elle en est venue à être touchée par un mal bien étrange: régulièrement, de façon temporaire, elle devient réelle muette et transparente et n'entend plus aucun son, comme si elle était là sans y être. Elle a toujours été plus seule que jamais dans ces instants étranges... du moins, jusqu'à ce qu'elle rencontre Hirota, un adolescent qui souffre exactement du même mal que lui. Elle se met à passer du temps avec lui, noue un lien fort avec ce mystérieux garçon... mais une différence subsiste entre eux deux: quand ce mal qui la frappe cesse, elle redevient normale, mais le jeune garçon, lui, disparaît sous ses yeux. Qui est réellement Hirota ? La rencontre de la jeune fille avec ce garçon va-t-elle lui permettre d'avancer à nouveau dans la vie, elle qui est en permanence si effacée ?
La deuxième histoire, "Bianca", dure pile 40 pages, et nous invite à suivre, Sôta Nakajima, fraîchement diplôme d'une université, mais en proie à de sévères contrecoups dans sa vie actuelle, en étant refusé dans tous les entretiens d'embauche qu'il passe, et en ayant découvert que sa copine sortait avec un autre. Désormais seul et considéré comme un loser, le jeune homme se morfond... du moins, jusqu'à sa rencontre avec Akane lors d'une soirée, qui commence à lui faire miroiter les choses sous un autre angle, peut-être plus positif. D'autant plus que notre héros commence à se rendre compte qu'il ressent comme d'étonnants bienfaits dans le studio où il vit, comme si l'appartement lui-même le protégeait... Y aurait-il un rapport avec sa mère, disparue quand il était petit ?
Enfin, "Au clair de lune", la troisième et plus longue histoire du recueil avec ses 68 pages, nous fait suivre Rentarô, un homme qui ne semble pas très bien dans ses pompes en ce moment: non seulement il vient de démissionner de son travail, mais en plus sa relation avec sa compagne Mutsumi est actuellement tendue car il ne semble plus savoir où il en est. C'est alors que débarque chez cet homme Heihachirô, un chat caractériel un peu particulier puisqu'il a la capacité de parler avec Rentarô ! Ce félin a beau se comporter avec lui comme un maître hautain envers son domestique, Rentarô s'attache tout de même à lui, tout en se demandant d'où il peut venir. Et alors qu'il découvre d'où vient ce chat, notre héros comprendra une vérité moins joyeuse sur celui-ci... mais avant de disparaître, il n'est pas dit que Heihachirô ne changera pas la façon de voir les choses de Rentarô.
Sont donc au programme, trois histoires ayant des points communs assez prégnants: un Japon contemporain tel qu'on le connaît, une touche de surnaturel teintée de mystère au départ... et, surtout, des personnages principaux qui ont tous leurs blessures et qui, au contact de l'élément surnaturel survenant dans leur vie, vont apprendre à aller de nouveaux vers l'avant. Entre une collégienne, un étudiant entrant tout juste dans la vie adulte, et un adulte déjà installé dans la vie active, Maki Kouda prend soin de présenter trois âges différents, pour autant de tourments que tout un chacun peut connaître à un moment de sa vie. Et même si cela reste plutôt en surface, la mangaka brasse alors par mal de thèmes assez humains: la solitude, la difficulté d'exister en société, le rejet, la complexité de trouver sa place au travail, la rupture, la mort... Les récits sont un peu rapides et il y a comme un goût de trop peu (encore plus quand on sait qu'au départ, il devait y avoir une 4e histoire, mais que le coronavirus en a décidé autrement), mais concrètement Maki Kouda arrive à nous immiscer joliment dans chaque histoire, à nous faire ressentir en filigranes ses thématiques humaines distillées... et elle accompagne le tout avec une narration assez posée et avec un rendu visuel adéquat: même si les trames sont parfois simplistes, elles sont toujours claires pour faire ressortir la douceur d'un dessin plutôt fin.
Au final, on en aurait bien repris une petite dose, car ces trois histoires, sans être inoubliables, sont dans l'ensemble fort bien menée, portées par une certaine douceur, par des sujets humains assez justes, et par quelques belles envolées touchantes (à l'image de la chute de la dernière histoire, tout en subtilité et en apaisement pour évoquer la mort).
Concernant l'édition, Komikku livre une copie satisfaisante. Très proche de l'originale japonaise, la jaquette reste sobre et dégage d'emblée quelque chose d'assez doux. A l'intérieur, on a droit à une première page en couleurs, à un papier souple et sans transparence, à une impression honorable, à un lettrage assez propre, et à une traduction soignée de la part d'Aline Kukor.
La première histoire, "Un après-midi sans bruit", longue d'un peu moins de 50 pages, nous immisce auprès de Kotono Hatabe, une collégienne de 14 ans si discrète en classe qu'elle n'a aucun ami et qu'elle en est venue à être touchée par un mal bien étrange: régulièrement, de façon temporaire, elle devient réelle muette et transparente et n'entend plus aucun son, comme si elle était là sans y être. Elle a toujours été plus seule que jamais dans ces instants étranges... du moins, jusqu'à ce qu'elle rencontre Hirota, un adolescent qui souffre exactement du même mal que lui. Elle se met à passer du temps avec lui, noue un lien fort avec ce mystérieux garçon... mais une différence subsiste entre eux deux: quand ce mal qui la frappe cesse, elle redevient normale, mais le jeune garçon, lui, disparaît sous ses yeux. Qui est réellement Hirota ? La rencontre de la jeune fille avec ce garçon va-t-elle lui permettre d'avancer à nouveau dans la vie, elle qui est en permanence si effacée ?
La deuxième histoire, "Bianca", dure pile 40 pages, et nous invite à suivre, Sôta Nakajima, fraîchement diplôme d'une université, mais en proie à de sévères contrecoups dans sa vie actuelle, en étant refusé dans tous les entretiens d'embauche qu'il passe, et en ayant découvert que sa copine sortait avec un autre. Désormais seul et considéré comme un loser, le jeune homme se morfond... du moins, jusqu'à sa rencontre avec Akane lors d'une soirée, qui commence à lui faire miroiter les choses sous un autre angle, peut-être plus positif. D'autant plus que notre héros commence à se rendre compte qu'il ressent comme d'étonnants bienfaits dans le studio où il vit, comme si l'appartement lui-même le protégeait... Y aurait-il un rapport avec sa mère, disparue quand il était petit ?
Enfin, "Au clair de lune", la troisième et plus longue histoire du recueil avec ses 68 pages, nous fait suivre Rentarô, un homme qui ne semble pas très bien dans ses pompes en ce moment: non seulement il vient de démissionner de son travail, mais en plus sa relation avec sa compagne Mutsumi est actuellement tendue car il ne semble plus savoir où il en est. C'est alors que débarque chez cet homme Heihachirô, un chat caractériel un peu particulier puisqu'il a la capacité de parler avec Rentarô ! Ce félin a beau se comporter avec lui comme un maître hautain envers son domestique, Rentarô s'attache tout de même à lui, tout en se demandant d'où il peut venir. Et alors qu'il découvre d'où vient ce chat, notre héros comprendra une vérité moins joyeuse sur celui-ci... mais avant de disparaître, il n'est pas dit que Heihachirô ne changera pas la façon de voir les choses de Rentarô.
Sont donc au programme, trois histoires ayant des points communs assez prégnants: un Japon contemporain tel qu'on le connaît, une touche de surnaturel teintée de mystère au départ... et, surtout, des personnages principaux qui ont tous leurs blessures et qui, au contact de l'élément surnaturel survenant dans leur vie, vont apprendre à aller de nouveaux vers l'avant. Entre une collégienne, un étudiant entrant tout juste dans la vie adulte, et un adulte déjà installé dans la vie active, Maki Kouda prend soin de présenter trois âges différents, pour autant de tourments que tout un chacun peut connaître à un moment de sa vie. Et même si cela reste plutôt en surface, la mangaka brasse alors par mal de thèmes assez humains: la solitude, la difficulté d'exister en société, le rejet, la complexité de trouver sa place au travail, la rupture, la mort... Les récits sont un peu rapides et il y a comme un goût de trop peu (encore plus quand on sait qu'au départ, il devait y avoir une 4e histoire, mais que le coronavirus en a décidé autrement), mais concrètement Maki Kouda arrive à nous immiscer joliment dans chaque histoire, à nous faire ressentir en filigranes ses thématiques humaines distillées... et elle accompagne le tout avec une narration assez posée et avec un rendu visuel adéquat: même si les trames sont parfois simplistes, elles sont toujours claires pour faire ressortir la douceur d'un dessin plutôt fin.
Au final, on en aurait bien repris une petite dose, car ces trois histoires, sans être inoubliables, sont dans l'ensemble fort bien menée, portées par une certaine douceur, par des sujets humains assez justes, et par quelques belles envolées touchantes (à l'image de la chute de la dernière histoire, tout en subtilité et en apaisement pour évoquer la mort).
Concernant l'édition, Komikku livre une copie satisfaisante. Très proche de l'originale japonaise, la jaquette reste sobre et dégage d'emblée quelque chose d'assez doux. A l'intérieur, on a droit à une première page en couleurs, à un papier souple et sans transparence, à une impression honorable, à un lettrage assez propre, et à une traduction soignée de la part d'Aline Kukor.
07/10/2021 
