Enfants du pommier (Les) Vol.1 - Actualité manga

Enfants du pommier (Les) Vol.1 : Critiques

Sennen Mannen Ringo no Ko

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 26 Septembre 2025

Après son oeuvre d'action-SF Le Roi des Limbes en 2023-2024 et son joli dernier titre en date La Cuisine du Tengu depuis quelques mois, la mangaka Ai Tanaka est à nouveau mise à l'honneur par Le Lézard Noir en ce mois de septembre avec l'arrivée en France de la toute première série de sa carrière: Les Enfants du Pommier. De son nom original "Sennen Mannen Ringo no Ko", cette oeuvre est achevée en trois volumes et a initialement été prépubliée au Japon entre 2011 et début 2014 dans le magazine Itan des éditions Kôdansha. Elle a permis à l'autrice de commencer au mieux sa carrière, en lui faisant remporter en 2012 le prix du nouvel auteur à la 16e édition du Japan Media Arts Festival.

Tout commence ici par un songe: celui que le personnage principal fait souvent sur sa propre enfance. Abandonné, un soir d'hiver 1948, alors qu'il venait juste de naître, Yukinojô a été recueilli par un bonze qui a bien pris soin de lui, si bien que quelques décennies plus tard, dans les années 1970, il est devenu un jeune homme bien propre sur lui, et doué dans ses études qu'il s'apprête à finir. C'est dans ce contexte que, lors d'une rencontre arrangée, il accepte d'épouser la dénommée Asahi, jeune femme de 28 ans qui semble un peu être son contraire: quand lui est plutôt passif et peu confiant en lui depuis toujours, en ayant l'impression que sa vie se résume à voguer seul sans destination précise, il découvre là un énergique et naturel petit bout de femme qui semble décidée à reprendre la pommeraie familiale dans un village près d'Aomori, tout au nord de l'île principale du Japon. pour lui qui souhaitait prendre son indépendance, il ne lui en faut pas plus pour le convaincre de suivre là-bas celle qui est désormais son épouse.

Dans un premier temps, les tout débuts de l'oeuvre séduisent par la manière dont Ai Tanaka immisce Yukinojô dans son nouveau cadre de vie. Un cadre où il pourra s'attacher toujours plus à son épouse, nouer des liens avec les nombreux membres de sa belle-famille, découvrir le travail dans la pommeraie qui est fait de nombreuses étapes au rythme des saisons (car il ne faudrait surtout pas croire que cultiver des pommes se limite à les cueillir l'automne)... et, tout simplement, profiter d'un cadre et d'un rythme de vie plutôt apaisants, chose que le trait assez clair et aéré de la mangaka fait suffisamment bien ressortir, grâce à sa documentation récupérée lors d'un voyage de repérage à Aomori.

Les choses auraient pu s'arrêter là, mais il fallait bien que ce petit cadre idéal bascule le jour où, en donnant à manger une pomme d'un certain arbre à Asahi alors fiévreuse et alitée, le jeune homme commet sans le savoir un acte terrible qui risque de bouleverser la vie de sa belle-famille voire du village entier. Bien sûr, afin de ne pas spoiler, on va éviter d'en dire beaucoup plus sur les conséquences de cet acte, et se contenter de souligner l'irruption du fantastique dans l'oeuvre, sur fond de croyances locales bien dosées. Pour Yukinojô qui semble plutôt d'un naturel pragmatique à la base, il faudra se rendre à l'évidence que quelque chose d'inquiétant est bel et bien en train de se concrétiser par petites touches, au rythme des indices qu'il peut observer, notamment en regardant son épouse. Mais là où les villageois paraissent étonnamment calmes, comme s'il n'y avait rien à faire, on sent bien Yukinojô incapable de se résigner à ce qui semble inéluctable: lui qui jusque-là se laisser un peu porter par la vie, seul et sans objectif précis, on le sent changer pour tenter, peut-être, de sauver ce en quoi il tient désormais.

Le seul détail faisant un petit peu tiquer dans tout ça réside en une interrogation: si ce fameux arbre est si particulier, pourquoi personne n'a tâché de prévenir Yukinojô d'emblée, histoire qu'aucune boulette ne soit faite ? Mais si l'on excepte ce détail, cet assez envoûtant début de série a largement de quoi capter l'attention et intriguer.

Du côté de l'édition française, mention spéciale à la chouette surprise bonus se trouvant au verso de la jaquette, ainsi qu'à la traduction de Laurent Lemercier qui est claire et naturelle, qui colle bien au caractère des personnages, et qui dose bien le parler des villageois pour faire ressortir sans exagération le côté "patois local". A part ça, la jaquette adapte soigneusement et sobrement l'originale japonaise, le papier est souple et agréable malgré une légère transparence, et l'impression faite en U.E. (on aurait quand même aimé savoir précisément où) est convaincante dans l'ensemble.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction