Enfants de la baleine (les) Vol.21 : Critiques

Le cataclysme fomenté par l'Empereur est en marche, et la Baleine de glaise est tombée entre les mains de l'Empire. Emprisonné à l'intérieur de celle-ci par son sosie, Chakuro remonte le fil de lointains souvenirs qui, petit à petit, expliquent bien des choses, que ce soit sur lui-même, sur son statut d'archiviste, sur le fait qu'il se réincarne encore et encore pour continuer de collecter les archives des hommes... et sur une guerre qui, à une certaine époque, a tout fait basculer entre les noûs et les hommes.

Nous laissions alors notre héros au beau milieu de ce conflit absurde. Sur le véritable drame que fut la mort de Fuyuna, jeune fille qui n'aspirait pourtant qu'à une vie paisible et heureuse. Sur le fait que cette tragédie fut un instant fatidique qui l'a plongé dans la tristesse et dans la haine et qui, par la même occasion, a fait naître une vision des choses nouvelle en Skia. Alors que Skia veut en apprendre toujours plus sur les archives de la vie de Chakuro et sur ce que sont les humains, et qu'il se retrouve soudainement avec les espoirs de son ami entre les mains pour essayer de bâtir un monde en paix, Abi Umeda enchaîne encore les révélations à un rythme soutenu, dans une cohérence totale, en expliquant soigneusement tout ce qu'il faut: la naissance du sosie de Chakuro, son identité réelle, la nature exacte qui lie les deux garçons, l'endormissement des noûs, le rôle initial de Kivotos, ce que représente aussi Phaleina pour l'Empereur... On en ressort aussi chamboulé que Chakuro, car la mangaka parvient à bien nuancer les choses en expliquant comme il se doit ce qui a amené l'Empereur à raisonner tel qu'il le fait. C'est d'autant plus cruel que les deux personnages furent profondément proches, et que l'Empereur agit tel qu'il le fait pour précisément accomplir les espoirs que l'archiviste a placés en lui il y a bien longtemps. Dans le fond, ils veulent tous les deux un monde empli de bonheur, mais ont une vision radicalement différente pour y parvenir. Alors, est-il possible de réfléchir ensemble à un monde sans guerre ni tristesse ? A force de répéter les mêmes choses de génération en génération, l'Empereur s'est fait-là dessus une idée stricte dont il ne semble plus pouvoir sortir. Mais tuer tout le monde pour les faire revivre sans leurs "imperfections", c'est-à-dire sans leurs émotions, est-il vraiment la meilleure solution ?

Tout en travaillant à merveille la confrontation verbale entre Chakuro et l'Empereur, Abi Umeda n'oublie aucunement ses autres personnages. Ici, Lycos, libérée par Kalamari qui souhaite lui faire voir un Orca mal en point, va devoir faire des choix, et va surtout démontrer une belle détermination pour rejoindre Chakuro. Là, Ohni, Suoh et les autres doivent se lancer à la poursuite d'un Shuan désormais dépourvu de volonté propre et d'émotion, dans l'espoir d'arrêter à temps le vaisseau, et c'est aussi l'occasion de voir qu'Ohni a bien évolué depuis les débuts de la série en considérant désormais bel et bien les autres comme ses précieux camarades. Ajoutons à cela deux retours inattendus dans ce climat déjà chaotique, et on obtient une dernière partie de volume où tout s'enchaîne dans une belle intensité dramatique, avec toujours des merveilles de designs tout du long, et en nous promettant encore un flot de rebondissements pour le 22e et avant-dernier volume...