Elle ne rentre pas, celle de mon mari Vol.3 - Manga

Elle ne rentre pas, celle de mon mari Vol.3 : Critiques

Otto no Chinpo ga Hairanai

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 31 Janvier 2022

Sachiko est au bout du rouleau: en plus de son cruel sentiment de culpabilité face à son incapacité à le faire avec son mari Shin (au point qu'elle ne parvient pas à lui reprocher d'aller voir des prostituées), la jeune femme est en perdition dans son travail d'institutrice, où elle a notamment le sentiment de ne pas parvenir à réduire la distance avec les enfants, et en particulier avec la petite Miyuki. Elle se pose alors une question: sa vie va-t-elle vraiment de l'avant ? Que ce soit sur le plan personnel dans sa vie de couple ou sur le plan professionnel, elle est à l'agonie, proche de la dépression, au point même d'avoir les pires idées noires en réfléchissant à mourir. C'est alors qu'elle décide d'extérioriser un peu sa souffrance, en se mettant à publier sur internet ce qu'elle ressent au jour le jour. Des publications qui, bientôt, attirent l'attention d'un homme, puis de deux, puis de plusieurs, qui aimeraient chacun la rencontrer pour une raison précise...

Ce tome, dans un premier temps, met alors notre héroïne face à un questionnement fondamental: n'y a-t-il qu'avec Shin que ça ne rentre pas, où est-ce le cas avec les autres hommes ? Le problème vient-il d'elle ou non ? A-t-elle vraiment raison de se considérer comme coupable, comme l'élément problématique ? Pour s'interroger là-dessus, la voici alors qui enchaîne les relations adultères temporaires, couchant avec quiconque veut d'elle avant de bloquer chacun de ses partenaires. Et tout comme il n'est pas question dans ce manga de juger Shin qui va voir des prostituées, il n'est pas non plus question ici de juger le côté immoral de ces relations purement sexuelles, mais bien de décortiquer les raisons ayant poussé la jeune femme à en arriver là: s'en sortir d'une certaine façon, se convaincre qu'elle n'a rien à se reprocher dans son incapacité à laisser son époux entrer en elle, s'entendre dire qu'elle n'a aucun problème et qu'elle n'est pas anormale. De même, il n'est pas question de juger les hommes qu'elle rencontre: on peut imaginer que certains s'inquiètent réellement pour elle, que d'autres ne sont que des raclures profitant de sa faiblesse psychologique pour profiter de son corps... Ce n'est pas las question ici. Simplement, sur un ton qui se veut assez direct mais sans être non plus trop voyeuriste afin de briser correctement le tabou, la mangaka Yukiko Gotô, toujours en se basant sur l'oeuvre d'origine de Kodama, s'applique avant tout à décortique en profondeur le mal-être de Sachiko.

Et ce mal-être, il se poursuit donc aussi, inévitablement, sur le plan professionnel. Le manque de confiance de notre héroïne dans sa vie de couple se répercute directement dans son travail où elle ne parvient absolument plus à avoir confiance en elle. Elle a l'impression de ne pas pouvoir briser la glace avec ses élèves, peine à contrôler les crises de la petite Miyuki, ne parvient plus à s'imaginer encore institutrice à l'avenir... au point de prendre une décision radicale, qui est peut-être la meilleure pour lui permettre de se reconstruire, de repartir de l'avant... voire de réaliser qu'elle se trompait peut-être sur certains points. Ici, Shin la défend au téléphone face à une belle-mère qui descend de plus belle sa propre fille au lieu de la soutenir. Là, les gosses sont réellement tristes en apprenant la décision de leur institutrice, y compris une Miyuki qui n'était peut-être pas si "méchante" que ça et qui avait clairement ses propres problèmes.

Yukiko Gotô trouve toujours le ton juste pour remuer les choses tout en travaillant bien le fond de son propos, et emballe d'autant mieux le tout que son dessins reste soigné, en étant même porté, à nouveau, par quelques-uns de ces moments un petit peu plus poétiques qu'elle avait déjà montrés dans les deux premiers opus.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs