Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 23 Mars 2017
Au sein de l'école impudique, tout semble possible ! Entre les mauvaises farces et querelles entre élèves et enseignants, les garçons qui cherchent à mater les filles, les filles qui taquinent les garçons, et les profs eux-mêmes qui s'intéressent d'un peu trop très à leurs jeunes élèves, tout ce petit monde semble joyeusement déconnecté de la réalité et des bonnes moeurs, et les nombreux personnages imaginés par Gô Nagai vont encore nous le prouver pendant près de 450 pages.
En attendant le retour du professeur Marugoshi qui a fini en prison suite à sa séquestration du premier tome, Godzilla à barbe et d'autres enseignants organisent un petit séjour en bord de mer, qui semble d'abord idyllique avec l'hôtel idéalement situé, mais qui cache de nouveaux plans retors des enseignants pour tenter de mater leurs élèves... Et dès que Marugoshi est de retour, la situation ne peut que dégénérer encore plus ! Après avoir été humiliée par les enfants, l'heure de la vengeance des profs pourrait bien arriver sous l'égide du plus costaud d'entre eux... Que se passera--il quand le boss des élèves Yasohachi sera fait prisonnier et crucifié ?
Les autres idées ne manquent pas tout au long de ce deuxième pavé : un jeu de Nouvel An où les enseignants s'en prennent aux fillettes, un voyage censé se passer à Hawaï, mais qui part très vite en vrille, l'élaboration d'un "casino impudique" clandestin dont le clan de Jûbei va tenter de tirer parti, l'arrivée d'une enseignante féminine dans ce repaire de fous...
On note dans tout cela que Nagai propose régulièrement des idées plus longues, s'étalant sur plusieurs chapitres... ce qui, évidemment, est l'occasion pour lui d'aller plus loin dans certains délires. Certains moments paraissent un peu trop longs, tandis que d'autres se renouvellent constamment pour offrir une avalanche de gags et de rebondissements. En offrant des scènes comme la lutte des filles pour sauver Yasohachi et Ikidomari prisonniers, le mangaka part régulièrement dans des mélanges d'action et de comédie aux allures parodiques, tout à fait plaisants. Bien que bref, le passage avec la nouvelle enseignante est lui aussi plutôt sympathique, en nous montrant combien de temps une jeune femme normale peut tenir dans un cadre pareil (pas longtemps !).
Le principal plaisir de lecture vient du fait que Gô Nagai se moque d'absolument tout et fait fi de toute moralité ou normalité avec un sens de la dérision permanent, où tous ses personnages sont là pour l'humour, et où il joue de façon comique sur nombre de sujets pouvant paraître délicats aux yeux des plus prudes. En tête de ces sujets, il y a bien sûr l'obsession des profs pour leurs élèves féminines, et nombre d'autres comportements pas moraux pour un sou, mais on pourrait noter d'autres choses en filigranes comme la façon dont l'auteur reprend des symboles religieux (la crucifixion) dans un but dérisoire, ou l'idée du casino impudique (les casinos étaient interdits dans le pays à l'époque, et l'on été jusque fin 2016).
Notons qu'à l'instar du premier tome, la fin de ce deuxième gros volume se consacre à nouveau à une histoire annexe, qui continue de nous dévoiler le passe de Godzilla à barbe, de son entrée à l'école jusqu'au collège, en passant par sa première rencontre avec Marugoshi et par bien des épreuves à la fois douloureuses et délirantes. Quand on le voit se faire malmener ainsi, on ressent quand même une certaine empathie pour ce garçon inadapté.
Après deux beaux pavés et déjà plus de 850 pages, L'école impudique tient ses promesses, celles d'une comédie sans limites où tout est prétexte à humour et à coquinerie, dont on cerne avec intérêt la part choquante pour son époque, et qui dans son style old school a bien vieilli.