Drôle de Père (un) Vol.1 : Critiques

Usagi Doroppu

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 22 Octobre 2009

Alors qu’il se rend à l’enterrement de son grand-père, Daikichi, un salaryman d’une trentaine d’années, y découvre une fillette de 6 ans, Rin, livrée à elle-même dans cette pension familiale. Quelle ne sera pas sa surprise lorsqu’il découvrira que cet enfant est le fruit d’un adultère commis par son grand-père ! La mère ayant disparu, la famille de Daikichi doit prendre une décision quant à la garde de la demoiselle, mais devant le manque d’implication de ses proches, il décide de prendre sous son aile la petite Rin, en devenant son tuteur légal. Pour lui qui n’a jamais été à l’aise ni avec les femmes ni avec les enfants, c’est une nouvelle vie qui s’annonce, avec des bouleversements conséquents face à cette précieuse responsabilité !

Un drôle de père est la première série à succès de Yumi Unita, qui a publié ses premières histoires courtes dans le Young Animal (Berserk). A présent, elle est considérée comme l’une des plus grandes auteures de mangas pour femmes. En effet, même si ici on suit un héros masculin, ce manga est bien un josei ! Toutefois, par les thèmes universels qu’il aborde, comme la famille, les responsabilités des parents, les changements de mode de vie,… ce manga a une portée universelle et saura plaire à tous les publics ! On s’identifie d’ailleurs aux personnages sans grande difficultés, tant leurs caractères sont dépeints de manière naturelle et sincère. Daikichi n’est ni un héros glorieux ni un boulet fini, c’est simplement Mr Toutlemonde. Sa famille, c’est un peu la notre aussi, hormis bien sur les différences culturelles. Sur ce point, l’auteur décrit parfaitement les valeurs du Japon contemporain, avec d’un côté le quotidien du travailleur, mais également les traditions qui continuent d’être respectés.

Mais intéressons-nous d’avantage à ce drôle de père en lui-même. Daikichi a une vie sociale bien rangée, et est même plutôt bien vu dans son secteur d’activités. En revanche, sa vie sentimentale n’est pas forcément au beau fixe. Une certaine forme de timidité liée à un quotidien minuté ne laissant pas de part à l’improvisation. Rien ne le prédestinait alors à se lier d’affection pour Rin, et sa décision va changer beaucoup de choses. Par lui, on pourra comprendre les sacrifices qu’entraine la paternité, pourtant Daikichi sera prêt à tout pour elle. De son côté, Rin est tout aussi attachante. Confrontée très tôt à la mort, on peut craindre au départ que la fille se mure dans le silence, mais grâce à Daikichi, elle s’ouvre peu à peu. Très franche et très intelligente, elle lui apprend peut-être plus de choses que lui le ne le fait. Entre eux, la complicité est immédiate et risque de durer très longtemps ! Le reste de la famille, qui a le mauvais rôle, est également dépeint avec beaucoup de réalisme, à l’ensemble de la série. Une peinture très objective de la société nippone, qui n’émet pourtant aucune critique. Au lecteur de se forger sa propre opinion !

La seule chose qui peut servir de prétexte pour bouder cette fabuleuse série, c’est le prix au volume, mais qui se justifie immédiatement par son grand format et son impression ! Outre la présence d’une page couleur en début de tome, le papier est d’excellente qualité et la taille des pages permet de faire ressortir pleinement le trait aéré, voire minimaliste, de l’auteure. La traduction est excellente et permet de faire ressortir les divers niveaux de langage, en fonction des interlocuteurs. Enfin, un lexique vient référencer les quelques subtilités culturelles, sans noyer le lecteur pour autant.

Pour résumer, un drôle de père est une série magnifique par sa simplicité et sa sincérité. Le duo père/fille se révèle inattendu et très attachant, sans jouer d’un pathos ou d’une mièvrerie inadaptée. La série se fait également l’écho de la difficulté des responsabilités parentales dans un monde qui ne laisse que peu de place à l’improvisation. Si les dessins peuvent rebuter au début, la qualité de l’ouvrage permet d’apprendre à les apprécier, et au final le trait de l’auteure se révèle totalement dans l’esprit. Une œuvre magnifique, à lire, à relire, et à partager en famille !


Tianjun


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs