Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 03 Novembre 2023
Après être parvenu à extirper Kiio de sa cauchemardesque situation familiale, "papy", alias le Créateur, décide d'emmener le jeune garçon avec lui jusqu'à la grande ville de Lugdunum, où il a une importante réunion dans la boutique atelier de sa collègue Alya, où il faut faire le point sur le retour dans la cité d'une étrange et inquiétante maladie que tout le monde pensait disparue depuis longtemps. Pendant que cette réunion au sommet a lieu, le vieil homme espère bien que Kiio pourra se changer les idées dans la boutique-atelier d'Alya, où il a de quoi s'émerveiller face à la multitude d'objets ! Mais très vite, son émerveillement est troublé: quelqu'un le surveille, et ne semble pas avoir d'intentions amicales à son égard...
La première partie de ce deuxième tome se divise alors, en quelque sorte, autour de deux axes. D'un côté, Kiio se retrouve rapidement aux prises avec Swaan, l'apprenti d'Alya, qui ne voit pas du tout d'un bon oeil l'irruption de notre héros dans l'atelier de sa maîtresse adorée, donnant ainsi lieu à une sorte de duel qui est, dans le fond, très vain au niveau de ses enjeux, mais qui finit par amener quelques données assez intéressantes sur ce nouveau personnage qu'est Swaan et sur certaines capacités que semble renfermer Kiio. De l'autre côté, le Créateur, Alya et leurs compère se questionnent sur le retour de la maladie des bosses et sur ce que cela pourrait signifier, autour de la possible réapparition d'un certain ennemi autrefois vaincu par Sainte Marie lors de la fameuse Bataille des Lumières, le tout entraînant alors certaines informations supplémentaires sur le passé autour de ce conflit, sur l'ennemi Yersinia, et sur différentes petites choses comme les différences entre miasmes (des toxines) et phantasmas (qui se développent dans la psyché d'un individu) ou encore la forte possibilité que les mahrs de type ephialte existent.
Vous ne comprenez pas tout dans ce qui vient d'être dit ? Eh bien, ce ne serait pas étonnant, car c'est là que le récit tend à pécher un peu: plus d'une fois, il y a de quoi se sentir un peu largué à la lecture, car il faut bien avouer que l'univers, alors que l'on sent pourtant qu'il est bien pensé, reste un peu brouillon dans son exposition. Un bon exemple de cet état de fait est à chercher dès le premier quart du tome, qui nous éloigne de Kiio et des autres pour nous plonger dans une sorte de flashback dont on peine à saisir pleinement les tenants et aboutissants autour du commencement de la Bataille des Lumières et du conflit entre Yersinia et Sainte Marie. Sans compter différents termes dont on ne comprend pas toujours tout au fil des pages, car ils n'ont pas été installés de façon suffisamment prégnante.
Bref, parfois, il y a franchement de quoi être un peu paumés à la lecture, d'autant plus que l'histoire ne donne pas l'impression de progresser spécialement... et pourtant, il y a toujours des choses qui nous accrochent dans DreaMaker. Même si son rendu graphique reste parfois brouillon, Zilo a à coeur de proposer une certaine générosité visuelle, avec un paquet d'idées en termes de découpages de cases sortant beaucoup de l'ordinaire et de designs assez inventifs. On notera aussi des petits clins d'oeil divers et variés par-ci par-là (à Astérix, à Johnny Hallyday, ou encore à un mème bien connu), même si ceux-ci sont parfois lâchés aléatoirement, sans que ça se justifie spécialement. Et puis la dernière partie du tome jouit d'un certain souffle, que ce soit autour de "retrouvailles" terrifiantes avec la famille de Kiio ou de ce qu'est Vivi (le petit animal qu'avait recueilli notre jeune héros), jusqu'à même nous laisser sur un certain suspense plutôt efficace.
A l'arrivée, il y a autant de bonnes choses que de maladresses dans ce deuxième tome de DreaMaker. L'univers nous interpelle toujours grâce à ses possibles richesses et à un fond que l'on sent bien réfléchi, et il y a un bon paquet de petites originalités graphiques, mais il faudrait que Zilo parvienne à mieux ordonner ses idées, afin d'exposer son univers avec moins de confusion.