Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 25 Décembre 2012
Vainqueur de plusieurs prix en Corée dont celui du meilleur manhwa 2004, Dokebi Bride est l'oeuvre de Marley, une manhwaga peu prolifique et arrivée dans le milieu du manhwa sur le tard, mais qui ne manque pas de qualités qu'elle montre pleinement dans cette oeuvre folklorique dont le tome 1 est sorti en France aux éditions Drakosia avant d'être malheureusement stoppée.
Dokebi Bride, c'est l'histoire de Seon-Bi, jeune fille qui, après la mort de sa mère, a été confiée par son père à sa grand-mère, en pleine campagne coréenne. Seon-Bi y a grandi, et a vu arriver en elle un étrange pouvoir que détenait déjà sa mère : celui de voir les esprits...
La série nous conte le voyage spirituel de Seon-Bi, qui doit désormais apprendre à vivre avec son pouvoir de chamane. Et chaque étape de son évolution voit ressurgir en face d'elle des fantômes de son passé et des secrets de sa famille. Au fil des rencontres folkloriques qu'elle fait et de la découverte de son pouvoir, la jeune fille voit surgir le secret entourant la mort de sa mère, les représailles envers un père toujours en voyage et qui ne s'est jamais vraiment occupé d'elle, le passé admirable de sa grand-mère qui a voué sa vie à protéger son village...
On découvre réellement une famille fascinante et riche de mystères, chaque révélation trouvant son point de départ ou un écho dans les esprits rencontrés. Et c'est bien là la qualité première du récit : créer une véritable osmose entre la famille de l'héroïne et les créatures qui l'entourent. Un peu à la manière de Yuki Urushibara sur Mushishi, Marley crée un lien puissant entre le perceptible et l'imperceptible pour faire ressortir une harmonie qui se dessine comme un portrait poétique, calme, beau ou cruel de ce qui fait le folklore profond de son pays.
Pour cela, l'auteure s'appuie sur un coup de crayon très inégal au niveau des visages, mais largement compensé par le design abouti et très détaillé des créatures. Certaines pages sont tout simplement bluffantes, même si elles sont encore rares dans ce premier volume qui constitue la toute première publication de son auteure. Le manque d'expérience de Marley se ressent d'ailleurs aussi et surtout dans la narration, parfois un peu trop dispersée ou confuse. Mais rien n'entache de manière trop prononcée le pouvoir d'attraction de l'ensemble.
Au final, on ne peut que regretter qu'une oeuvre telle que Dokebi Bride, aussi unique dans le paysage du manhwa, se soit si rapidement arrêtée en France. Assez inégal à cause du manque d'expérience de son auteure, ce premier tome dégage pourtant quelque chose de fort, que l'on aurait aimé voir approfondi dans les volumes suivants.