Dix-huit et Vingt ans Vol.1 - Actualité manga

Dix-huit et Vingt ans Vol.1 : Critiques

Nineteen Twenty One

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 02 Octobre 2012

« On dit que les chats errants sont voleurs. Avant, je le croyais. Mais plus maintenant. »

Yuni et Dong-Hwi ont une passion en commun : les chats. La jeune fille solitaire et le jeune homme qui souhaite profiter des derniers instants de son enfance se rencontrent par hasard : tous deux nourrissent les mêmes chats errants.

Plusieurs points intéressants sont abordés au cours de ce premier volume. La question des chats errants est bien entendu centrale. Chacun se rend compte de leur situation, de leur vie au quotidien, et veut faire en sorte d'améliorer ces conditions déplorables. Mais les choses ne sont pas si simples qu'elles paraissent au premier abord. Les personnalités de chacun se confrontent à la réalité et font fasse à des injustices, ou tout simplement, à des avis partagés auxquels chacun est libre d'adhérer. On assiste à une bataille entre le monde des enfants et celui des adultes. Les uns passent leurs journées sous un soleil bienveillant, pendant que les autres se laissent accabler par une tempête de problèmes, qui les rendent aigris et bien souvent, incompréhensifs et peu patients. La frontière entre l'enfance et l'âge adulte est mince... si fine que beaucoup s'y perdent. Certaines personnes, d'un certain âge, font alors partie du camp opposé, ayant gardé une âme d'enfant. D'autres correspondent parfaitement à ce que l'on attend d'eux, réussissant sans mal à garder les pieds sur terre. Passer son temps à nourrir des chats errants, on pourrait facilement l'accepter pour un enfant. Mais est-ce une occupation digne d'un adulte ?



Le personnage de Yuni est central. C'est au travers des yeux de la jeune fille que l'on découvre tout ce petit univers grouillant de vie et de bonnes intentions. La jeune fille est toujours seule, et depuis qu'elle a quitté son lit d'hôpital, elle profite de ses courtes pauses déjeuner pour aller rendre visite aux chats de son quartier et leur offrir du réconfort en boîte. Ce moment est un instant privilégié, pendant lequel la jeune fille propose son aide de façon tout à fait désintéressée, uniquement pour le plaisir de faire plaisir. Face à elle, Dong-Hwi fait son apparition. L'adolescent, assez étrange au premier abord, devient vite très attachant. Au départ, l'on ne sait pas réellement s'il nous agace ou non. Mais finalement, au bout de quelques pages tournées, sa personnalité, sa façon de réfléchir et ses réactions face à certaines choses peuvent très vite nous faire changer d'avis.

Dong-Hwi, tout comme Yuni, se pose mille et une questions sur lui-même. Lui est presque adulte, elle l'est bel et bien mais n'en a pas le sentiment. Ces deux personnages sont à l'image de beaucoup de personnes, qui se sont déjà posé la question, ou se la poseront sans doute un jour : suis-je réellement adulte à l'âge de la majorité ? Cette interrogation reste malheureusement sans réponse pour certains, parfois jusqu'à un âge avancé. Le fait est qu'ils n'ont plus le droit de tout prendre à la légère, de divaguer ou de flâner autant qu'ils se l'autorisaient étant plus jeunes. La société nous oblige, à chaque âge de notre vie, à chaque moment, à tenir un certain comportement, prédéfini et ancré dans des limites fixes. Toute déviance est mal perçue et a de grandes chances de se solder par un rejet de la part de cette même société. Yuni se considère maintenant trop âgée pour poursuivre ses études. Dong-Hwi, lui, est trop jeune pour être sérieux. C'est en toute conscience que l'adolescent profite de sa dernière année de liberté, car l'âge adulte lui imposera un grand nombre de choses à faire et à respecter, et il n'aura alors plus assez de temps pour lui. Dong-Hwi est un personnage agaçant dans un premier lieu, paradoxalement par sa bonne humeur et son envie de faire ce qui lui plaît. D'ailleurs, Yuni se surprend à être jalouse de lui. Mais au-delà de cela, il représente la jeunesse encore pure, qui ne semble pas être trop touchée par le monde des adultes pour croire en la bonté de chacun. Dong-Hwi est un garçon adorable, attachant, qui d'ailleurs devient très vite un ami proche de Yuni. Toujours enjoué, il montre une innocence peu tâchée encore par la dure réalité, mais qui prend toutefois peu à peu conscience que le quotidien n'est pas toujours rose.

Rencontrer Dong-Hwi est pour Yuni un bienfait, qui illumine littéralement ses journées. La jeune fille revit. Elle passe par tous les états d'esprits, réexpérimentant ainsi la vie et ses moments de bonheur, de tristesse et de colère. La bonté de Dong-Hwi donne espoir à la jeune fille, et même si elle a déjà quitté l'enfance, le passage à l'âge adulte semble mieux digéré aux côtés de l'adolescent. Malgré son plus jeune âge, ce dernier lui apprend beaucoup de choses. Yuni écoute beaucoup Dong-Hwi et a davantage tendance à prendre la place de l'élève au lieu de celle de l'adulte qui transmet ses préceptes. Les leçons de Dong-Hwi sont majoritairement composées de sentiments et de réflexions sur les autres, sur l'homme et les animaux. C'est en parti ce qui fait de ce premier volume un bijou à portée de tous.



Certains le diront, et ils n'auront pas tort : dans Dix-huit et vingt ans, il ne se passe pas grand-chose ! Soit, il est vrai que l'action, entre des chats errants et un garçon et une fille qui se posent beaucoup de questions et passent leur pose déjeuner à nourrir des animaux, n'a pas l'air très bouleversante. Eh bien, c'est page après page que Johan et Zhena nous prouvent qu'une simple histoire avec des chats des rues et un couple à l'aube des sentiments, est intéressante, touchante, et vaut la peine qu'on s'y attarde au moins le temps de la lecture. Le texte est très simple et peu fourni. Mais les dessins de Zhena, aérés, aux couleurs pastelles, insistant sur la simplicité de la vie mise en scène, sont amplement suffisants. En plus des dialogues, ils nous permettent de construire tout ce petit univers si fragile que Yuni et Dong-Hwi se sont construit. Enfin, c'est grâce à une mise en page éclatée, mais aussi, à un format qui s'y porte, que la lecture est on ne peut plus agréable dès les premières pages, et c'est très vite que l'on se sent happé par cette histoire de chats, jusqu'à ne plus s'en détacher avant la dernière page.


lovehina


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
LoveHina
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs