Devilman Vol.4 - Actualité manga
Devilman Vol.4 - Manga

Devilman Vol.4 : Critiques

Devilman

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 17 Juin 2015

Après un premier chapitre bénéficiant de nouvelles pages couleur sympathiques, offrant un bref combat contre un démon et confirmant la relation entre Akira et Miki, l'heure est venue pour Gô Nagai d'accélérer le rythme et d'intensifier le chaos ambiant avec un événement s'ouvrant sur une page s'adressant directement au lecteur, comme pour mieux l'inclure dans l'apocalypse qui s'apprête à avoir lieu : soudainement, un peu partout dans le monde, des humains commencent à perdre pied et à se transformer en des créatures difformes et effrayantes. Certaines s'effondrent, mortes, tandis que d'autres survivent et commencent à semer le chaos en massacrant quiconque se trouve sur leur chemin : sous l'égide du roi des démons Zénon lui-même aux ordres du roi Satan, les démons se mettent à fusionner avec n'importe quel humain, y compris ceux qui ont encore leur raison. Quitte à en mourir, ils sont désormais sur l'offensive, prêts à éradiquer l'espèce humaine. Leur existence est désormais connue de tous, et c'est une véritable plongée en enfer que nous offre Gô Nagai dans un tome ne laissant absolument aucun répit.

Hommes, femmes, enfants et même bébés : absolument tout le monde y passe dans un amas de violence parfaitement rendu par le mangaka, qui offre un rendu visuel complètement fou pour son époque, porté par une mise en scène bluffante où les petites cases au rythme frénétique succèdent aux plans larges croquant un chaos global. L'auteur offre de vrais coups d'éclat, qui dégagent parfaitement toute l'ambiance sombre et violente ainsi que les sentiments naissant chez les personnages, à commencer par la furie qui naît en Akira/Devilman aux pages 192-193.

Ce climat totalement apocalyptique sert parfaitement le propos profondément pessimiste de l'auteur sur l'espèce humaine.
Pendant qu'Akira espère pouvoir monter une armée de Devilmen pour s'opposer aux démons, il doit d'abord s'opposer aux idées d'un Ryô qui semble avoir beaucoup changé et qui pense qu'il vaut mieux observer les choses pour l'instant, quitte à ce que de nombreux humains périssent. Notre héros peut-il encore sur son ami ? Que cache Ryô ?
Mais en attendant de voir ce que Ryô réserve, c'est surtout un autre élément que Nagai met en avant : la peur, la pire des faiblesses humaines, qui commence à s'emparer de tout le monde. La psychose collective arrive, au point qu'une chasse aux démons finit par se mettre en place et, telle la chasse aux sorcières du Moyen-Âge, menace encore plus l'humanité. Quant aux armes humaines, qu'il s'agisse des armes à feu, des avions ou de l'arme nucléaire, serviront-elles seulement à quelque chose ? Ne risquent-elle spas de se retourner contre l'humanité ?

Bien au-delà d'une simple guerre entre humains et démons, Gô Nagai croque ce qu'il peut y avoir de pire en l'être humain. La peur, la folie et la bêtise proprement humaines sont étalées avec une violence et une force inouïes. Les humains sont-ils réellement les maîtres sur Terre ? La réponse arrive au fil du tome, encore renforcée par les informations sur la composition des démons, métaphore d'une révolte de l'ensemble des êtres vivants de la planète contre l'humanité. De même, on se régale devant les nouvelles interprétations à connotation religieuses de l'auteur, qui revisite ici l'Apocalypse de Saint Jean.

C'est une humanité qui court d'elle-même à sa perte que Nagai, profondément pessimiste et violent, dépeint avec force, non sans nous secouer et sans nous pousser à nous questionner sur notre existence. Incroyablement sombre et visionnaire, la série confirme son statut d'oeuvre culte, et on devine largement que les choses ne pourront que mal finir.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs