Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 13 Juin 2022
Label jeunesse de Pika Edition, nobi nobi! apprécie, de temps à autre, de sortir de courts shônen d'aventure qui se révèlent généralement être de bonnes pioches. On se souvient notamment, en 2019, de l'excellent Astra - Lost in Space de Kenta Shinohara, ou encore, en février 2021, du one-shot Sahara le Samouraï aux fleurs qui était impeccablement campé d'un bout à l'autre. C'est un peu dans la veine de ce dernier titre que vient s'inscrire Desert 9, une série bouclée en 4 volumes, que l'éditeur a lancée en France en tout début d'année.
De son nom original Dai-9 Sabaku, cette oeuvre a été prépubliée au Japon en 2020-2021 dans le magazine mensuel Jump SQ des éditions Shûeisha, magazine qui a notamment vu passer ou voit encore passer les séries Blue Exorcist, Moriarty et Letter Bee. Il s'agit de la première (et à ce jour unique) oeuvre professionnelle d'un mangaka nommé Kei Deguchi.
Desert 9 nous plonge dans un futur lointain (ou sur une autre planète, le débat est ouvert), au 31e siècle. Voici un millénaire que le monde a subi et violente désertification, condamnant les humains à devoir vivre dans les 8 déserts existants. La seule possibilité pour eux de récupérer de l'eau est de combattre les hydra, créatures qui sont littéralement de l'eau vivante, sortes de relique détraquées des temps anciens qui gèlent en mourant, et qui sont nées il y a un 1000 ans suite à la désertification du monde. La seule solution pour survivre est de coexister avec ces reliques, mais les hydra s'avèrent être des monstres puissants qui n'hésitent pas à attaquer les humains ! Alors, seuls les chasseurs d'eau sont autorisés à se rendre là où se trouvent des Hydra afin de les chasser, tant ces monstres sont trop redoutables pour le commun des mortels.
Le jeune Mao est l'un de ces chasseurs, et exerce sa mission avec talent aux alentour de sa ville de Vitruvuius, dite la ville de l'arbre géant, au sein du premier désert. Voici plusieurs années qu'il a appris à se débrouiller quasiment seul puisque son père, un aventurier faisant figure d'électron libre et parfois considéré comme un allumé, n'est jamais revenu de l'une de ses folles explorations. Les légendes sur les Hydra peuplant les huit déserts du monde sont effectivement nombreuses, et parmi elles se trouve celle parlant d'un mythique 9e désert que personne n'a jamais atteint ou dont personne n'est jamais revenu. Et comme vous vous en doutez, c'est ce fameux désert légendaire que le papa de notre héros a voulu atteindre...
Les choses auraient pu s'arrêter là, et Mao aurait simplement pu poursuivre son travail en continuant d'espérer voir son père revenir un jour. Mais lors d'une chasse, le jeune garçon trouve une étrange relique aux pouvoirs extraordinaires et le mettant sur la piste de son père, du mythique désert n°9 et de Diamante, le Roi des Hydra qui s'y trouverait. Aventureux, Mao décide alors de partir sillonner le monde pour suivre les traces de son père...
Un monde lointain bourré de dangers, un jeune garçon courageux et ayant soif de retrouver son père, un monde original à découvrir et à explorer, différents dangers à affronter: il n'y a aucun doute possible, Desert 9 possède quasiment tous les critères classiques du petit récit d'aventure qui a de quoi divertir et emballer, et ça ne manque pas ! Kei Deguchi pose en effet efficacement les choses, même s'il va parfois vite dans les péripéties afin d'être sûr de ne rien perdre en rythme. Et le résultat est là globalement: on n'a pas le temps de s'ennuyer, car les choses s'enchaînent correctement et voient l'auteur continuer d'enrichir petit à petit son histoire. On appréciera donc (même si c'est parfois trop brièvement) de découvrir en même temps que Mao d'autres contrées (comme Littrow, la ville aux encens), de le voir se frotter à différents types d'épreuves (certains hydra forcément, mais aussi des obstacles comme la barrière de nuages), de le laisser nous apporter quelques explications sur les hydra (leur fonctionnement, la manière de les vaincre vu qu'ils sont composés d'eau...), de le suivre alors qu'il met en pratique les connaissances que lui a inculquées autrefois son père avant de disparaître (par exemple, l'orientation la nuit grâce aux étoiles)... sans oublier l'arrivée rapidement, à ses côtés, d'une première et indispensable compagne d'aventure en la personne de Canaria, jeune fille à la fois amusante et pétillante par certains aspects, et mystérieuse par d'autres (notamment son pouvoir).
Visuellement, à défaut de démontrer beaucoup de personnalité, le dessin de l'auteur se veut assez séduisant. la principale limite vient des petits combats pas toujours très clairs, mais en revanche il y aura de quoi apprécier certains décors et designs de créatures assez travaillés, ainsi que les designs assez ronds, expressifs et entraînants des principaux personnages humains.
En somme, ce premier volume défile parfois un peu trop vite, mais il y a de quoi se laisser happer par une petite aventure sans grosse prétention (on y retrouve les principaux traits du shônen d'aventure), dotée d'un univers qui lui est propre (mais dont on aimerait pouvoir profiter un peu plus longuement parfois), de personnages principaux bien vivants et d'une quête bien définie.
Et pour accompagner le tout, nobi nobi! propose une édition tout à fait satisfaisante avec un papier alliant souplesse épaisseur, une bonne qualité d'impression, six premières pages en couleurs sur papier glacé, une traduction limpide d'Anne-Sophie Thévenon qui n'a aucune difficulté à faire ressortir la vivacité du récit, une adaptation graphique soignée du Studio Charon, et une jaquette restant proche de l'originale japonaise. Enfin, n'oubliez pas de retirez la jaquette, pour découvrir sur la couverture quelques éléments supplémentaires concernant l'univers de la série !