Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 12 Avril 2010
Peu de temps avant sa mort, le frère de Teru lui confie un téléphone portable qui la relie à Daisy, un inconnu qui la soutiendra et veillera sur elle. Car Teru n'aura plus de famille, et encore lycéenne sa vie pourrait devenir bien difficile sans ce lien virtuel. Voilà en gros le pitch de ce shôjo qui ne paie pas de mine mais qui se révèle être une excellente surprise. Et pour ceux qui comme moi n'aime pas le travail fait à moitié, sachez qu'on pourrait traduire le titre par Electric Daisy. Je trouve que c'est déjà plus parlant.
Une fois n'est pas coutume, ce shôjo est l'œuvre d'un homme, Kyousuké Motomi. Si les femmes comme Aki Shimizu, Rumiko Takahashi ou Hiromu Arakawa ont déjà prouvé tout leur talent dans le genre qui semble réservé au sexe opposé, c'est moins vrai pour les hommes et le shôjo. Car en France, à part Mitsuru Adachi, les représentants masculins dans le genre sont rares. Mais comme Arakawa ou Takahashi, Motomi nous propose une perle du shôjo, un véritable vent de fraicheur et d'originalité dans un genre où les titres commencent à trop se ressembler.
Le dessin est très proche de la tendance actuelle des shôjo : Motomi utilise les codes du genre avec justesse. La lecture est agréable grâce à une mise en page dynamique et claire.
Mais le principal atout du titre, derrière son sujet qui fait la part belle à notre époque et à ses « relations virtuelles », c'est les deux personnages principaux.
Teru, jeune lycéenne orpheline, ne se laisse pas faire par ses camarades qui la malmène, loin des clichés. Elle ne montre rien de ses faiblesses mais profite du moindre instant pour se confier à Daisy, son soutien virtuel qu'elle n'a jamais vu. Elle va rencontrer Kurosaki, le gardien de son lycée aux faux-airs de racaille. Le jeune homme passe son temps à la taquiner, quitte à s'en faire détester. Mais bien vite on découvre que ce goujat est en fait Daisy. Pour des raisons qui lui sont propres, il cache son identité à Teru, devenant quelqu'un d'autre à son contact. Mais malgré tout, le temps qu'il passe près de la jeune fille trahi peu à peu les sentiments qu'il nourrit pour elle depuis qu'il lui parle par l'intermédiaire d'un écran et d'un clavier. Les liens se tissent petit à petit entre ces deux là, malgré les différences, avec une Teru qui continue de croire Daisy si loin alors qu'il est si près.
Charismatique, attachant, touchant, le couple qui se forme au fil des pages, tout en subtilité, captive à tel point qu'on se retrouve vite à la fin du titre sans s'en rendre compte.
Le tome s'achève sur une révélation tragique déjà vue mais, vu le talent de l'auteur pour ce premier tome, cela pourrait s'avérer très intéressant. Bref, on en redemande. Kyaaaaaaaaaah ! ... Euh, non rien...
Avec Dengeki Daisy, les hommes prouvent qu'ils savent faire du shôjo et de fort belle manière. Drôle, émouvant, plus profond qu'il n'y paraît, le titre étonne et passionne autant qu'il touche le lecteur. Un titre plein de fraicheur comme on en voyait plus depuis longtemps dans les shôjo édités en France. Vivement la suite.