Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 12 Juillet 2011
Après la bonne surprise de Josh (ainsi que de son édition limitée avec cartes postales inédites offertes), Dimitri Lam nous revient, pour notre plus grand plaisir, avec un style des plus différents. Loin, très loin de l’univers un peu mélancolique, tranche de vie et très touchant de Josh malgré ses airs débonnaires et nonchalant, on tombe avec Delirium dans ... un délire total. Pearce Stickles est une jeune adulte de même pas vingt ans qui, suite à un pari stupide avec des amies qui la croient incapable de trouver un copain en moins d’une semaine, s’aventure dans un endroit des plus étranges pour tenter de les contredire. Rien de plus logique en effet que d’aller chercher un beau gosse en plein milieu de la forêt aux spectres de Pandemonium, un endroit particulièrement effrayant et peu avenant. Elle y rencontre des monstres, fantômes et autres ... choses plus ou moins perverses, dangereuses, ridicules. Au choix, on y trouve de tout. Mais son célibat qui dure depuis bien trop longtemps lui aurait apparemment légèrement grillé le cerveau et la donzelle se traine avec elle un caractère bien trempé, un peu porté sur la chose et totalement en dehors des réalités et de la logique des situations. Mais dans son errance quelque peu mouvementée, Pearce croise un jeune brun au regard de braise dénommé Ash qui pourrait bien être le prince charmant tant recherché ... ou pas. Et ce n’est qu’avec le temps qu’on le saura, aussi laissons nous plonger dans la forêt de Pandemonium, au risque d’y laisser un morceau de raison. Ou deux.
Un point inévitable à dire ici : on rit beaucoup. C’était prévu au vu du titre de et de l’héroïne, mais il convient de le rappeler. Pearce est totalement folle mais rassemble quelques uns de nos défauts, jeunes filles en fleur à la recherche de l’homme parfait comme on cavalerait après un mythe. Ses impulsions sont imprévisibles, ses réactions totalement décalées, et on apprécie son humour toujours exagéré, poussé à bout du comique. Cela pourrait paraitre trop, mais au final il n’en est rien puisque l’on savoure avec intérêt cette volonté de trop en faire ... qui finalement tombe juste. Le récit part dans tous les sens au début du tome, et c’est ça qui est bon. Une multitude de personnages se précipite sur les pages, et on a hâte de tous les recroiser par la suite, notamment le coup de la vieille mégère qui recherche la beauté plus que tout, celle de la jeunesse. Pourtant, Dimitri ne se perd pas comme on en avait peur en milieu de tome. En effet, il justifie la présence de Pearce ainsi que son comportement, et le moment où sont expliquées presque plus sérieusement les raisons (farfelues) de sa présence ici est très agréable, indispensable à ce premier tome. On remarque rapidement que, bien plus qu’avec Josh, un nombre incroyable de pistes sont à découvrir et à développer et l’on a l’eau à la bouche, clairement, devant cette seconde œuvre à la volonté radicalement différente de la première. A noter pour les fans que l’on retrouve Josh dans Delirium 1 et que Pearce apparait à la fin de Josh 1 ... Un joli clin d’œil qui amuse et satisfait ceux qui apprécient les deux personnages ! Même si, concernant Pearce, on ne peut s’empêcher de la détester gentiment. Il faut dire que son caractère est insupportable à souhaits. Exactement ce qu’il lui fallait.
A la fois drôle et touchant dans les expressions de désespoir de Pearce, Delirium nous apporte un très bon moment de lecture. Seulement quelques remarques à faire : il y a certains passages où l’on ne comprend plus grand-chose du délire qui se présente à nous dès la première lecture, et quelques fautes de frappe qui gênent la lecture. Du côté des dessins, rien à redire pour Dimitri Lam ! Il nous prouve qu’en plus de dessiner le charme de beaux éphèbes séduisants, il n’est pas en reste sur la féminité (physique !) de Pearce, les expressions des personnages étant encore une fois très bien représentées. On notera aussi une utilisation très fréquente des chibi, bonne initiative pour un manga humoristique tel que Delirium. Toutefois, malgré quelques inégalités dans le trait, les graphismes sont accessibles et si l’on est loin de la finesse et de la perfection des mangaka aux dizaines d’années d’expérience, on apprécie ce trait rondouillard et musclé, dans des proportions plus réalistes qui nous changent agréablement des mangas habituels. C’est un avis personnel à avoir tant le dessin est différent de nos habitudes, mais il s’en dégage un charme incroyable, une dynamique réelle et une véritable implication de l’auteur qui nous offre de très beaux plans à savourer avec plaisir ... On se satisfait de plus encore et toujours de la présence mascottes auxquelles s’attacher, et après Cointro c’est Mermo ou le chaton aux yeux remplis d’amour qui nous font chavirer.