De l'autre côté de l'horizon Vol.1 - Actualité manga
De l'autre côté de l'horizon Vol.1 - Manga

De l'autre côté de l'horizon Vol.1 : Critiques

Yasashii Hikari

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 17 Février 2021

Lancée il y a pile un an, la collection Moonlight des éditions Delcourt/Tonkam continue doucement mais sûrement de s'enrichir avec une première oeuvre pour 2021, De l'autre côté de l'horizon. De son nom original Yasashii Hikari (que l'on pourrait traduire littéralement par "Douce Lumière"), cette série bouclée en 3 volumes a été prépubliée au Japon en 2018-2019 dans le magazine Good! Afternoon des éditions Kôdansha, aux côtés de titres comme Magus of the Library ou Ajin. Il s'agit de la première publication française de la mangaka Hinata Nakamura... mais pas de sa première publication tout court, comme dit à tort dans la postface. En effet, cette jeune autrice, depuis ses débuts en 2015, a déjà participé à plusieurs anthologies collectives, et a publié dans son pays en 2016 le recueil d'histoires courtes Kokuhaku Biyori.

L'oeuvre nous immisce auprès d'Asuka Miyake, une jeune homme de 26 ans littéralement épuisé par le rythme de vie de Tokyo. Il avait pourtant fait beaucoup d'efforts pour intégrer l'entreprise où il travaille, et il y connaît même une certaine réussite. Et pourtant, le constat est sans appel: il n'est aucunement heureux. Il a certes une bonne situation, mais le travail et le rythme de vie urbain l'occupent tellement qu'il n'a ni le temps ni la force de profiter des loisirs qu'il aimerait avoir... Depuis combien de temps n'a-t-il pas pris de temps pour lui ? La situation devient si étouffante et épuisante pour lui qu'un beau jour, il s'écroule même de fatigue au travail à force de faire des heures supp' sur demande de son patron. Alors quand, en prenant un verre avec des amis, l'un d'eux lui dit qu'on recherche quelqu'un pour gérer un relais postal sur l'île de Tsukinowa, Miyake prend une décision radicale: il démissionne, pour aller refaire sa vie là-bas. Sur place, un tout nouveau cadre de vie l'attend. Un cadre loin du surménage, où on a le temps de vivre, et où le jeune homme risque bien de renaître tout en ayant l'occasion d'apprendre à connaître les habitants, et en particulier la famille qui l'héberge.

De l'autre côté de l'horizon se présente donc, en quelque sorte, comme le récit d'un retour aux sources pour un homme qui, comme sans doute beaucoup de monde, a besoin de fuir l'éreintante jungle urbaine et son stress pour réapprendre à vivre autour de choses essentielles: vivre un peu plus pour soi, prendre le temps, être plus en harmonie avec soi-même et avec ce qui l'entoure, avoir le temps de s'intéresser aux autres... et concrètement, c'est une chose que Hinata Nakamura retranscrit à merveille, autour sur le plan narratif que sur le plan visuel. La mangaka s'applique beaucoup à faire ressentir dans son récit les différences essentielles de ce nouveau cadre de vie où le temps semble s'écouler bien différemment qu'à Tokyo. Pour Miyake, finis les horaires intenables, les trains bondés... et il a même d'abord un mois pour se reposer avant l'ouverture du relais postal. Il gagne peut-être moins que dans son ancien job tokyoïte, mais il peut vivre. Il redécouvre des choses simples comme la cuisine faite maison, le fait d'avoir le temps de bien s'occuper de ses clients au guichet... ou, simplement, le souci de l'autre.

Car ici, le rapport à autrui est très présent, et est un facteur essentiel du renouveau de Miyake. S'occuper soigneusement et sans stress des clients est forcément un atout, mais il y a aussi l'aide apportée à un enfant perdu, le soin apporté à un oisillon, et l'accueil chaleureux que lui réserve la famille qui lui loue une chambre. Sur ce dernier point, on retiendra plus particulièrement la jeune fille s'affichant sur la jaquette: Hiyoko, en dernière année de lycée, et aidant à distribuer le courrier quand elle n'est pas en cours. En même temps que Miyake, on découvre une jeune fille très attachante... mais tout comme Miyake, on s'interroge forcément sur elle. Pourquoi vit-elle avec ses grands parents ? Où sont sa mère et son père ? Quelles perspectives d'avenir imagine-t-elle à l'heure où ses années lycéennes vont bientôt se finir ? Plusieurs éléments de réponse tombent dès ce premier tome, dévoilant notamment quelques difficultés familiales, le conflit avec un père souvent absent au risque de perdre de vue l'essentiel, les questions d'avenir quand on vit dans un cadre aussi provincial (à ce titre, Tsubame, l'amie de Hiyoko, est aussi intéressante par son désir de précisément aller poursuivre ses études dans la capitale que Miyake a fuie).

Au fil de la lecture, on ressent alors fort bien l'évolution de Miyake, sa découverte de ce nouveau cadre, et sa redécouverte de lui-même. Forcément, au début il s'interroge un peu: parti sur un coup de tête sans en parler à son entourage, a-t-il bien fait ? Mais il en vient vite à ne pas regretter son choix, et on sent vraiment bien son renouveau à travers son désir d'en apprendre plus sur autrui et en particulier sur Hiyoko, quand bien même il n'ose pas tout de suite en demander plus car il se considère encore comme un étranger.

Visuellement et narrativement, la copie de Nakamura est en parfaite adéquation avec son histoire. On découvre une narration assez calme, prenant le temps au rythme de la vie sur cette île. Quant aux dessins, au-delà de paysages soignés souvent basés sur des photos, on découvre quelque chose de très doux dans les designs, apportant une atmosphère assez particulière, teintée d'une mélancolie plutôt bénéfique.

Il s'agit alors d'un très bon démarrage pour cette tranche de vie, dans laquelle Hinata Nakamura, via un style soigné qui sait toucher où il faut, livre le début d'un changement de vie immersif et réussi, dont on attendra la suite avec beaucoup d'intérêt.

Cette chronique ayant été faite à partir d'une épreuve numérique fournie par l'éditeur, pas d'avis sur l'édition.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs