DanMachi – La Légende des Familias - Light Novel Vol.9 - Actualité manga

DanMachi – La Légende des Familias - Light Novel Vol.9 : Critiques

Dungeon ni Deai o Motomeru no wa Machigatte Iru Darou ka

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 13 Mai 2020

Tout commence quelque part dans le 19e niveau du Donjon, au coeur du Labyrinthe Sylvestre. Un nouveau monstre vient de naître des parois du Donjon... mais celui-ci semble étrangement différent. Car cet être, à la beauté fine et pure malgré sa peau et ses écailles, semble capable de réfléchir et de ressentir des choses. Ainsi, la créature se demande en premier lieu où elle est, et qui elle est... mais elle a à peine le temps de s'interroger que, déjà, elle se fait attaquer, blesser, risquant d'être tuée autant par les aventuriers que par les autres monstres à sa poursuite, en ne comprenant absolument pas pourquoi on lui en veut, pourquoi on s'en prend à elle. Se recroquevillant sur elle après une chute, elle tente maladroitement de se cacher, avec toute la fragilité du monde... jusqu'à ce qu'un jeune garçon passe devant elle. Petit, les cheveux blancs. Elle en a d'abord peur. Peur que, comme tous les autres, il se mette soudainement à vouloir lui faire du mal. Mais en percevant dans les yeux de cette vouivre des émotions telles que les monstres ne sont pas censés en avoir, puis en découvrant avec stupéfaction qu'elle semble capable d'assimiler et de parler le langage des humains, Bell Cranel ne peut aucunement se résoudre à la tuer. N'écoutant que son coeur, il en a la conviction: il doit la protéger. Même si cela signifie peut-être s'attirer les foudres de la Guilde et de la ville tout entière.

Brièvement préparé dans l'épilogue du tome précédent, le 9e volume du light novel DanMachi entame donc un nouvel, arc qui pourrait bien être, à ce jour, le plus ambitieux de la série: en effet, alors que jusqu'à présent le romancier Fujino Omori avait toujours fait en sorte de proposer dans chaque volume un nouvel arc complet, cette fois-ci les enjeux étaient trop grands pour qu'il puisse y parvenir. Cet arc se poursuivra donc dans le volume 10, devenant ainsi le plus long de la série.

Pourtant, on pourrait se dire que tout commence par une sorte de petite routine dans la série: après Haruhime ou Lili, encore une jolie jeune fille en détresse à sauver pour Bell... Oui, mais celle-ci n'est définitivement pas comme les autres, et sa nature distillera, tout au long du volume, nombre de nouveaux enjeux, de nouveaux thèmes, de nouvelles possibilités.

En premier lieu, Omori fait évidemment tout pour que l'on s'attache instantanément à Wyne, puisque c'est le nom que Bell donnera à la vouivre. En nous plongeant directement en celle-ci, en son incompréhension totale face à la méchanceté du monde, en sa fragilité, le prologue, de façon pourtant classique mais redoutablement efficace, nous fait d'emblée crever d'empathie pour cette créature, et pose impeccablement sa rencontre avec Bell comme un instant salvateur, à partir du quel le monstre nouveau-né ne voudra et ne pourra plus se séparer de lui. Nouveau-né, oui, car par la suite c'est ainsi que le romancier nous la présente. Wyne a tout à découvrir du monde, elle voit sans doute Bell comme un père à qui elle veut toujours être collée, elle apprend (certes rapidement, mais il y aura des explications cohérentes à ce sujet) à parler comme pourrait le faire une enfant, elle s'amuse de jeux enfantins, mais elle pleure aussi facilement et a besoin d'être protégée... Elle est un peu l'innocence même, et pourra également montrer une bonté pure, comme quand elle voudra protéger la vie d'un petit garçon-bête. Et face à elle, les diktats et préjugés bien ancrés d'Orario pourraient alors sonner comme autant d'injustices cruelles.

Ca on le sait déjà bien depuis maintenant plus de 8 volumes: entres les humains et semi-humains d'un côté et les monstres de l'autre, il y a une relation éternellement antagoniste. Les premiers doivent éliminer les deuxièmes, et les deuxièmes attaquent instinctivement les premiers. Un monstre doué d'émotions et d'esprit est tout bonnement impensable, cela ne peut exister, et tout Orario a toujours été conditionné pour penser ainsi. D'ailleurs, les premières réactions des compagnons de Bell quand il revient avec Wyne sont assez parlantes, quand bien même tous finiront vite par l'accepter, car ils voient bien qu'elle est différente, et que rien ne fera changer d'avis Bell. Tous finiront par s'attacher à elle, comme Haruhime qui veillera beaucoup sur elle en l'absence de Bell. Et le cas de Lili s'avérera particulièrement intéressant, dans la mesure où, les pieds sur terre, capable de faire la part des choses, elle sera quelque peu tiraillé entre l'attachement naturel pour cette adorable vouivre, et son désir de l'éloigner de sa Familia car elle sait très bien qu'un jour ou l'autre elle sera découverte et mettre alors en péril Bell, Hestia et ses autres compagnons.

L'un des enjeux est donc de cacher autant que possible la présence de Wyne... mais combien de temps cela pourra-t-il durer ? En effet, les dangers semblent omniprésents.
Tout d'abord parce que la nature même de Wyne, même si elle est inoffensive, en fait systématiquement et irrémédiablement une paria détestée par tous les habitants de la ville, chose qui amène forcément dans l'oeuvre de nouveaux thèmes forts: la coexistence entre humains/semi-humains et monstres, et la possibilité que tous les monstres ne soient pas dépourvus d'émotions. A partir de là, des humains/semi-humains et des monstres pourraient-ils s'affranchir de leurs préjugés et de leur haine pour vivre ensemble ? Il s'avère qu'un certaine divinité s'intéresse de très près au sujet...
Ensuite, parce que dans l'ombre, l'existence d'une telle créature n'est pas passée inaperçue, et que certains individus mal intentionnés aimeraient beaucoup profiter d'elle pour s'enrichir... Une nouvelle familia ennemie s'installe, pratiquant des activités douteuses à l'extérieur de la cité, et même si Hermès enquête sur elle ses membres ne semblent aucunement enclins à cesser leur horribles manigances...
Enfin, parce que protéger un monstre, cela signifie sans doute finir par s'attirer les foudres de l'instance la plus puissante d'Orario: la Guilde elle-même, qui fait vivre ses aventuriers, et qui sait tout...

Au fil des pages, Omori parvient alors à poser nombre d'enjeux qui rendent sa lecture toujours riche et intense, en plus de bien se renouveler au travers de nouveaux thèmes qui nous parlent beaucoup. Mais bien sûr, les mystères sont tout aussi nombreux et stimulants. Qu'est exactement Wyne ? Comment peut-elle parler ? Y en a-t-il d'autres comme elle ? Quels mystères liés à elle l'intérieur-même du Donjon cache-t-il ? Que recherche le dieu Ouranos ? Quels sont les intérêts de la Guilde dans tout ça ? Bell et les siens ont-ils la moindre possibilité de se sortir de cette situation qui semble dépourvue d'une possible issue heureuse ? Et l'une des forces du romancier, c'est de déjà répondre en grande partie à ces interrogations, tout en amenant encore derrière des informations supplémentaires. Entre autres choses, les plus hautes instances de la Guilde (son directeur, et son vrai dirigeant) se dévoilent, le Donjon nous fait découvrir l'un de ses plus surprenants secrets, et des révélations particulièrement fortes voire un peu déstabilisantes sont faites sur que que pourraient être réellement les monstres et sur ce qu'il deviennent quand ils sont tués. Quand on dit que ce tome est riche, on ne ment pas !

Et tout ceci reste portée par une déroulement on ne peut plus efficace. Bien sûr, Omori est toujours aussi claire dans son écriture que la traduction rend sans doute très bien, et il est toujours aussi appréciable de voir les changements de style entre narration externe et narration du point de vue de Bell, un aspect qui amène toujours une certaine variété empêchant la lassitude de s'installer. Mais on appréciera aussi les différentes faces, entre découverte de Wyne, moments de tranche de vie, montées de tension, petits côtés enquête/mystère, et moments d'action dans le Donjon avec, à la clé, quelques mouvements collectifs prenants ainsi que la découverte du tout à fait particulier Labyrinthe Sylvestre, avec ses nouveaux monstres typiques et dangereux.

Première partie de ce qui est à ce jour le plus long arc de la série, ce 9e volume montre à quel point le récit imaginé par Omori continue de prendre de l'ampleur. Tandis que l'exploration du Donjon reste prenante et jamais très linéaire, les thématiques et enjeux s'enrichissent encore, dans un univers restant riche en surprises et très bien pensé. DanMachi reste une lecture addictive, qui semble décidément vouée à toujours se bonifier.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction