Couteau et Piment Vert Vol.2 - Manga

Couteau et Piment Vert Vol.2 : Critiques

Nagatan to Aoto - Ichika no Ryourijou

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 28 Juin 2024

Après avoir accepté d'accueillir un banquet de 40 personnes devant réunir les épouses et enfants de militaires américains et japonais, la Maison Kuwanoki subit un énorme coup dur avec la défection de Togawa: le cuisinier en chef, incapable de supporter l'idée de servir à dîner à des étrangers et de devoir se plier aux ordres du jeune Amané, préfère démissionner et aller travailler ailleurs, en emmenant avec lui tous ceux qu'il a formés, si bien qu'il n'y a plus un seul cuisinier dans l'établissement. D'abord sous le choc, Ichika reprend toutefois de l'aplomb à partir du moment où Togawa ose dénigrer le ryôtei en le qualifiant de bateau en plein naufrage. Mais à présent, il va falloir réussir à gérer le banquet sans les anciens cuisiniers... mais est-ce seulement faisable ? Même si les membres du ryôtei trouvaient de nouveaux cuisiniers, pourraient-ils leur confier immédiatement une réservation de 40 personnes ? La situation, est d'autant plus critique qu'il est bientôt impossible d'annuler,car des journalistes sont prévus sur place pour un reportage. C'est alors qu'Amané, conscient des qualités de cuisinière d'Ichika et de son rêve, propose une idée folle: que celle-ci prenne les commandes des cuisines. Mais attention, il ne faudrait pas que cela se sache, car l'idée qu'une femme soit la cheffe-cuisinière d'un tel établissement est, encore à cette époque, quasiment inimaginable, et cela pourrait jeter l'opprobre sur la Maison Kuwanoki...

Ce fameux banquet est alors, fort logiquement, l'événement majeur de ce deuxième volume, et dans les faits il se révèle très intéressant à suivre pour différentes raisons: les différents plats en eux-mêmes qui ont de quoi faire saliver, la possibilité pour Ichika de démontrer ses talents tout en oeuvrant dans les cuisines qui l'on tant fait rêver depuis qu'elle est petite, son désir d'être à la hauteur notamment en n'oubliant pas l'héritage de son père disparu, l'aide apportée par Amané pour gérer certains aspects du banquet... sans oublier ce que représentent les convives, à savoir des épouses et enfants visant à des échanges plus positifs entre américains et japonais, à une époque où la guerre est encore récente et où il y a forcément encore des tensions entre les deux pays. Alors que lesdits échanges ne sont pas facilités par le manque d'interprètes, on appréciera alors beaucoup de voir comment, sous l'impulsion d'Amané et d'Ichika, les plats vont participer à l'ambiance et aux partages culturels.

Néanmoins, cette belle séquence n'est pas sans conséquences: sous une impulsion opaque d'Amané, voici Ichika mise face à une possibilité folle, celle d'enfin réaliser son rêve, ce qui impliquerait de faire d'autres choix importants (notamment vis-à-vis de son travail à l'hôtel, auprès de l'autoritaire chef qui lui a beaucoup appris), mais aussi d'affirmer un peu plus la possibilité qu'une femme soit chef. Et tout en restant intrigués par ces perspectives qui s'ouvrent, Yuki Isoya prend également soin de continuer à travailler ses autres éléments: la découverte du grand frère d'Amané, la confirmation que le patriarche-entrepreneur de la famille Yamaguchi veut mettre la main sur le ryôtei, le doute que cela jette toujours sur le but d'Amané... et, bien sûr, le lien qui continue de se construire entre ce dernier et Ichika. Tous deux ont effectivement mieux l'occasion d'échanger et de se confier sur certains points, comme le vrai fond d'Amané qui semble sincère dans sa démarche de redressement du restaurant, la façon dont il se voit comme un pantin en tant que petit dernier d'une famille d'entrepreneurs, les sentiments respectifs de ces deux-là pour quelqu'un d'autre qui est loin d'eux...

Tout ceci contribue à confirmer la réussite des débuts de cette série. Après deux tomes, Yuki Isoya gère décidément avec soin ses premières avancées et affirme son efficace équilibre entre les différents aspects de son oeuvre (côté historique, aspect culinaire, condition féminine de l'époque, aspect relationnel entre les deux personnages principaux)... Une bien jolie lecture, dont on attendra bel et bien la suite avec grand plaisir !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.25 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs