Contes fabuleux de la nuit - Actualité manga

Contes fabuleux de la nuit : Critiques

Oyasumi Mae ni Hitotsu Dake

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 08 Janvier 2025

Quelque part la nuit, dans une maison où l'obscurité est tout juste éclaircie par la lumière d'une bougie, une dame prend un livre de contes dans sa bibliothèque, et part voir sa petite-fille dans sa chambre pour l'aider à s'endormir en lui racontant une histoire. C'est de cette manière tout simple que démarre Contes fabuleux de la nuit, un recueil sorti dans la collection le Renard Doré des éditions Rue de Sèvres en juin de l'année dernière.

Sorti au Japon en mai 2021 aux éditions Kadokawa sous le titre "Oyasumi Mae ni Hitotsu Dake" (littéralement "Juste une chose avant d'aller au lit" ), cet ouvrage d'environ 200 pages, cet ouvrage fut le tout premier manga de Miyako Miiya, une artiste qui est aussi illustratrice et parfois animatrice et qui, par la suite, a lancé en 2023 la série "Hitsujikai no Kyoudai" dont on devrait prochainement entendre parler dans notre pays.

Comme vous pouvez vous y attendre, le concept de l'oeuvre est on ne peut plus simple: chaque chapitre équivaut à un nouveau petit conte que la grand-mère du début raconte sûrement à sa petite-fille, et au fil desquels Miyako Miiya reprend généralement des figures et gimmicks bien connus de ce genre d'histoire: un guerrier venant débarrasser un territoire des démons qui l'infestent, une sorcière à la voix maudite, une voyageuse s'avérant être un loup-garou prêt à dévorer sa proie, un "vilain petit canard" pas du tout comme les autres, un "elfe" transformé en phénomène de foire et voulant découvrir ce qu'il est, un liseron étonnant, un peintre fauché attirant l'attention d'une étrange cliente, un abominable oiseau géant vivant au fin fond d'une forêt et vénéré par les hommes du village voisin... et on en passe, puisque les histoires sont ici au nombre de quatorze.

Vous vous direz sans doute qu'avec quatorze histoires en environ 200 pages (un peu moins, en vrai), chaque récit doit être très court, et vous aurez totalement raison: très rares sont ceux dépassant les 15 pages, et certains ne durent même que 4 petites pages. Certaines de ces histoires restent alors purement du registre de l'anecdote où l'autrice n'a pas spécialement le temps de raconter quoi que ce soit... Mais pour les autres, Contes fabuleux de la nuit a de quoi séduire, grâce à la manière dont Miyako Miiya s'amuse généralement à détourner les figures et gimmicks typiques des contes traditionnels, de légendes voire de la mythologie pour leur offrir une saveur nouvelle. Le courageux chevalier ne mériterait-il pas de se reposer douillettement lui aussi ? La sorcière maudite est-elle vraiment mauvaise ? Le loup-garou ne pense-t-il réellement qu'à manger son hôte ?

Pour porter ces brefs moments, Miyako Miiya s'appuie à la fois sur une certaine variété de tons puisque les choses peuvent alterner entre douceur, amusement, fraîcheur, tristesse et bien d'autres émotions, et sur un dessin qui, s'il n'est pas toujours limpide, jouit d'une belle richesse personnelle, d'un vrai travail sur les designs parfois faussement naïfs et sur les décors plus ou moins merveilleux, et sur des découpages et cadrages pouvant parfois êtres assez déconstruits pour offrir de belles envolées graphiques. On appréciera également, entre les chapitres, les petits texte dont il est dit qu'ils proviennent de livres, de journaux, de conversations ou autres, comme pour offrir encore plus de substance aux contes.

Contes fabuleux de la nuit, malgré ses imperfections, se révèle alors être une jolie petite curiosité, portée par un style visuel intéressant qui ne demande qu'à s'affirmer, par un bel imaginaire et par une belle faculté à revisiter les codes des contes et autres histoires. Qui plus est, si l'on excepte quelques très légers moirages dans l'impression, l'édition est très jolie avec son grand format se prêtant assez bien à ce type d'oeuvre, sa jaquette très fidèle à l'originale nippone, son papier épais et peu transparent, et sa traduction très propre de la part de Cyril Coppini.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs