Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 24 Mars 2009
« Voir ces statues danser dans les flammes, devant mes yeux ... On aurait dit un conte de fées irréel. »
Encore une fois, Tonkam nous propose de redécouvrir Kaori Yuki à travers ses précédentes œuvres. Au nombre de quatre, ces nouvelles sont de nouveau organisées en une histoire éponyme un peu plus longue, et trois autres plus anciennes. Dans la première histoire, donc, Sheryl est l’héritière de la famille Allcott, dont le fils aîné cherche sa sœur. Conviée au château en compagnie de deux autres filles, Sheryl va peu à peu prendre conscience de sa présence ici, au fur et à mesure que ses compagnes disparaissent … Le suspense ne porte cependant pas sur l’identité de la jeune fille, puisqu’on la devine dès les premières pages. C’est en effet le personnage de Martin qui est le plus intéressant, quoique pas suffisamment développé par rapport à l’importance qu’il devrait avoir. C’est également le plus aboutit graphiquement, bref, le point central de cette histoire.
Le scénario de cette première nouvelle est toujours aussi convaincant. La reine du manga gothique fait, une fois encore, preuve de talent en utilisant les poupées comme symboles de la folie et de la violence. A chaque fois, dans les mangas de l’auteur, on s’attend à un revirement de situation mais on voit rarement d’où il vient. Ici c’est un peu plus facile, mais les indices sont tout de même rares, ce qui fait tout l’intérêt de cette histoire. La base de l’intrigue, il faut le dire, est bien trouvée. Néanmoins elle est menée un peu lourdement : le mystère s’épaissit parfois à outrance, rendant certains passages un peu longs malgré le nombre de pages restreints de la nouvelle. L’histoire qui suit, A l’instant où Tina vit le passé, est très classique avec l’image de l’héroïne un peu cruche, amoureuse, plongée dans un univers sombre et menacée par la trahison de quelqu’un d’à priori inoffensif … De plus, l’innovation est limitée puisque qu’elle prend pour base le même univers mystique que Le mage dans les coulisses, qui parle de possession et de vie antérieure … Ces deux là ne sont donc pas vraiment transcendantes, tant par l’histoire que l’ambiance qui s’en dégage. Objectivement, c’est du déjà vu. La dernière remonte un peu le sentiment de déception, puisqu’elle est plus vivante. Ainsi, c’est un garçon manqué, Luka, de son vrai nom Blanche (avec un nom pareil !), qui flirte d’avantage avec le danger puisque désireuse de s’en prendre à un politicien. On retrouve bien évidemment les bons vieux codes de Yuki, mais les cheveux courts de l’héroïne changent la donne, en redonnant un coup de fouet au manga.
« Nous sommes devenus frère et sœur, liés par notre sang. »
Le graphisme, en général, est meilleur dans la première histoire des one shots de Kaori Yuki. Et pourtant cette fois ci, même cette première nouvelle n’est pas remarquable, à la différence de Boy’s next door ou Kaïné. On voit bien l’ancienneté des traits, malgré les quelques traces de son style futur. Il manque l’impression admirative que l’on peut ressentir devant d’autres de ses œuvres … Le tout, un peu brouillon, déçoit. L’idée de base et la renommée de l’auteur méritaient mieux. Mais on en comprend la raison, et en dépit des regrets, les fans ne se plaindront pas de pouvoir suivre la mangaka dans les tréfonds de son œuvre. Niveau édition, Tonkam a suivi le mouvement de l’augmentation des prix, et c’est dommage. Toutefois, celui-ci reste correct pour une édition de qualité, surtout après le calvaire qu’on a pu avoir avec la première impression d’Angel Sanctuary … Et on ne peut que saluer leurs efforts pour faire sortir en France les nombreuses nouvelles de Kaori Yuki, qui permettent à ses fans de mieux comprendre l’univers de celle-ci.
De fait, toutes les nouvelles de Kaori Yuki diffèrent par l’histoire qu’elles racontent, mais se ressemblent comme deux gouttes d’eau sur le fond. On préférera ses séries, qui ont la capacité de couper cette répétition avec brio. Sans doute parce que l’on s’attache aux personnages plus facilement … Mais ce cocktail marche tout de même bien, et on espère que la mangaka reviendra avec un titre réellement aboutit, à l'avenir. Dans l’ensemble, les Contes Cruels s’avère être une lecture agréable et utile, puisque l’univers de la mangaka mérite et nécessite une pleine connaissance de toutes ses histoires.
« Je crois … Que je ne me suis jamais sentie aussi bien. »