Colori Colore Creare Vol.4 : Critiques

Le 24e et dernier mois de l'année martienne arrive à Onobori, et avec lui s'installe un long hiver... Long, certes, mais risquant malgré tout de passer vite aux côtés de la pétillante Nodoka et des trois fillettes pleines de vie qui, ensemble, ne vont pas manquer de profiter de chaque instant avec légèreté et émotion ! Ainsi, si l'on s'amusera d'emblée en voyant la tête de linotte Aka souhaitez beaucoup trop tôt la bonne année à tout le monde, on assistera également avec simplicité à son anniversaire, puis on restera facilement touché par le souhait qu'elle fait lors de l'épiphanie puis par la façon dont Nodoka et la cheffe se décarcassent pour accomplir un tant soit peu son impossible rêve d'enfant. Mais bien sûr, dans tout ceci, Uran et Verdi ne sont aucunement oubliées, entre leur manière de s'extasier face à la neige tombée en abondance, et une petite dispute d'enfants au bout de laquelle elle pourront réaffirmer de plus belle l'amitié qui les unit, pour de vrai de vrai !!

Au fil de ces belles pages où elle soigne toujours énormément ses découpages, ses décors pleins de trouvailles et ses designs expressifs et mignons, Kozue Amano ne perd rien de son talent pour nous faire profiter, en même temps que ses personnages, de chaque petit instant, y compris quand elle explore joliment, comme elle pouvait déjà le faire dans Aria, certains aspects de la culture vénitienne et plus généralement italienne, ici en exploitant la figure folklorique de la befana. On sent bien à quel point chaque étape du quotidien passé ensemble par les personnages est importante, formatrice et bourrée de chaleur humaine pour eux, encore plus quand on les vit à travers les trois innocentes fillettes qui ont encore tant de choses à découvrir et à expérimenter dans leur vie. En somme, il y a beaucoup de bonnes ondes, beaucoup de bons souvenirs à se faire et à chérir... et ils ne seront sans doute pas de trop, au vu des gros changements qui arrivent au fil de ce volume.

Car cette fois-ci, il n'est pas question pour Kozue Amano de camper sur ses acquis, mais bel et bien de faire évoluer la situation de son manga, chose que l'on ne s'attendait pas forcément à voir arriver si vite. Mais le fait est que le temps passe, que l'hiver va vite céder sa place au printemps, et que cette saison marquera une étape essentielle dans la vie des jeunes pousses qui, inévitablement, sont amenées à grandir. Tout naturellement, il y a quelque chose de touchant dans la perspective de voir très bientôt les fillettes connaître cette évolution sur laquelle nous n'en dirons pas plus, et les jolies habitudes à Onobori et au Riposino disparaître pour bientôt devenir de précieux souvenirs, la mangaka sachant très bien doser la valeur du passé des personnages, du présent dont ils profitent au mieux, et de l'avenir qui s'ouvre à eux.

Et comme un symbole de tout ceci, le personnage dépeint avec le plus d'émotion par la mangaka ici est sans aucun doute Gino. Jouant très bien son coup le concernant, Amano prépare le terrain dès le premier chapitre où, à travers le mur de photos, on cerne à quel point il a pris soin de la petite Aka depuis la disparition de son père, et à quel point cette enfant a illuminé chaque jour de sa vie ces dernières années, en l'aidant alors à faire le deuil de son ami. C'est en ayant tout ça fraîchement en tête que toute la dernière partie du volume vient alors nous toucher au plus haut point, notamment dans une merveille de mise en scène où, pendant quelques pages, chaque case vient marquer un peu plus l'état de Gino lors de l'instant fatidique. Pourtant, si la situation a quelque chose de triste pour lui, il n'y a aucune fatalité: simplement, la vie continue avec logique pour les fillettes qui grandissent, la lumineuse et innocente Aka est la première à le lui faire sentir, et c'est sur de belles considérations que peut s'ouvrir un tout nouvel avenir.

Que dire de plus sur ce merveilleux tome ? Que Kozue Amano y referme à la perfection un premier arc dans sa série. Et que, tout en ne perdant rien de ses habituelles qualités narratives et visuelles pour nous faire profiter d'une tranche de vie où chaque instant est exquis, elle sait également venir ici nous surprendre et nous cueillir, pour s'offrir l'un des volumes les plus touchants de sa carrière.