Colori Colore Creare Vol.1 : Critiques

Colori Colore Creare

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 14 Février 2025

Autrice chouchou de notre rédaction et reine de l'iyashikei, Kozue Amano fait partie de ces mangakas qui ont érigé au rang d'Art ce courant typiquement japonais s'appliquant à nous faire suivre de quotidiens paisibles et rassérénants dans des environnements apaisants, chose dont on a plus que jamais besoin en ce moment. Ses deux bijoux Amanchu! et plus encore Aria sont devenus de grands classiques du genre, et on espère bien que Colori Colore Creare, sa nouvelle série lancée en France par Ki-oon en ce mois de février, suivra le même chemin !

Lancée au Japon le 10 mars 2022 sur le site Mag Comic des éditions Mag Garden, cette série compte cinq volumes à l'heure où ces lignes sont écrites, et nous immisce dans un univers fantastique et nique dont la mangaka a le secret: une île céleste où a été construit Onobori, un petit village bâti sur un terrain très escarpé et plein de dangers, ne serait-ce que via ses précipices à chaque coin de rue, si bien que le lieu est également protégé par un système épatant nommé les "rid'eaux". Quelque part dans un recoin de ce village existe le Riposino, un petit café tranquille installé douillettement dans un moulin à vent soigneusement rénové. Et c'est dans ce café que vit la petite Aka, 4 ans, avec Gino, le propriétaire des lieux qui est aussi présenté comme son grand-père.

Ce jour-là, la petite fille, comme toujours, décide de vaquer à ses occupations, c'est-à-dire de s'inventer des jeux, de passer du bon temps en se faisant une joie de la moindre petite chose, et de partir à l'aventure aux abords du café, qu'elle doit toujours pouvoir voir de là où elle est afin de ne pas aller trop loin ni se perdre. C'est en se rendant près des arbres d'un sanctuaire pour un "opération onigiri" que, tout en profitant du spectacle qu'offre ce cadre, elle croise la route d'un étonnant grand chat noir aux allures divines, qu'elle ramène avec elle, adopte et nomme Noirou, le tout sous l'approbation de Gino bien sûr. Voici alors une journée bien remplie ! Mais ce qu'Aka ne sait pas encore, c'est que pendant toute cette journée elle a été observée de près par une jeune fille : Nodoka Daidai, qui s'intéresse de près à elle pour accomplir sa mission, c'est-à-dire veiller sur cette enfant faisant partie de l'avenir du pays, devenir son amie, la sortir de sa possible solitude, et lui faire étendre toujours plus ses horizons pour s'assurer qu'elle s'épanouit avec bonheur !

Si le concept est simple, il s'agit évidemment d'un moyen parfait pour Kozue Amano de nous offrir les scènes rayonnantes qu'elle affectionne tant. Car dans les faits, quoi de plus réconfortant que de voir une petite fille aussi lumineuse qu'Aka s'épanouir au contact d'une aînée, Nodoka, qui est précisément là pour ça et qui effectue déjà sa tâche avec entrain et bienveillance ? Inévitablement, la mangaka a d'emblée un don pour nous rappeler tout le charme innocent de l'enfance, à travers cette fillette qui a tout à découvrir du monde qui l'entoure, qui sait s'émerveiller de la moindre chose (ne serait-ce qu'un arc-en-ciel, ou une fleur de cerisier voletant sous ses yeux) et qui ne manque jamais d'imagination (en ayant même inventé son propre langage en chantant ! ) !

Et tandis que Kozue Amano déballe petit à petit tout ce qui fait le charme de ses séries voire plus généralement de l'iyashikei (personnages qui font du bien, cadres ravissants comme celui du café-moulin, chats, scooters qui ici sont volants, bords de l'île céleste qui remplacent en quelque sorte les bords de mer d'Aria et d'Amanchu!, designs expressifs et parfois SD...), c'est avec ravissement qu'on la voit déjà profiter pleinement de son cadre original pour nous offrir nombre de séquences propices à la contemplation et à l'émerveillement: en même temps qu'Aka, on se plaît à flâner dans les recoins de l'île entre les maisons perchées, les ruelles escarpées, et les lieux riches en vues saisissantes, tout ceci étant parfaitement rendue par ses dessins à la fois foisonnants et clairs, qui sont vraiment propices à l'évasion, au dépaysement et à l'apaisement, plus encore quand elle s'attarde sur certains cadres via ses grandes cases, ses doubles-pages ou ses petits détails vivifiants (à l'image de la façon dont Nodoka, à un moment, profite des percées du soleil à travers une vitre).

Reste, enfin, une interrogation qui pourrait venir à l'esprit de tout fan de Kozue Amano: au vu de l'aspect fantasy de l'oeuvre, du cadre de l'île céleste, ou encore des références italiennes (le prénom de Gino, le nom de son café, ou encore le titre-même de la série), Colori Colore Creare aura-t-elle un lien avec Aria ? La réponse se dessine petit à petit, jusqu'à des toutes dernières pages qui décuplent encore notre stimulation à la lecture, mais nous n'en dirons pas plus !

A l'arrivée, sur ce seul premier volume, Colori Colore Creare et déjà le petit bijou que l'on espérait, Kozue Amano n'ayant rien perdu de sa superbe quand il s'agit de dépeindre des univers, des personnages et des environnement qui font un bien fou. Et en prime, l'édition proposée par Ki-oon est satisfaisante en tous points: la traduction de Gaëlle Ruel est très plaisante (surtout quand il s'agit de faire ressortir l'adorable parler enfantin d'Aka), le travail de lettrage et d'adaptation graphique par Florian Monnier est propre, le papier allie souplesse et épaisseur et reste suffisamment opaque dans l'ensemble, l'impression est très bonne, les quatre premières pages en couleurs sur papier glacé sont un plaisir pour les yeux, et la jaquette reste très fidèle à l'originale nippone.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs