Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 08 Octobre 2010
Après un premier volume délicieusement mystérieux, ce deuxième tome du Coffre aux esprits se sera fait attendre avec une certaine impatience... Mais pour apprécier pleinement cet opus, il faudra beaucoup s'accrocher, principalement pendant toute la première partie, qui voit Sekiguchi et Toriguchi contacter un certain Kyôgokudô, un divinateur talentueux, pour poursuivre une enquête sur Onbako, le présumé chef d'une secte, qui ne serait pas étranger aux meurtres ayant eu lieu récemment.
C'est donc avec plaisir que l'on découvre enfin Kyôgokudô, l'homme affichant son charismatique visage sur les couvertures des deux premiers volumes. Très vite, l'individu dévoile un esprit affuté pourvu d'un délicieux cynisme, au cour de ce qui se présente comme une véritable joute théorique entre les trois personnages, et pendant laquelle Kyôgokudô présente les différences entre spiritistes, voyants, religieux et doués de pouvoirs. Et c'est ici qu'intervient un petit problème: en effet, le lecteur qui ne s'intéresserait pas le moins du monde à tout ce qui est du domaine du spiritisme, du religieux ou, de manière plus générale, de l'invisible, risque fort de déchanter face à ce long et très dense passage de blabla théorique durant tout de même une bonne soixantaine de pages. L'ensemble est rendu d'autant plus complexe par une traduction pas toujours au point, loin d'être mauvaise, mais ne faisant simplement pas toujours ressortir de manière efficace les termes et les subtilités du débat qui anime les trois protagonistes. Quoi qu'il en soit, cela ne gênera pas trop le reste des lecteurs pour apprécier la pertinence de ce qui est raconté ici par l'intermédiaire d'un Kyôgokudô décidément très intéressant.
La suite du tome revient dans les tons du premier volume. Après ce passage laissant deviner que l'enquête de Sekiguchi et Toriguchi a elle aussi un lien avec les autres affaires, nous retrouvons ce cher Kiba, qui continue son enquête en cavalier seul, jusqu'à ce que Yoriko affirme se rappeler d’un homme qui aurait poussé son amie. Et pendant ce temps, Kanako, hospitalisée dans un étrange bâtiment ressemblant à une boîte géante, disparaît purement et simplement !
De son côté, le détective privé Enokizu Reijirô se voit confier la recherche d'une personne... qui n'est autre que Kanoko. Mais loin des interrogations des autres personnages, cette demande d'enquête semble plutôt avoir des raisons plus familiales, mais tout aussi étranges... Comment cela sera-t-il lié au reste ?
Ainsi, loin de commencer à s'éclaircir, le récit ne fait que devenir de plus en plus complexe, en rendant certains personnages encore plus étranges et suspects qu'au premier abord, et en laissant clairement deviner, à travers quelques points communs comme ce mystérieux individu gantelé ou la thématique récurrente de la boîte, du coffre, du vide à remplir, que les différentes enquêtes de l'oeuvre ont toutes un lien.
Ce qui reste le plus appréciable dans le Coffre aux Esprits, c'est que malgré la complexité de l'intrigue, les auteurs ne prennent jamais leurs lecteurs pour des idiots. Rien n'est jamais dit clairement sur les différents évènements, c'est au lecteur de rassembler certaines pièces du puzzle, et il est bien aidé dans cette tâche par certains éléments semblant en dire long, à l'image de ces énigmatiques pages 105 à 116, qui clôturent le chapitre 3 en réveillant allègrement notre envie d'émettre des hypothèses. Et suite à cela, on pense volontiers que certains personnages semblent définitivement bien plus impliqués dans l'affaire qu'il n'y paraît.
Après une première partie très théorique et métaphysique qui pourrait en dérouter plus d'un au point de les faire lâcher prise, ce deuxième volume tient ses promesses. Le mystère est bien entretenu, et le lecteur ayant envie d'une oeuvre où il participera activement à l'enquête sera comblé.