Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 10 Novembre 2022
Le roi Harold et la reine consort Berta sont en visite dans le Sud, sur les terres natales de notre héroïne, et plus précisément dans l'importante ville de Meseta. C'est l'occasion pour Berta de revoir sa famille et ses proches, que ce soit son père, sa petite soeur Graciela qui s'est marié depuis, ou encore Horacio, un ancien prétendant qui est désormais l'époux en question de Graciela. Et pour le roi, l'enjeu est majeur car c'est enfin l'heure pour lui de rencontre le père de Berta, l'homme le plus influent du Sud.
Le résultat de cette visite, dans les premières dizaines de pages de ce tome, est forcément intéressant pour tout ce qu'il a à nous dire. D'un côté, Harold a beau vouloir bâtir des liens plus solides avec le Sud, il comprend bien que le père de Berta ne veut pas soumettre la région au contrôle direct de la famille royale, et même que toute une part des gens du Sud n'est pas forcément pour la place du jeune Louis en tant qu'héritier, pour des raisons encore différentes de celles des nobles conservateurs... Y aura-t-il ici une faction ennemie supplémentaire dans le destin du prince ? Et de l'autre côté, le roi, en observant sa seconde épouse dans son cadre natal, a l'occasion de voir que notre héroïne pourrait réellement avoir les atouts d'une reine, et en arrive à vouloir discuter plus en profondeur avec elle et comprendre cette femme qu'il a un peu négligée jusque-là.
Tout ceci est fort intéressant et témoigné d'un récit qui s'enrichit encore, mais ce n'est rien à côté du retour au palais royal qui, assez vite, se pare de nouveaux soucis qui semblent nés de certaines manigances de l'intendante, celle-ci étant sans doute la plus virulente opposante à la place de Berta et de Louis entre les murs royaux. On va éviter d'en dire plus afin de ne gâcher aucune surprise, mais on peut tout de même souligner certaines choses, à commencer par les nombreuses conséquences que cela a sur certains personnages, en particulier les décisions que Harold est obligé de prendre pour le bien du royaume en devant mettre de côté ses propres sentiments (ses bonnes intentions initiales peuvent-elle vraiment faire le poids face aux intérêts personnels de chaque camp ?), et l'impact que ce complot finit par avoir sur la reine Marguerite en particulier, elle qui a certes ses défauts humains mais qui a aussi su être touchante dans ses élans de tristesse alors qu'elle a toujours essayé de tenir au mieux sa place (rappelons-le, son dégoût envers le "sang impur" des petra vient surtout de l'éducation qu'on lui a toujours inculquée, et son dédains envers Louis et Berta en particulier découle de ses compréhensibles traumatismes liés à ses fausses couches). mais on pense surtout à Berta elle-même, qui reste ici une héroïne excellente, n'ayant aucune ambition folle hormis celle de vivre paisiblement et de permettre à son enfant de grandir dans de bonnes conditions malgré le poids qui pèse déjà sur lui en tant que premier héritier. Simplement, tout en construisant un univers crédible, les autrices s'appliquent beaucoup à faire ressortir l'aspect humain de certains personnages (Berta, Marguerite, Harold) et, surtout, leurs tiraillements, leurs erreurs, et leurs douleurs personnelles face à leurs obligations pour le royaume et aux querelles internes.
On suit alors passionnément cet épais deuxième et dernier volume de plus de 230 pages, jusqu'à une conclusion d'honnête facture. Certes, cette courte série n'adaptant que le premier volume d'une série de roman, on sent bien qu'il y a un goût de trop peu, et que l'univers est voué à s'étendre encore, sans doute au-delà des limites de ce royaume. Mais dans les faits, nous avons bien ici la conclusion de tout un arc pouvant globalement se suffire à lui-même, quand bien même on adorerait avoir un jour l'opportunité de suivre en français la suite de cette oeuvre très prometteuse (que ce soit via les romans d'origine ou à travers d'hypothétiques adaptations des arcs suivants en manga).