Clover Cinderella - Actualité manga

Clover Cinderella : Critiques

Clover Cinderella

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 01 Septembre 2022

Lors de son lancement en 2019, Omaké Manga était un éditeur qui avait su nous offrir de belles promesses, que ce soit en nous faisant découvrir le talentueux auteur Rensuke Oshikiri (Le Perce-Neige, Bip Bip Boy, Sayuri), en publiant le bijou Girl's Last Tour déjà popularisé par son adaptation animée, ou en dégotant par-ci par-là de jolies petits surprises à l'image du recueil western Old West, sans oublier des séries B plutôt fun de par leur côté régressif et décomplexé (Black Board, ban le bouseux). Mais depuis quelque temps, le fait est que l'éditeur semble beaucoup peiner à rebondir, en enchaînant les nouveautés anecdotique oscillant entre l'à peine passable et le très mauvais (pourquoi Shark Panic ? Pourquoi ?), tandis que l'on reste sans la moindre nouvelle du pourtant sympathique Assistant Assassin depuis le tome 3 paru en janvier 2021, alors que la série est achevée en 6 volumes depuis trois ans. Alors ce premier jour du mois de septembre 2022, l'éditeur tente de jouer sur un autre créneau, celui de la romance adulte/érotique, avec un one-shot d'environ 170 pages à la jaquette aguicheuse, Clover Cinderella, dont les huit chapitres furent initialement prépubliés au Japon en 2020 au sein du magazine Manga Goraku des éditions Nihon Bungeisha (le magazine des séries Inspecteur Kurokôchi, Gannibal et Gift±, entre autres). Il s'agit de la toute première publication française de Hideyuki Akashi, un auteur actif au Japon depuis la fin des années 2000.

Cette histoire nous plonge auprès de Tokichi Kinuta, un homme qui, à 30 ans, se considère comme l'un des plus grands des poissards, et cela depuis toujours. Que ce soit en études, en amitié, dans son rêve de devenir mangaka où il n'a jamais percé, et évidemment en amour puisqu'il n'a jamais eu la moindre petite amie, il a un don pour accumuler des coups de malchance qui sont rarement de son ressort. Alors, va-t-il rester un loser toute sa vie ? Pas si sûr puisque, un jour, alors qu'elle se fait embêter par un pervers et se retrouve sur les rails du train, il sauve la dénommé Chiyoko Asai, qui estime précisément avoir le don inverse de lui: elle a toujours énormément de chance en tout ! Alors pour le remercier, Chiyoko décide de... coucher avec lui, comme ça ('fin, il faudrait que le gars en soit capable), et surtout de lui donner une part de sa chance en l'embrassant. A partir de là, la situation change du tout au tout pour Tokichi: les coups de chance s'accumulent, il perce soudainement dans le manga où les tomes de son oeuvre se vendent comme des petits pains, il voit même sa demande de sortir avec lui acceptée par Chiyoko à condition de ne pas pratiquer le sexe ensemble (mais bon, ça ne va pas tenir longtemps, hein...), il retrouve sur sa route la fille qu'il aimait secrètement quand il était adolescent... Et pourtant, au petit jeu de la chance, Tokichi risque bien de finir par déchanter...

Sur un concept de romance jouant sur les notions de chance et de malchance, Hideyuki Akashi développe un semblant d'intrigue qui se contentera finalement du minimum syndical, ce qui n'a rien d'étonnant au vu de la brièveté de l'oeuvre. plutôt cousues de fil blanc, les grandes lignes de ce petit scénario seront ainsi, surtout l'occasion d'intriguer sur une Chiyoko cherchant à être aimée pour elle-même et pas uniquement pour sa chance et sa beauté, et de faire évoluer Tokichi de manière à ce qu'il comprenne que tout n'est pas question que de chance et de malchance dans la vie et qu'i lui faut oser saisir sa... chance.

Rien de bien surprenant, en somme. Mais qui dit classicisme ne dit pas forcément échec bien sûr, et de ce côté-là... eh bien, Clover Cinderella se vautre dans les grandes lignes, en premier lieu pour l'aspect très agaçant voire insupportable de ses principaux personnages, entre une Chiyoko peinant à convaincre dans son côté charmeur tant elle apparaît facile et dépourvue de personnalité, et surtout un Tokichi faisant office de véritable tête à claques, en particulier quand il trompe direct sa petite amie sans se poser de question, sans se sentir coupable, comme un lâche. heureusement qu'il se remettra un peu en question dans la dernière ligne droite, mais le fait est qu'il s'en sort trop facilement. Un autre point peu convaincant provient précisément de la morale de l'histoire affirmant qu'il faut savoir saisir sa chance de soi-même, ce qui se révèle totalement incohérent puisque, dans la très grande majorité des choses arrivant à Tokichi (la réussite ou non de son manga, ses poisses d'autrefois l'ayant empêché d'être publié ou de réussir ses études, etc), les choses ne sont aucunement de son ressort. Alors, les facilités s'enchaînent, et apparaissent d'autant plus grosses que la brièveté du récit oblige l'auteur à aller à l'essentiel sans faire attention aux détails. Enfin, il y a la question de l'érotisme, qui aurait pu plaire à une tranche du public, mais rien n'y fait: les instants coquins ne dégagent rien tant ils sont amenés à l'arrache de façon artificielle et forcée, et le dessin un peu trop froid et un peu trop rigide n'aide pas non plus malgré le mignon minois de Chiyoko.

Enfin, le constat négatif ne s'arrête malheureusement pas là, puisque c'est aussi au niveau de l'édition française que le bât blesse, la faute à une qualité d'impression très médiocre où les moirages sont légion et très, très visibles, et à une traduction pas toujours très naturelle et se payant même le luxe d'une énorme faute de conjugaison en toute dernière page du récit.

On pouvait espérer de Clover Cinderella une petite romance adulte sympathique, mais au final rien ne va dans ce récit rushé et incohérent, plombé par son héroïne trop creuse, par son héros insupportable, et par son édition française peu convaincante.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
7 20
Note de la rédaction