Cimoc Vol.1 - Actualité manga

Cimoc Vol.1 : Critiques

Koimoku / Cimoc

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 13 Mars 2013

On le sait, Lim Dall Young est un scénariste prolifique, autant connu pour son succès que pour sa capacité à démarrer de nouvelles séries plutôt qu'à en terminer. Ainsi, point d'étonnement en voyant débarquer une énième oeuvre estampillée Artlim Media (le studio de production du bonhomme), Cimoc, où le célèbre auteur revient à un style plus orienté tranche de vie, et où il laisse sa chance aux dessins à un nouveau nom issu de son studio, Lee Hae Won.

Cimoc, c'est l'histoire de Kôta Inamine, jeune garçon débarqué à Tokyo il y a deux ans afin de réaliser son rêve : devenir mangaka. Mais au fil de ces deux années et de six échecs cuisants en tant qu'assistant, le jeune homme a eu tout le temps de constater son incapacité à faire du bon travail. Sans cesse stressé, il n'a fait que plomber les travaux où il a été pris et a démontré un incroyable don pour attirer les foudres sur lui.
Sa dernière chance arrivée, il doit se résigner... Mais c'est alors qu'il apprend que Hinata Sawanoguchi, son envahissante et impudique voisine, est aussi la rédactrice en chef d'un magazine de manga ! Et après avoir vu ses travaux, la demoiselle a un déclic, et décide de laisser sa chance à notre héros. Kôta saura-t-il enfin prouver qu'il a du talent ?

Ces derniers temps, des mangas nous immisçant dans les coulisses de la BD nippone, on en a eu quelques-uns, et c'est donc au tour de Lim Dall Young de franchir le pas... pour un résultat pas franchement convaincant.

Tout commence par une introduction assez laborieuse. Passé des pages couleur qui donnent le ton quant au fan-service que l'on trouvera dans la série, on découvre un duo de héros qui laisse circonspect tant il irrite.

Il faut le dire, Kôta mérite des baffes d'entrée de jeu. Cliché du gamin naïf et puceau, son incapacité à progresser laisse dubitatif. Alors que son rêve est de devenir mangaka et qu'il va dans ce sens depuis deux ans, comment peut-il être resté aussi ignare sur le sujet ? Le jeune homme montre une absence de vrais efforts, enchaîne des bévues pratiques et orales hallucinantes que même les plus mauvais réussiraient à atténuer après deux ans, et se laisse marcher dessus de façon assez horripilante. Bien sûr, on devine que ce héros a été créé de manière à bien faire ressortir l'aspect difficile et impitoyable du milieu du manga, mais Kôta est définitivement trop caricatural et trop tête à claques pour convaincre. D'autant que, dans le fond, on reste finalement sur une vision des coulisses du manga très superficielle pour l'instant, les auteurs n'allant jamais au fond des choses (on y reviendra).

De son côté, la pulpeuse Hinata Sawanoguchi nous offre une entrée en scène pas très reluisante pour qui attend autre chose que du fan-service facile et sans que ni tête. D'abord présentée comme impudique et assez négligée histoire de pouvoir titiller certains lecteurs, la demoiselle change ensuite du tout au tout dès que son rôle de rédac' chef est mis en place. Moui...
Par la suite, les auteurs tentent d'intriguer autour de la jeune femme, qui a une notoriété et un comportement pour le moins pas très nets. Est-elle la redoutable croqueuse d'hommes que la rumeur annonce ? Une question qui entretient un suspense factice, d'ailleurs écarté dès ce premier volume. Quant à sa passion pour son métier et pour la découverte de nouveaux talents, elle est mise en avant par des rebondissements bien peu subtils et ô combien maladroits dans la façon dont ils sont conçus, à l'image de la scène ou Kôta, montrant toute sa bêtise et sa crédulité (non vraiment, il se fait trop facilement manipuler...), serait presque sur le point de la violer pour... ne pas se laisser avoir et progresser ?! La scène est assez ubuesque, la réaction de Hinata l'est encore plus. Et il s'agit là de la scène présentée en guise d'intro sur les pages couleur du début de volume. Quand on vous dit que le ton est vite donné...

Vient ensuite s'ajouter une petite palette de personnages secondaires pour l'instant très superficielle : le fourbe en la personne d'Asahina, l'auteur à succès pouvant faire office de mentor (incarné par Mine), la jolie call-girl auprès de laquelle notre héros pourra avoir des conseils non-professionnels, la mystérieuse rédac' chef rivale en la personne de Jûmonji... Tous les rôles sont en place, mais manquent encore de profondeur et de réelle présence, hormis Jûmonji qui intrigue notamment après la dernière page du tome. Il reste donc à développer un peu mieux ces différents protagonistes, qui ont normalement le potentiel pour faire un peu plus décoller la série.

Revenons à présent sur l'élément censé apporté son intérêt à la série : l'incursion dans les coulisses du manga. Et finalement, cet aspect tombe pour l'instant à plat, car il reste très superficiel. Les auteurs abordent divers points par-ci par-là et sans réelle continuité : les différents postes dans la conception d'un manga, le rôle d'assistant, la difficulté de percer dans le milieu, l'aspect implacable d'un univers qui demande beaucoup d'efforts... mais tout reste abordé en surface. L'aspect critique reste artificiel, les vraies explications sur certains rôles et certains termes sont absentes... En réalité, si vous vouliez en apprendre plus sur cet univers, pour l'instant vous ne découvrirez rien.

Visuellement, le travail de Lee Hae Won s'inscrit évidemment dans la droite lignée de ce que font les autres dessinateurs du studio Artlim Media. On a un trait qui est donc proche de Freezing, Re:birth et autre Onihime Vs, riche dans les courbes et pas désagréable, mais ici un peu plus lisse, pas très varié dans les expressions des personnages, et régulièrement doté de petits problèmes de proportion. On sent la jeunesse d'un dessinateur qui a du potentiel mais qui doit encore progresser.

Ce premier tome de Cimoc laisse donc une impression assez mitigée. Les personnages sont caricaturaux et assez lisses, le héros est carrément horripilant à plusieurs reprises, l'introduction est maladroite et la suite l'est tout autant à cause de certaines scènes et du caractère vraiment trop cliché ou fan-service facile des protagonistes. Et l'immersion dans les coulisses du manga reste totalement artificielle. La lecture n'est pas non plus catastrophique, preuve en est qu'on a malgré tout envie de connaître la suite, mais pour l'instant Cimoc ne fait que brasser du vent.


Koiwai


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
10 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs