Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 05 Novembre 2024
Les éditions Doki-Doki aiment les mangas félins, et le prouvent encore avec leur dernière nouveauté de l'année 2024: Le chat mène l'enquête, one-shot qui sort dans les librairies françaises en ce début de mois de novembre. On y retrouve Noho, mangaka que l'on a découvert avec beaucoup de plaisir il y a quelques mois, aux éditions nobi nobi!, avec la série Nos Voisins les Yôkai. Composée de 14 chapitres très courts pour la plupart (8-10 pages à chaque fois) ou un peu plus longs pour le tout premier et les derniers, ce manga d'environ 190 pages voit Noho mettre au premier plan la mascotte féline d'un projet de manga personnel intitulé "L.A. Tantei Monogatari - Story of Los Angeles Detective" mettant en scène le détective Belmond et son acolyte Alan dans le Los Angeles des années 1950, alors en pleine mutation.
Fort logiquement, Le chat mène l'enquête se déroule donc aussi dans la ville californienne à cette période, pour un cadre assez immersif: même si Noho insiste finalement peu sur les particularités de la cité à cette époque, les décors et autres éléments (comme les voitures) font suffisamment vrai, de même que quelques endroits typiques, les vêtements, ou encore le statut de différents personnages permettant d'évoquer vite fait certaines problématiques. Le tout sans oublier certaines références cinématographiques, qui sont assez importantes !
En somme, ce cadre, joliment dépeint par le dessin précis, riche et agréable du mangaka, sert très convenablement les petites péripéties vécues par la personnage principal félin de ce manga... péripéties où il ne faut toutefois pas s'attendre à grand chose. En effet, le titre français a beau insister sur le côté "enquêteur" du chat, en réalité il n'en est rien. Le titre original a d'ailleurs une signification différente: "L.A. Neko Monogatari - The Walking Cat" signifie plutôt "L'Histoire du Chat de L.A. - Le Chat qui Marche", ce qui colle beaucoup mieux au contenu tout simple où il est surtout question de suivre le quotidien du matou dans cette ville qu'il parcourt de long en large. Tout naturellement, il y fait pas mal de rencontres, en particulier dans la première moitié du tome où, à chaque fois, il croise de nouveaux personnages qui lui donnent tous un nom différent. Tandis que certains personnages apparaissent juste le temps d'un chapitre, d'autres prennent un petit peu plus d'importance en ayant des rapports les uns avec les autres, en nous permettant de comprendre petit à petit à qui appartient exactement ce félin. L'un des petits éléments sympathiques de cette première partie de volume est aussi d'essayer de deviner quel pourrait bien être le vrai nom de ce gros matou à la dégaine si particulière avec sa bonhommie et sa tâche noire au-dessus de l'oeil, si bien que l'on regrettera un peu que l'éditeur en dise un peu trop sur ce point-là dans son synopsis en quatrième de couverture. Mais il reste qu'entrevoir à petites doses la vie et le quotidien de ce chat et de son entourage a quelque chose de très plaisant, jusqu'à l'un des derniers chapitres qui nous permettra même de découvrir, où il a grandi et comment il a été recueilli par l'agence de détectives. Détectives avec lesquels, finalement, il partage une seule vraie "enquête" sur deux chapitres, où il a un vrai rôle-clé.
Que dire d'autre ? Eh bien, qu'avec ce one-shot, il ne faut pas attendre de réelle conclusion. Noho avoue dans sa postface avoir conçu ces quatorze chapitres à rythme lent, sans trame scénaristique précise, simplement par plaisir et au gré de ses envies, sur pas moins de cinq années (entre 2018 et 2023) pour le magazine Neko Punch des éditions Shonen Gahosha (un magazine spécialisé dans les mangas de chats). Si bien que l'oeuvre s'achève un peu comme elle commence: sans début ni conclusion particuliers. Qu'on se le dise, dans le cadre d'un manga de ce type, ce n'est pas vraiment gênant.
A l'arrivée, la lecture de ce one-shot se révèle très agréable dans l'ensemble. Il ne faut pas spécialement en attendre grand chose (et surtout pas un côté "enquêtes" prononcé car il n'en est rien), mais il est facilement plaisant de juste suivre les petites péripéties et rencontres de ce chat dans un Los Angeles des 50s peu détaillé mais assez immersif, où l'on retrace avec un certain attachement certaines facettes de son parcours et de son quotidien.
Côté édition, la copie livrée par Doki-Doki est très propre: la jaquette est soigneusement adaptée de l'originale japonaise, le logo-titre est bien pensé, le lettrage du Studio Charon est très propre, la traduction de Pascale Simon est très convaincante, le papier est bien épais malgré une légère transparence par moments, et l'impression est excellente.