Ces nuances entre nous Vol.1 - Actualité manga
Ces nuances entre nous Vol.1 - Manga

Ces nuances entre nous Vol.1 : Critiques

Shunkan Gradation

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 27 Juin 2019

Alors que l'été s'installe cette semaine de manière caniculaire, les éditions Akata nous proposent un peu de fraîcheur avec le lancement de leur nouveau shôjo "Feel Good": Ces nuances entre nous, la deuxième série professionnelle de Chihiro Hiro, jeune mangaka que l'on avait découverte chez l'éditeur en 2017 avec sa première série Plus jeune que moi. Dessinée en 2017-2018 pour le compte du magazine Margaret des éditions Shûeisha sous le nom Shunkan Gradation, cette série en 4 volumes nous plonge aux côté de Shinobu Naruse. Tout juste entrée au lycée depuis un mois, cette jeune fille mène depuis toujours une vie somme toute très banale, si banale que rien ne semble la passionner. Les différentes activités qu'elle a pu mener auparavant comme la calligraphie, elle les a toujours arrêtées en quelques semaines ou, au grand maximum, quelques mois. Son journal intime, elle l'a tenu même pas une semaine. Elle suit donc un quotidien ordinaire en se laissant couler et en n'ayant aucune passion. Mais une rencontre pourrait tout changer. En rendant service à un enseignant, l'adolescent croise la route, en salle d'arts plastiques, d'Okachimachi, dont elle admire les talents au chevalet. Ce garçon semble pourtant un peu bourru, répond par un simple "hein ?" à son compliment... Mais même si elle a d'abord un peu de mal à le cerner derrière sa difficulté à sourire ou à s'exprimer comme les jeunes de son âge, Shinobu va petit à petit découvrir quelqu'un qui, par ses réflexions et sa façon d'être, risque d'enfin ouvrir de nouveaux horizons dans son existence...

Après le sympathique Plus jeune que moi, l'autrice revient avec une nouvelle série lycéenne dont la part de romance semble déjà cousue de fil blanc et pas forcément surprenante pour l'instant: Shinobu sympathise avec Okachimachi, va de fil en aiguille commencer à ressentir pour lui des choses sur lesquelles elle peine à mettre un nom, un rival amoureux va finir par se pointer... et on n'évite pas non plus quelques clichés du genre: on a droit à un brun et un blond, Shinobu recroise forcément très vite Hakamada après l'avoir aidé à récupérer ses clés... Néanmoins, derrière tous ses légers poncifs pas bien méchants, il y a surtout tout autre chose qui se dessine dans ce récit, autour d'une héroïne dont on va réellement voir la vie reprendre des couleurs à partir de sa rencontre avec Okachimachi. Et tout passe d'abord par le lien qui va joliment se bâtir entre ces deux-là. Doucement, avec une certaine bienveillance et pas mal de fraîcheur, la mangaka fait évoluer le duo à travers leur découverte et compréhensions mutuelles. Ainsi, par exemple, sous ses premiers abords pas forcément amicaux, Okachimachi est tout le contraire, c'est juste qu'il ne sourit pas à tout bout de champs. La jeune fille découvrira un garçon intéressant, aimant les arts plastiques mais aussi les plantes, qui s'intéresse à pas mal de choses... et peut-être est-ce tout simplement ce qui lui manque à elle-même pour que sa vie ait vraiment des couleurs. A partir de cette rencontre, Shinobu va donc s'interroger sur pourquoi rien ne la passionne, pourquoi elle est incapable de rester longtemps sur une même activité, et là-dessus Okachimachi aura lui-même des réflexions très justes à apporter. Si l'adolescente semble n'avoir aucune passion, peut-être est-ce tout simplement parce qu'elle n'a toujours pas trouvé ce qui pourrait la passionner, voire qu'elle n'a jamais vraiment cherché ? Ne devrait-elle pas sortir un peu de ses habitudes (ne serait-ce que sur le chemin de l'école) pour voir les choses sous des jours nouveaux, pour faire de nouvelles expériences et de nouvelles rencontres ? Après tout, c'est comme ça qu'on se forge, et le récit nous le rappelle assez bien. Qui plus est, l'idée du club d'entraide qui devrait finir par occuper une place importante dans la suite de l'oeuvre consolide encore cette idée, tout en soulignant l'essentialité de rester solidaire.

Depuis Plus jeune que moi, Chihiro Hiro n'a pas changé la fraîcheur de son style, mais l'a peaufiné. Son trait est expressif et très agréable, elle fait très attention aux cheveux ou aux yeux, ses visages tantôt un peu anguleux tantôt un brin arrondis ont du charme, elle s'applique sur les trames qui sont bien nuancées, elle soigne beaucoup certains décors quand c'est nécessaires (notamment quand Shinobu se perd dans les rues du quartier)... L'ensemble dégage également une grande clarté qui contribue à l'atmosphère assez légère et positive.

On a donc affaire à une entrée en matière franchement agréable, qui, derrière une part de romance très classique, distille des réflexions très intelligente et bénéfiques, donnant très envie de voir comment cette oeuvre va se développer.

Au niveau de l'édition, Akata nous sert son petit format shôjo habituel avec un papier souple et sans transparence et une impression de bonne qualité. A la traduction, Mireille Jacard livre un travail très clair, et s'applique à offrir un chaque personnage une façon de parler correspondant assez bien à sa personnalité.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.75 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs