Cauchemar d'Innsmouth (le) Vol.2 - Actualité manga
Cauchemar d'Innsmouth (le) Vol.2 - Manga

Cauchemar d'Innsmouth (le) Vol.2 : Critiques

Innsmouth no Kage

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 25 Mars 2022

Chronique 2 :

L'inquiétant récit raconté par le vieux Zadok Allen semble impossible: il y a quelques générations, le capitaine Obed March, pour le bien de sa fortune personnelle, aurait livré la ville d'Innsmouth à d'innombrables créatures venues de la mer et ayant peu à peu "métamorphosé" les habitants, ce qui expliquerait l'aspect sinistres et abandonné de la cité ainsi que les déformations physiques parfois terrifiantes des habitants. Cette histoire a fait froid dans le dos à Robert: il a beau essayer de penser qu'il s'agit d'une simple fable puérile inventée par un vieillard alcoolique, le jeune voyageur ne peut s'empêcher d'être inquiet... surtout s'il s'avérait que la présence de ces créatures soit toujours là ! Auquel cas, que seraient-elles capables de faire à l'avenir ? Une chose est sûre: Robert n'a qu'une hâte, et c'est celle de quitter la lugubre Innsmouth. Mais à l'heure où il est enfin censé pouvoir prendre son bus en direction d'Arkham, c'est la stupeur: le chauffeur, l'air lugubre avec ses difformités et ses yeux vitreux, globuleux et sans paupières, l'informe que le bus ne peut pas partir, et qu'il devra passer la nuit dans l'hôtel de la ville. Seulement, y sera-t-il en sécurité ? Entre l'absence de verrou à la porte de sa chambre et les nombreux craquements et bruits de pas se faisant entendre dans le couloir, rien n'est moins sûr...

Après un premier volume jouissant des habituelles qualités visuelles de Gou Tanabe pour retranscrire l'angoisse grandissante du récit d'origine de Lovecraft, la première partie de ce deuxième et dernier tome accentue encore le climat anxiogène, en jouant à merveille sur l'une des peurs les plus viscérales: celle confrontant l'homme à l'inconnu, à l'inimaginable, jusqu'à le faire tomber aux limites de la paranoïa, incapable de savoir ce qui est vrai ou faux, s'il doit s'inquiéter réellement ou pas. Et dans cette optique, ce sont vraiment les détails comme l'absence de verrou, les craquements dans le couloir de l'hôtel, les pas qui s'arrêtent devant la chambre de Robert, qui font le plus fort effet, tandis que notre héros se ressasse en boucle certains éléments du sinistre récit d'Allen.

Mais assez vite, ce parfum paranoïaque saisissant cède sa place à une authentique fuite, dès lors que la menace semble se confirmer. une fuite dans les rues d'Innsmouth où le danger semble pouvoir surgir de partout, et qui est vouée elle aussi à aller crescendo, en confrontant peu à peu Robert à des visions cauchemardesques toujours plus proches, toujours plus visibles, toujours plus concrètes. Jusqu'à la fin de cette étape assez longue du volume, Tanabe s'applique à jouer avec les nerf du héros et du lectorat, en immisçant de façon toujours plus prononcée cette menace qui, d'abord partiellement tapie dans l'ombre, finit par s'exposer pleinement. Et pour ça, le travail visuel du mangaka reste véritablement impeccable, avec son dessin très noir, ses jeux sur les ombres, les rues sinistres d'Innsmouth, et les créatures qu'il croque de façon toujours plus visible jusqu'à finir par offrir quelques doubles-pages du plus bel effet, doubles-pages cristallisant pleinement le cauchemar.

Au bout de tout cela, la dernière ligne droite, fidèle elle aussi à la nouvelle d'origine, serait presque étonnante, par certains, aspects, pour quiconque ne connaîtrait pas déjà l'histoire. Cohérente par rapport au reste du récit, elle voie Lovecraft et donc Gou Tanabe jouer sur un autre type d'angoisse, cette fois-ci autour des aïeux, de la famille, des origines de Robert, soit le type de peur contre laquelle on ne peut absolument rien, jusqu'à nous laisser sur une conclusion forte, où l'ombre de Cthulhu n'est jamais bien loin...

Comme à son habitude, Gou Tanabe livre alors une adaptation particulièrement juste et aboutie de l'inquiétant, cauchemardesque et pourtant fascinant univers lovecraftien. Une solide pierre de plus dans le bel édifice entrepris par le mangaka, édifice que l'on a déjà hâte de voir se renforcer encore à travers d'autres de ses adaptations.


Chronique 1 :

Le cauchemar n'en est qu'à ses balbutiements ! Le jeune Robert Olmstead souhaite se rendre à Arkham pour effectuer des recherches généalogiques, et il est contraint de traverser la ville de Innsmouth, ville dont il a entendu de bien nombreuses rumeurs. Sur place, les événements étranges se multiplient jusqu'à sa rencontre avec un vieil ivrogne, Zadok Allen, qui lui confie le passé de la ville et de ses habitants...mais une telle histoire est elle seulement possible? Le jeune voyageur va vite se rendre compte que tout est vrai!

Chaque sortie d'un volume d'une adaptation de Lovecraft est un petit événement, et ici ça l'est d'autant plus qu'on était curieux de découvrir la suite de cette nouvelle qui est l'une des plus connue de l'auteur.
Cependant avant de découvrir cette adaptation j'étais assez dubitatif car la nouvelle en question n'est pas forcément des plus longues, d'autant que la deuxième partie de celle ci me parait assez courte, de fait j'étais curieux de voir comment Gou Tanabe allait adapter ceci tout en étant surpris que l'on n'ait pas un seul tome plus épais comme ce fut le cas pour "Dans l’abîme du temps".

Le récit reprend donc après la rencontre avec le vieux Zadok, moment clé, charnière même de l'histoire. Si les événements étranges et malsains étaient bien présents avant cette rencontre, il n'y avait rien de "réel", aucune explication cohérente aux élucubrations que le protagoniste avait pu entendre par les autres personnes qu'il avait croisé. Mais après l'échange avec le vieil homme, la peur devient palpable, on connaît les raisons de cette peur et de cette méfiance envers les habitants d'Innsmouth. Et si bien entendu cela semble particulièrement improbable, le lecteur sait ce qu'il en est, il sait que tout est vrai et que l'horreur attend bel et bien notre jeune héros qui n'est pas prêt à affronter la nuit qui l'attend!

Mais cette deuxième partie du récit se découpe elle même en deux parties, à savoir les derniers événements au sein de la ville d'Innsmouth et les conséquences de tout cela!
Donc suite à cette échange avec le vieil ivrogne, Robert va noter des changements de comportements parmi les habitants de la ville...il va être contraint de dormir dans l’hôtel qui lui avait été déconseillé...et la nuit d'horreur va pouvoir commencer!

Gou Tanabe maîtrise toujours autant cette tension qu'il nous fait vivre depuis la première adaptation sortie; les événements qui vont marquer la nuit sont vraiment éprouvants, à commencer par ce huis clos insoutenable dans cette chambre où Robert sera la cible d'individus dont il ignore l'apparence et dont il n'entend que des gargouillements inhumains.
Ici l'auteur fait un remarquable travail d'adaptation, en nous montrant les individus / créatures qui veulent s'en prendre à notre héros, en dépassant un peu le cadre de la nouvelle où les créatures ne sont décrites que plus tard...mais cela renforce la tension. D'autre part, les voix inhumaines sont elles aussi retranscrites par des caractères à peine lisible, qu'il nous faudra déchiffrer...symbolisant un langage presque humain mais pas tout fait!
Le petit bémol ici vient de la scène la plus frappante à mon sens de cette nouvelle, celle où Robert est enfermé dans sa chambre et tente de fuir ses assaillants. Ici, bien que la tension soit bel et bien présente, l'action en elle même, avec le passage d'une chambre à l'autre, les réactions des créatures...tout ceci est à mon sens assez peu clair et lisible, et pour le coup on a une scène qui perd en intensité par rapport aux écrits de Lovecraft.

Et puis survient le drame!
Robert tente de fuir la ville, l'ambiance est forte, malaisante...et il finit par y parvenir. La vie reprend son cours et notre héros reprend ses recherches généalogiques...puis un cauchemar arrive, et la dernière partie est passionnante et particulièrement surprenante. Elle nous conduit dans une direction inattendue, même au sein de l'univers de Lovecraft, qui n'est pas habitué à des "twists finaux", c'est donc d'autant plus prenant tout en demeurant inquiétant!
Une conclusion à la hauteur de l’œuvre, malsaine et pleine de surprises!

Un deuxième tome réussi, voire carrément remarquable!
 

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Erkael
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs