Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 06 Mars 2014
On découvre ici un drôle de manga, ou manfra, ou mancanada… Peu importe. Une histoire qui se présente comme un manga et qui nous vient du Canada. Ecrit par Piggy Ho Ho, édité par MxM Bookmark, « Ce qui se passe à Carpe Diem » est une petite histoire très rafraîchissante. Carpe Diem est en fait un jeu en ligne, du type World of Warcraft, mais qui se joue avec une armure qui retranscrit la 3D, la vision, le son… Plus besoin d’ordinateur, ce simple casque permet de s’immerger dans le monde virtuel du jeu. On y évolue comme un jeu actuel, en gagnant de l’expérience en utilisant des points de magie (PM) et en perdant éventuellement des points de vie (PV). On bat des monstres de niveaux différents, montant soi-même dans les niveaux du jeu. Les battre permet de récolter des objets, parfois rares, de remplir des quêtes et de rendre service à d’autres joueurs moyennant argent ou services. On rencontre Naoto et Chris (alias Sucette à la cerise ou SALC), un paladin ou mage blanc de haut niveau, et un ninja. Sauf que cette petite équipe d’amis dans la vraie vie, n’est pas physiquement douée. Ils sont incapables de se battre correctement et de remporter leurs combats. Ils cherchent donc à tout prix un combattant qui puisse les aider dans leurs quêtes. C’est à ce moment-là qu’ils vont trouver kurogawa, un combattant de haut niveau qui va finalement accepter de les rejoindre après un petit épisode de sauvetage où il va allégrement se moquer d’eux.
Lors de leur premier combat sérieux pour remporter la couronne du roi crapaud, kurogawa et Naoto sont en mauvaise posture et ils vont devoir se marier pour partager leurs compétences et pouvoir restaurer leurs statistiques en un baiser, en plein combat. L’idée est intéressante, novatrice et l’on s’amuse beaucoup de voir notre héros embarqué dans cette aventure de mariage, sans trop résister puisque c’est dans un jeu. Seulement, ce jeu qui envahit sa vie va peu à peu contaminer ses sentiments IRL (in real life) et même introduire ses fantasmes. Le jeune homme va se trouver perturbé et secoué dans ses habitudes par cet homme qui change si souvent de caractère face à lui. Il a parfois l’impression qu’il l’aime, parfois il le déteste. Ce qui est si innovant dans ce manga c’est cette vie qui se déroule dans le jeu, et tout l’humour, le lexique, les explications et les situations liées au jeu vidéo. C’est une excellente idée que de nous faire évoluer dans ce monde, d’autant plus que par avatars de personnages on se permet des choses que l’on ne se permettrait pas en temps normal. Les scènes de sexe sont pour l’instant laissées à l’état de rêve, et la relation progresse lentement entre Naoto et Kurogawa. Pourtant, Chris va tenter de faire avancer les choses dans la vie réelle quand il constate que son compagnon de toujours s’attache un peu trop à un joueur qu’il ne connaît pas encore. Il veut absolument vérifier de qui il s’agit avant de le laisser le rencontrer et apprécier la personne possédant le personnage. En bref, c’est un très bon premier volume qui nous amuse, nous ravit, nous distrait et amène un peu de romance inattendue, qui s’amène facilement sans trop en faire, au milieu de combats épiques parfois tournés en dérision, à raison étant donné l’univers développé.
Le graphisme est encore un peu léger par moments, il manque de décors dans le jeu, et les expressions des personnages ne sont pas toujours très nettes. Les proportions sont à peu près respectées, mais clairement les visages manquent de linéarité entre les pages. De plus, l’exagération de certaines expressions telles que la surprise sont un poil trop marquées. Il manque un peu de nuances dans les dégradés de couleurs et dans les traits trop durs. Pourtant, on sent un réel potentiel et une marge de progression qui est bel et bien là et nous permet d’espérer un mieux pour la suite. C’est surtout plein d’humour, agréable et réellement prenant dans la progression des personnages. Étonnamment, on ne s’ennuie pas un seul instant, et on prend bien plus de plaisir qu’à certains autres mangas francophones, moins réussis. A noter que le prix est un peu cher, mais qu’on le pardonne à un éditeur qui n’est pas des plus connus.