Carnets de massacre Vol.1 - Actualité manga

Carnets de massacre Vol.1 : Critiques 13 contes cruels du Grand Edô

Koro Koro Soushi

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 13 Mai 2013

Lentement mais sûrement, le style ero-guro se démocratise dans nos contrées permettant à des auteurs assez méconnus d'être parus en France. Après Suehiro Maruo, Usamaru Furuya ou encore Hideshi Hino, quelques uns des pionniers les plus « populaires » du genre en France, un nouveau larron commence à son tour à se faire un nom : Shintaro Kago. Avant Fraction et Anamorphosis, l'auteur nous était présenté par Imho deux ans plus tôt avec Carnets de Massacre, une série en deux volumes.

Comme nous l'indique le sous-titre « 13 contes cruels du grand Edô », nous avons ici affaire à treize histoires courtes plus ou moins indépendantes. Chacun des récits se déroule dans l'ancien Tokyo et les passerelles entre les différents contes se font nombreuses, à travers des personnages ou des situations.
Un club où des maris exhibent fièrement leur femme dont ils altèrent volontairement la beauté en les mutilant au possible, une prostituée capable de déplacer sa langue dans son corps pour la faire jaillir de chacun de ses orifices ou encore un petit et au premier abord innocent pantin de bois qui se transforme en assassin sanguinaire la nuit venue ; voici quelques unes des situations que le manga nous donne à voir.

Inutile de préciser que l'ouvrage n'est absolument pas à mettre entre toutes les mains, comme en atteste la mention « Interdit aux moins de 18 ans » sur la quatrième de couverture. Les scènes pornographiques aux mœurs plus que particulières coutoient étroitement le sang, le pus et la tripaille pour un résultat certes peu ragoûtant.
Attention toutefois à ne pas rester buté sur ses préjugés au point de considérer d'office l'ouvrage comme un ramassis d'immondices purement gratuites. En effet, si on ne peut nier que l'auteur tombe dans une certaine surenchère, celle-ci lui permet de nous présenter des situations absolument inédites, intensément grotesques et imaginatives. L’œuvre est un condensé de situations qui s’avéreront passionnantes et poilantes à souhait pour qui adhère au style, ce qui nécessitera une certaine abstraction de la morale la plus élémentaire.

LE gros point fort de toute la bibliographie de Shintaro Kago réside dans cette folie créative que l'on n'aurait à peine osé entrevoir dans nos délires les plus déments. On sent que l'auteur s'en donne à cœur joie, et le plaisir que, j'en suis sûr, il a éprouvé en concevant ses histoires qui repoussent les limites de l'absurde, déteint sur le lecteur qui dévore littéralement l'ouvrage, s'étonnant de telle ou telle situation à presque toutes les pages.
Les personnages, à la fois incroyablement humains et inhumains nous apparaissent drôles et sympathiques malgré leur cruauté sans bornes, qui affecte tout autant nos « héros » que leur ennemis. Le bienfaiteur d'un instant sera le criminel du suivant, et inversement.

Graphiquement, le style simple mais maîtrisé et unique de l'auteur permet une immersion encore accrue par le grand format du volume. Rarement la laideur n'aura été aussi belle.

Comme souvent, le travail d'Imho frôle la perfection, que ce soit au niveau de l'encrage, du papier ou de la traduction. Profitons-en pour les remercier une nouvelle fois de prendre le risque de publier des ouvrages aussi atypiques en France.

Vous avez une sainte horreur du gore et du sexe ? Carnets de massacres n'est assurément pas fait pour vous. En revanche, si vous avez le cœur bien accroché et que vous cherchez à passer un excellent et incomparable moment de lecture, jetez vous sur cette petite perle qui vous choquera très certainement, ce qui ne vous empêchera en aucun cas d'en redemander. Cela tombe bien, le second volume est paru récemment, courez vous le procurer !


Luciole21


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Luciole21
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs