Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 18 Avril 2023
La mission au Moyen-Orient, et par la même occasion la recherche du Rubayat pour peut-être soigner Shôta, sont désormais achevés. Miharu et Raizô sont rentrés au Japon, où certaines choses ont un brin évolué, à l'image de la prise de galon du "traître" Saitô dans les services de sécurité. Miharu, elle, reste encore troublée par son incapacité à sauver Bersa des griffes de son "père" Radom, la seule personne à qui elle arrive à se rattacher même s'il ne fait que l'exploiter. Et notre héroïne n'en a clairement pas encore fini avec son "amie" dont elle ne sait plus quoi penser, puisque Bersa est à présent au coeur d'une véritable scène d'apocalypse en plein New York: suivant les ordres qu'on lui a donnés, elle a déclenché une tuerie dans les rues de la grande ville américaine, avant de parvenir à prendre la fuite. Ces scènes de chaos semblent surtout servir la campagne portée par la proposition de régulation des armes de Guile Starman, le principal rival du président actuel Thompson (une délicieuse caricature de Donald Trump, dont on pourra admirer le bling-bling, l'absence totale de tact et la crétinerie tout au long du volume, même si là il est dans le camps des "gentils", ou plutôt des moins méchants). Si bien que nos héros se posent naturellement une question: Starman ne travaillerait-il pas en coulisses avec le Nouvel Ordre Mondial, et donc pour David Falcone ? C'est ici une chance pour l'agence SS d'approcher leur plus grand ennemi, Falcone, dont le projet inquiétant de bâtir un "Nouvel Ordre Mondial" semble plus proche que jamais d'aboutir depuis qu'il est devenu le président de la Banque Central Européenne. Ainsi Miharu et Raizô se voient-ils confier une mission plus périlleuse qu'aucune autre auparavant, et où ils pourront heureusement compter sur l'aide de Kinume et de Shapiro: profiter d'une visite du Premier Ministre japonais à la Maison Blanche pour s'y infiltrer, et entrer en contact avec le président américain dans le plus grand secret pour le mettre en garde sur les agissements fourbes de David Falcone. Mais tout va-t-il se dérouler comme prévu ?
Après nous avoir laissé sur les images glaçantes de la petite Bersa en train de semer la mort dans les rues de New York, Tomonori Inoue ne laisse donc aucunement le rythme retomber en envoyant directement notre quatuor principal aux portes de la Maison Blanche, où ils vont devoir tout bonnement déjouer le système de sécurité qui est réputé comme le plus infaillible du monde. De ce côté-là, l'infiltration pourra paraître un peu trop simple, mais on s'amusera assez de voir que nos héros sont bien aidés par la crétinerie du président Thompson ! Mais c'est surtout à partir de là que le tome va s'emballer pour ne plus jamais nous lâcher, tant les choses ne vont pas se passer comme prévu, avec de nombreux rebondissements où David Falcone et ses sbires (ici Radom et Mauser en tête) semblent toujours avoir un coup d'avance, et où nos héros vont donc devoir plusieurs fois s'adapter, dans la précipitation, pour empêcher le pire d'arriver. Dans un rythme trépident, porté par quelques-unes des scènes d'action aussi brèves que brutales dont il a le secret (Miharu et Raizô étant toujours en grande forme), le mangaka joue efficacement la carte classique mais efficace de la crise financière internationale pour plonger le monde dans le chaos. Et ainsi, même si le camp de Falcone constitue clairement la faction antagoniste de la série, Inoue s'offre l'occasion d'aussi tirer sur certaines folies de notre monde actuel, qui pourrait s'effondrer simplement à cause de gros billets. Classique, mais toujours efficace.
A l'arrivée, il est difficile de s'ennuyer à la lecture de cet avant-dernier volume particulièrement prenant et efficace. Il n'y a aucun temps mort, ça reste bien gratté, et les enjeux s'intensifient en vue de la toute dernière ligne droite, y compris dans la perspective de revoir Bersa et Lem. Inoue trouve même le moyen de glisser dans tout ça une légère pointe sentimentale, permettant une brève mais belle petite mise en avant des valeurs et de la cohésion du trio Miharu/Raizô/Kinume du point de vue de Shapiro. Et puis, il n'oublie pas de nous laisser sur une toute dernière page assez inquiétante... Autant dire que l'on se ruera sur le dernier tome à sa sortie !