Caffe Latte Rhapsody - Actualité manga

Caffe Latte Rhapsody : Critiques

Caffe Latte Rhapsody

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 27 Avril 2009

« J’ai l’impression de boire le cosmos »

Tout commence dans la librairie où travaille Serizawa. Il y fait la rencontre d’un client pas comme les autres, et apprend à le connaître au-delà des apparences. Ce qui les réunis ? Un caffe latte aux allures de firmament. Toute la relation Keito / Serizawa est logique, et pas calculée ou mal ficelée : l’histoire des chatons, par exemple. Pas de drague, juste un malaise hilarant de la part de Keito. Leur apprentissage de l’amour émotionnel ou physique se fait à petit pas, naturellement, avec beaucoup de poésie, de légèreté. Leur relation se noue avec la plus grande évidence, leur complicité naît peu à peu pour fondre comme un sucre dans le café, afin de laisser place à une douce romance, remplie de rire et de bonne humeur. Mais ce n’est pas parce que les sentiments aboutissent rapidement que la suite est ennuyante, où que tout se termine. On suit leur quotidien, leurs préoccupations. Si Keito semble bien amoureux (il se révèle par moments, de temps à autre sans crier gare, en disant ou faisant quelque chose d’inattendu), Serizawa est beaucoup plus distant. En fait il n’a rien fait dans cette relation, il laisse les choses arriver depuis le début, il est spectateur de son histoire d’amour, allant jusqu’à donner des conseils à une fille amoureuse de Keito … Il essaie d’être compréhensif mais se détruit de l’intérieur en refoulant son besoin de possessivité. Du coup, il gâche le bonheur qu’il pourrait vivre … C’est un caractère tellement vrai, mais surtout inhabituel. Il se dévalorise pour justifier la distance qu’il met entre Keito et lui à force de se détruire, et donc de fragiliser leur lien, basé sur le partage entier de deux personnes.

« Ca veut dire quoi méprisable ? Je ne connais pas ce mot … »

Keito ne connaît pas bien le japonais, il est mal à l’aise en société, il est timide, rougit quand il est heureux, pleure quand il se sent coupable, agit sur des impulsions, n’est pas bavard … Et pourtant il en impose, il est grand et au début effrayant. Et là, c’est le petit brun qui est espiègle, rieur et charismatique. Et aucun n’est un dragueur, aucun de cherche l’autre, pas de réelle soumission, mais une égalité totale, une symbiose entre les deux jeunes hommes, incarnant un tout autre rôle dans leur couple qu’on aurait pu croire. On voit bien ici que tout est étroitement lié : le bonheur, l’amour, l’acceptation de l’autre et de soi même, le partage, la reconnaissance de chacun, les efforts à fournir … C’est le timide qu’on n’attendait pas qui semble découvrir le premier des sentiments, et l’autre, amoureux à la chaîne, ne se rend compte que par les larmes à quel point il tient à Keito. La première fois qu’il pleure, qu’il agit par passion, sur un coup de tête, est le moment de « révélation », pas transcendante mais importante pour les deux amoureux. Les stéréotypes sont totalement bouleversés, cette histoire est hors du commun, et nous offre une belle leçon de vie plutôt qu’une romance amusante à suivre mais tombant dans le cliché. Enfin un yaoi qui rompt la monotonie ! On commençait à s’impatienter, depuis le magnifique Jeu du chat et de la souris, paru chez Asuka.

Le graphisme aérien des personnages est doux, s’immergeant dans la quiétude des sentiments quotidiens. Ce dessin, subtil et poétique, est mis en valeur par des arrières plans sommaires, qui ne dérangent pas vraiment, tant le découpage est conforme au rythme de la narration. Même s’il arrive que la taille des cases et l’abondance de texte charge un peu certaines pages, on passe facilement sur ce détail, bien rattrapé par une traduction plaisante, retranscrivant les onomatopées pour une fluidité de la lecture. Celle-ci s’avère d’ailleurs facile, en dépit de la taille du manga. Il est si savoureux de profiter d’un conte comme celui là que le temps nécessaire n’a plus d’importance. Néanmoins, comme souvent dans toutes les éditions actuelles, le papier est assez fin et les pages fragiles, mais ce détail ne nous empêche pas de profiter de l’histoire entre Keito et Serizawa, pour laquelle Toko Kawai a réussi un très bon travail. Enfin, la présence de quelques pages de bonus très humoristiques est la bienvenue, puisqu’elle permet d’ajouter au charme du titre. Un yaoi à lire sans hésitation, même si les amateurs de scènes peuvent être déçues s’ils s’arrêtent à la dimension physique d’une relation.

« Un amour parfait comme dans un shojo … En réalité c’est ce que j’ai toujours désiré. »


NiDNiM


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs