Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 28 Février 2012
Première œuvre de la mangaka Noboru Takatsuki en France, Café Gourmand nous promet une petite lecture sympathique, sans trop de prétention mais avec une bonne humeur affichée. La couverture nous attire avec ses couleurs, et comme toujours Taïfu a fait un beau travail d’adaptation sur le titre du manga et la police utilisée. La page couleur et les têtes de chapitre nous emmènent sur le même constant : Café Gourmand ne sera sans doute pas la lecture de l’année, par son air nonchalant et les délires dans lesquels il parait nous promettre de partir. L’histoire est d’ailleurs très simple. Yasutomo Inui est un lycéen comme les autres, à la différence près qu’il travaille dans le restaurant de son frère en tant que serveur. Le problème ? Malgré la qualité des plats, les clients se font rares, sans doute à cause du peu de concept de l’établissement et la mauvaise humeur du patron, qui voit son affaire faire route vers une faillite assurée. Heureusement, un client régulier et ancien host leur donne l’idée de changer entièrement le concept du restaurant, pour en faire une sorte de maid café dont tous les serveurs seraient de beaux jeunes hommes, déguisés de différentes manière au fil des jours. Bien sûr, ils n’ont pas les moyens de recruter des serveurs alors les premiers temps, ceux-ci ne seront pas payés et seulement ... logés et nourris. C’est ainsi que Kyosuke s’installe chez les deux frères, suivi de près par d’autres hosts ayant aussi abandonnés leur travail. Sauf que Kyosuke a des vues sur Yasumoto ...
Malgré le concept amusant des déguisements, quoique pas vraiment original ni des plus fins en ce qui concerne les différents fantasmes instaurés par l’uniforme, le manga n’arrive pas vraiment à décoller. C’est bien malheureux mais il n’y a au final aucune intrigue dans ce one shot qui, plus que sans prétention, n’a aucune ambition ni aucun but à part exister et nous offrir un divertissement limité. En effet, les personnages qui pleuvent sur l’histoire n’ont aucune profondeur, aucun passé. Kyosuke a quitté son métier d’host sans que l’on sache réellement comment cela a pu l’affecter, pourquoi il a fait ce métier, pourquoi il l’a quitté ... Ceux qui le suivent avec envie sont du même genre, sans passé ni avenir et n’ont que le mérite d’exister pour combler toutes les lectrices, dans les différents styles physiques et caractériels histoire de toucher un large public. Ensuite, les émotions de notre couple principal. On remarque qu’ils passent rapidement du « je suis troublé » à « on fait des préliminaires » puis à du « il me manque » alors « on couche ensemble ». Voilà le manga résumé en quatre phrases, et tout cela avec un Kyosuke très dirigiste et un Yasumoto soumis ... qui pourtant a des réflexions parfois étranges, qui ne collent pas avec son tempérament pleurnichard et timide. En somme, même le héros est mal travaillé ou alors trop rapidement au niveau des émotions si bien qu’on le cerne difficilement. Enfin, l’amour arrive comme un cheveu sur la soupe, avant les scènes de sexe, comme une mauvaise histoire d’amour qui n’a rien ni de sensuel ni de touchant ...
Voilà qu’il ne reste que les graphismes à décrypter. Les dessins ont beau être relativement sympathiques, il y a une sorte de rigidité dans les poses, dans les regards et dans les attitudes. Les yeux sont tous un peu les mêmes et les visages ne sont pas vraiment expressifs, bien qu’ils soient exagérés au niveau du trait. Les proportions ne sont pas extraordinaires, pas plus que les décors et tout ce que l’on retient au final ce sont les costumes, vaguement intéressants. Sans plus, un peu comme tout le reste du manga qui se contente de peu alors que l’auteur aurait pu creuser bien plus les émotions à nous transmettre. L’édition de Taïfu est semblable à nos habitudes : une bonne qualité globale avec le plaisir d’une page couleur et d’une jolie couverture, mais un petit regret pour les onomatopées qui ne sont qu’à moitié adaptées, certaines l’étant, d’autres non. En somme, un petit one-shot qui est loin d’être indispensable dans notre bibliothèque ...