Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 18 Octobre 2010
On connait d’avantage Bus Gamer, de l’auteur de Saiyuki, pour les trois épisodes animés qui sont sortis chez Black Bones. Et, de fait, cela peut se comprendre. En effet, Tonkam prend un certain risque en publiant ce tome de Bus gamer, bien qu’il ravisse les lecteurs assidus de l’auteur. Mais celle-ci n’ayant à ce jour que travaillés sur des chapitres assez épars de ce manga, c’est une édition pilote qui nous est offerte, sans réelle promesse d’une suite. Prions donc pour que la mangaka se remette à travailler les trois personnages charismatiques qu’elle nous présente, comme elle le dit dans sa postface. L’histoire est donc celle de trois jeunes hommes qui se retrouvent associés par la force des choses dans un grand jeu entre entreprises, dans un univers assez proche du notre. Le jeu Bus Gamer met en jeu deux entreprises à chaque duel, donc deux groupes de trois. L’un sera chargé de conserver une disquette contenant des informations confidentielles à leur entreprise, l’autre devra le leur prendre pour gagner. Nakajo, Saito et Toki forment une équipe assez hétéroclite appelée AAA, « no name ». Le premier est un coucheur nonchalant près à s’allier à n’importe qui pour ses intérêts, le second est un lycéen joyeux croyant à l’amitié et pas très futé en dehors de son domaine de prédilection, l’électronique. Le dernier, enfin, est le plus mystérieux avec sa grande maitrise des arts martiaux. Ce qui les rassemblent ? Un besoin impérieux de gagner beaucoup d’argent.
Par rapport à l’animé, les six derniers chapitres correspondent à ce qu’on a pu connaitre tandis que les cinq premiers sont inédits. On apprécie ces informations supplémentaires permettant aux personnages de se mettre en place. Ils vont par exemple comprendre que leur état de gagnant ou de perdant ne décide pas seulement de leur prime, mais que le jeu est bien plus strict que prévu. Une seule solution : continuer à gagner à tout prix, se hisser vers le sommet sans relâche. Les premiers chapitres nous permettent également d’en apprendre plus sur chacun des protagonistes de Minekura, et l’on commence à apercevoir une part de leur histoire familiale, qu’on aimerait découvrir plus en détails … Ceux-ci restent assez égaux des figures créées habituellement par l’auteur : un charisme dingue, un air de m’as-tu-vu nonchalant et je m’en foutiste, un dédain des détails et une totale confiance en eux. De même, elle reprend comme dans Saiyuki une amitié pas vraiment évidente mais qui pourtant se met en place, au-delà des carapaces de désintéressement. Et tout cela grâce à Saito, comme Goku qui unit les troupes. Le comique de la bande, le dragueur invétéré la clope à la main et le mystérieux jeune homme qui ne sourit pas ni ne dit mot sur lui … ça nous rappelle fortement un certain petit groupe, et il manquerait presque la place du sage régulateur calme et impérieux.
De l’histoire, on pourra dire qu’elle est à la fois originale et stéréotypée. L’idée de base est plutôt réussie, mais le style de narration avec des combats, des moments de détente un peu en dehors de la logique que l’on pourrait s’imaginer nous fait trop penser à Saiyuki. Dommage que l’auteur ait manifestement du mal à se détacher d’un style qui paie, mais qui pourrait devenir redondant si on le retrouve dans toutes ses œuvres. Toutefois, la lecture est plutôt plaisante et les personnages très intéressants à suivre, même si le tout est bien trop court. On espère que Tonkam ne se lance pas à tort et à travers dans le Minekura, et que l’idée de publier d’autres de ses séries pourrait suivre. Des séries terminées, tant qu’à faire. Puisqu’entre Bus Gamer l’édition Pilote et Panini qui stagne Saiyuki Reload … L’auteur n’a que peu de chance de succès ici bas.
Expressions, attitudes, sourires et style vestimentaire … On retrouve les fondamentaux de l’auteur jusque dans son trait si caractéristique, pourtant plus affiné et travaillé que dans Saiyuki, qui est plus ancien. Remarque, la qualité de l’édition est sans doute pour beaucoup dans l’appréciation des graphismes ! Si Tonkam peut se faire reprocher, comme à l’ordinaire et sans surprise par rapport aux autres éditeurs, la non adaptation des onomatopées, c’est bien tout ! Le tome est épais pour un prix qui reste largement abordable, ce qui nous change des productions de Panini. De plus, les pages sont bien blanches et très peu transparentes, une page couleur orne le tout et les contrastes sont bien présents ce qui donne un rendu extrêmement plaisant à l’œil, suffisamment pour que l’on puisse le faire remarquer. Vraiment dommage que niveau onomatopées il n’y ait eu qu’un très léger travail de fait … De plus, de nombreuses fiches explicatives et remémoratives sont présentes tout le long du manga, ce qui est un atout supplémentaire. Bref, pour les fans de Minekura c’est un indispensable. Pour les autres, c’est un très bon moment à passer avec des figures caractérielles et typées, une histoire prometteuse et un graphisme au rendez vous pour de beaux moments de combats et de nonchalance. Un seul reproche : qu’on n’ait aucune promesse de suite … Un très bon tome 1 qui remplit toutes les exigences qu’on pourrait avoir d’un début de série.