Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 24 Avril 2025
Depuis que le rythme de parution japonais de Bride Stories a été rattrapé il y a déjà plusieurs années, chaque nouveau tome du bijou de Kaori Mori est un petit événement tant l'oeuvre suit désormais un rythme très lent, comme en atteste encore l'arrivée de ce 15e volume deux ans après le tome 14. Une attente toujours justifiée puisque l'on sait à quel point la mangaka, véritablement amoureuse de son sujet et de ce qu'elle dessine, fait attention au moindre petit détail, chose qu'elle prouve encore admirablement ici à chaque page: paysages, bâtiments, intérieurs, animaux, personnages des cheveux jusqu'aux pieds, vêtements, artisanat... Tout bénéficie d'un soin méticuleux et de nombreux motifs qui, à chaque fois, on de quoi nous pousser à contempler en détails chaque planche.
Côté histoire, nous laissions Henry Smith, Talas et le cheval Çulas à la recherche d'un bateau en direction de l'Angleterre, pour que le jeune homme puisse enfin présenter à sa famille la femme qu'il aime et dont il souhaite faire son épouse. Bien que vite vu, le voyage maritime ne manque pas d'attrait avec le côté gentleman de Smith envers talas pour la cabine et, surtout, l'étonnante "amitié' qui naît entre le cheval et le chat du navire. L'essentiel se situe toutefois bel et bien dans l'arrivée à Londres et dans la présentation de Talas aux proches de Henry... avec tout ce que ça peut impliquer à cette époque ? Tout le monde acceptera-t-il une étrangère en ces lieux ? Le père et surtout la mère de Henry donneront-ils facilement leur accord pour le mariage ? Une telle union salirait-il l'image de la famille ?
On vous laisse découvrir tout ça, au fil de pages où la mangaka parvient vite et bien à poser certaines problématiques et éléments du contexte anglais de l'époque, société encore très hiérarchisée et où le rang comptait beaucoup. Mais quoi qu'il en soit, l'important reste que henry et Talas se sentent heureux ensemble, et ils ne vont cesser de le montrer. Dans un contexte où elle est "seul" dans un pays étranger dont elle peine à comprendre la langue, Talas pourrait dépérir, mais il semble qu'il n'en est rien: non seulement ses expressions profondes emplies de douceur sont un plaisir apaisant à regarder, mais en plus ses pensées et sa volonté de tout faire du mieux possible démontrent de plus belle tout son attachement pour l'homme qu'elle aime, et enfin elle sait constater que, au-delà des inévitables différences culturelles, il y a des choses tout à fait universelle dans la façon de vivre des gens, et des éléments que l'on retrouve partout, ne serait-ce que l'élevage de moutons et la confection d'habits avec leur laine. Quant à notre cher Henry, toujours assez délicieux dans ses moments plus imprévisibles (la preuve, il n'avait prévenu personne qu'il comptait épouser une étrangère), et derrière ses moments tête-en-l'air, il ne manque jamais de s'inquiéter du bien-être de Talas, cherche bel et bien comment gagner sa vie (et pour ça, ses récits de voyage pourraient être utiles), et ne manque pas d'affirmer l'importance de celle qu'il aime auprès de lui.
On a donc un volume très joli, comme toujours avec cette délicieuse série, quand bien même l'histoire nous éloigne cette fois-ci considérablement de l'Asie centrale pour nous plonger en Angleterre. Néanmoins, Kaoru Mori n'oublie pas pour autant ceux que Talas et Smith ont laissés derrière eux, que ce soit la belle-mère de cette dernière qui se voit enfin rassurée de façon touchante sur la survie de la jeune femme, ou ce cher Ali qui, une fois revenu de son périple avec l'explorateur anglais, est à son tour vite et bien confronté à la question du mariage, pour un résultat où on se met vite à adorer Madina, ses sentiments sincères au-delà des questions d'argent, et surtout ses petits changements de caractère !