Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 12 Mai 2023
Tandis que l'hiver bat son plein sur l'Asie centrale du XIXe siècle, au nord l'empire russe menace, en cherchant actuellement à s'emparer d'un port ne gelant pas l'hiver. Dans ce contexte où l'invasion semble imminente, Smith a déjà fait son choix, en devant se résoudre amèrement à arrêter son voyage pour embarquer en bateau jusqu'à Bombay. Mais du côté des clans des steppes et des villes menacées, qu'en est-il ? Eux aussi doivent désormais prendre des décisions. Et c'est dans cette optique qu'Azher, qui a pris la succession de Berkut au poste de chef du clan Hargal, est convié avec ses cousins Joruk et Baymat à une grande réunion entre les différents peuples de la région...
Dans cette réunion où les armes sont interdites et où l'on découvre rapidement différents clans ainsi que leurs patriarches, l'enjeu est aussi clair qu'important: tempérer les querelles entre les clans nomades et les sédentaires de la ville, oublier les conflits passés entre eux pour s'organiser ensemble contre l'ennemi bien plus important que représente l'envahisseur russe. Mais pour sceller les alliances, il est forcément question de mariage. Et avant cela, encore faut-il prouver sa valeur !
C'est là tout l'enjeu de la très grosse majorité de ce 14e volume, si ce n'est de l'ensemble du tome. Et en se réappropriant soigneusement les coutumes des peuples qu'elle met en scène, Kaoru Mori a ici tout le loisir de démontrer une nouvelle fois ses vertus graphiques en dépeignant, en guise d'épreuve, une longue et belle course de chevaux ponctuée de quelques rebondissements captivants. C'est bien simple: l'ensemble de cette course, mise en scène avec ampleur dans les immenses plaines d'Asie centrale, est aussi épique que magnifique à regarder, que ce soit grâce aux qualités de mise en scène de l'autrice, ou grâce à la puissance visuelle qu'elle met dan chacune de ses planches. Tandis que les décors immersifs, vastes et soignés défilent sous les coups de sabots des chevaux, Mori dessine avec un soin grandiose les chevauchées, les silhouettes, la rapidité et la musculature de ces montures, en particulier des chevaux Karkaschka et Alkik qui sont superbement mis en valeur. Et évidemment, les cavaliers et cavalières ne sont pas en reste, en particulier un Azher qui brille dans sa détermination et sa force, et une Jahanbikeh qui, en plus de s'imposer comme une femme bourrée de caractère et de charisme, n'a absolument rien à lui envier !
L'issue de cette épreuve pleine de verve et de passion est évidente, en nous rappelant au bon moment pourquoi la série s'appelle Bride Stories: pour le 100e chapitre de l'oeuvre, il ne pouvait qu'être question de noces ! Et si Mori y sublime chaque instant en détaillant avec son soin habituel les parures, les montures et autres éléments des tenues et cadres de mariage, elle sait également installer trois nouveaux couples qui sont tous bien différents, pour autant de visions du mariage.
Et Amir et Karluk dans tout ça ? Eh bien, s'ils restent plus secondaires dans ce volume, ils ne sont aucunement oubliés, et on les retrouve avec plaisir au moment où eux-mêmes se retrouvent après l'absence de Karluk. Entre sublime chevauchée dans les steppes enneigées, chasse au cerf, moments d'intimité, et promesse de se protéger l'un(e) l'autre, Kaoru Mori met toujours aussi bien en valeur la complicité et la tendresse de son couple-vedette. Tout en n'oubliant jamais de rappeler, derrière tout ça, que la menace russe se rapproche toujours plus...