Brave Bell Vol.1 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 11 Février 2025

Le début de ce mois de février a vu les éditions Doki-Doki lancer en France Brave Bell, un manga achevé en six tomes, qui a été prépublié au Japon en 2023-2024 dans le célèbre Shônen Magazine des éditions Kôdansha, et qui nous permet de découvrir pour la première fois en France deux mangakas: tandis que le dessinateur Okane semble signer là la toute première série de sa carrière, le scénariste Meeb (ou Mebu) a, quant à lui, déjà quelques histoires à son actif depuis ses débuts professionnels il y a une douzaine d'année, en étant notamment réputé pour le scénario de la série-fleuve Acma:Game qui fut dessinée par Kouji Megumi (la dessinatrice de la saga Bloody Monday, également).

Dans cette série, tout commence par des premières pages assez sereines: on commence par voir un enfant rêvant d'avoir plus tard la même bravoure et le même sens de la justice que le héros du dessin animé Brave Bell qu'il adore, avant de retrouver ce même garçon à l'adolescence, dans une scène du quotidien qui paraît d'abord anodine: avant de partir pour le lycée, il souhaite la bonne journée à son père, à ses frères... puis à de plus en plus de monde qui l'appellent "monsieur", si bien que l'on comprend vite qu'il n'est pas n'importe qui: Sôji Sanada est fils de yakuza, et ça n'a jamais eu de cesse de lui jouer des tours. Il a beau aimer sa famille et ses proches, et avoir gardé le même sens de la justice qu'avant en venant en aide aux personnes dans le besoin, le fait est que, simplement par qu'il est fils de yakuza et parce qu'il sait clairement se battre, il n'a aucun ami et nombre de rumeurs négatives persistent constamment et sans fondements sur lui. Les seules personnes qui osent l'approcher au lycée sont d'un côté des petites frappes reloues qui disent vouloir devenir ses disciples sans avoir conscience que le milieu des yakuzas n'est plus du tout comme avant, et de l'autre côté Koharu Takebayashi, le cliché de la belle déléguée que tout le monde apprécie (même si, vers la fin du tome, elle nous montrera rapidement un tout autre aspect de sa personnalité).

Dans les premières dizaines de pages, les auteurs s'appliquent consciencieusement à poser leur personnage principal, ses valeurs, ses douleurs comme sa solitude qu'il ne veut pas totalement s'avouer, la façon dont on le considère à cause de ses origines, son cadre de vie particulier permettant notamment de mettre en avant à la fois le statut des yakuzas de nos jours (bien moins en vue qu'il y a quelques décennies, comme chacun le sait) et l'amour familial dans lequel il a grandi malgré tout... cette entrée en matière se révélant donc suffisamment immersive pour que, ensuite, on entre dans le vif du sujet avec choc et fracas, dès lors que l'ensemble du clan et de la famille de notre héros est assassiné, massacré dans des circonstances invraisemblables, comme si l'affrontement avait été à sens unique face à une force ennemie dépassant l'entendement. Commence alors pour Sôji une quête évidente, à la fois pour comprendre ce qui a pu se passer, pour savoir pourquoi les siens ont été massacrés ainsi en le laissant seul au monde, pour découvrir qui est derrière tout ça et comment il s'y est pris... et, inévitablement, pour se venger, quand bien même son père n'aurait jamais voulu qu'il agisse ainsi.

Etant donné que les circonstances du massacre sont très mystérieuses, Meeb n'a aucune difficulté à nous intriguer, et très vite des pistes et avancées se font de manière tout aussi intrigante voire assez sombre et cruelle, surtout à partir du moment où Sôji apprend l'implication d'une mystérieuse organisation surpuissante et insaisissable qui serait derrière tout ça, et découvre l'existence d'une étrange et taciturne fillette qui a un lien étroit avec lui et dont on cerne vite que sa vie fut jusque-là atroce. La présence de la petite Akuri n'est évidemment pas anodine, en permettant vite à Sôji de se raccrocher encore à quelqu'un: lui qui se pensait totalement seul désormais (mais n'oublions pas non plus la déléguée, dont on a hâte de voir le rôle à venir) et était prêt à sacrifier sa vie pour sa vengeance, il aura désormais encore quelqu'un à protéger. mais le rôle de cette enfant sera très loin de se limiter à ça au vu de son passé et de sa condition amenant dans le récit au bon moment, une part de fantastique qui passe bien.

Si l'on excepte quelques petits détails secondaires curieux (il reste étonnant que personne ne se pose de questions sur l'invraisemblable surpuissance de Shenhua), Brave Bell a ainsi tout ce qu'il faut pour susciter la curiosité et divertir: un point de départ intrigant, de nombreuses zones d'ombre stimulantes, un travail sur le personnage principal assez prometteur puisqu'il va être pris entre sa soif de vengeance, ses émotions, son sens de la justice et son désir de protéger les rares proches qu'il lui reste, des visages secondaires assez clichés mais correctement campés... sans oublier un travail visuel impactant, Okane proposant un rendu graphique très clair et expressif, porté par des designs soignés, des décors bien présents et immersifs quand il le faut, et surtout quelques élans de violence très directs quand c'est nécessaire pour marquer les esprits. En un mot, tout cela s'annonce efficace, et on attendra avec un certain intérêt la suite de ce manga d'action et de suspense qui démarre plutôt sur les chapeaux de roue !

Enfin, du côté de l'édition, on regrettera juste des moirages parfois beaucoup trop visibles dans l'impression, ainsi que quelques coquilles de conjugaison ayant échappé à la relecture dans le chapitre 1 (mais rien qui ne nuise à la compréhension), petits couacs qui, il faut l'avouer, sont généralement très rares dans les éditions qualitatives de Doki-Doki. mais hormis ces détails, on reste sur une très bonne copie pour le reste: la jaquette est très proche de l'originale nippone, le papier est assez épais et agréable à manipuler, le lettrage du Studio Charone st très soigné, et la traduction de Frédéric Malet est vive et claire.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.25 20
Note de la rédaction