Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 27 Mai 2025
"Ca va enfin aller mieux pour toi… maman…"
Revenu dans son étouffante ville natale pour se confronter une bonne fois pour toutes avec sa mère, Reiji n'a trouvé, dans la demeure familiale, que Gen, qui a affirmé avoir tué Yûko et l'avoir jetée dans la rivière sur sa propre demande, et qui s'est entièrement dévoilé à notre héros tout en affichant son désir de mourir avec lui. Parvenant à raisonner Gen, tourmenté depuis toujours par sa peut de devenir adulte, par sa crainte de ne pas pouvoir être lui-même et par ce que Yûko l'a poussé à commettre dans son enfance, Reiji l'accompagne à présente jusqu'aux portes du commissariat, où il va pouvoir se livrer, non sans lui faire la promesse de l'attendre. Mais pendant ce temps, Reiji apparaît seul, ou presque.
D'un côté, son retour dans cette ville s'accompagne de certaines retrouvailles rarement bénéfiques. Ici, ses anciens potes de lycée n'ont de goût que pour les ragots. Là, une visite à sa grand-mère Yumiko qui a été placée dans un établissement tourne mal, dès lors que le jeune garçon apprend enfin les horribles raisons pour laquelle sa mamie ne l'a jamais aimé... des raisons qui,encore et toujours, semblent être le fruit de tout ce que Yûko a pu insinuer dans l'esprit de ses proches. Où s'arrêtent la vérité et les mensonges chez cette femme qui a visiblement tout fait pour que son fils n'appartienne qu'à elle et lui serve juste de réconfort dans sa vie ? Seules deux choses sont sûres: la manière dont Yûko a pu à la fois être victime et bourreau au fil de son existence en répétant en quelque sorte les mêmes travers que ses aïeux, et le fait que la mort qu'elle recherche depuis toujours se refuse obstinément à elle... Dans tout ça, le rapport de Reiji envers Yûko, oscillant entre compassion et haine, reste forcément très nihiliste.
Mais si c'est une forme de solitude qui règne au-dessus de Reiji au fil de ce tome, ce n'est pas uniquement à cause des retrouvailles pessimistes, mais aussi à cause des absences de personnages qui ne lui répondent plus au téléphone. Qu'il s'agisse de Yuri, de Nagi ou de Tchako, chacune de ces trois femmes se confronte à ses propres tourments qui grandissent encore et où il y a encore bien des choses à retenir: la volonté de Yuri de ce confronter à Nagi et à Esemori, les difficultés de celle-ci à tirer totalement un trait sur celui qu'elle est désormais sûre d'aimer (il suffit de voir son comportement parfois très possessif quand elle se frotte à Nagi), la passivité de l'idol sur qui tout semble couler sauf la promesse faite par Reiji, et les actes de Tchako précipitant de nouvelles problématiques en laissant entrevoir ou confirmer certaines choses (son père est décidément un véritable c***ard, et l'envie de Nagi d'en finir pourrait remonter à bien plus longtemps qu'on ne le pense au vu de certains nouveaux détails de sa jeunesse), sont autant de choses qui interpellent et qui marquent, en montrant de pus belle toute la difficulté de ces personnages à s'extirper des chaînes qui les maintiennent et les enfoncent vers les abysses.
Mine de rien, il y a alors pas mal de choses à retenir de ce volume parfois éprouvant, parfois malsain et toujours dépressif à souhait. Certaines ficelles auraient beau risquer de lasser à force (parce que bon, dans cette série tout le monde veut mourir mais personne n'y arrive), on sent que Minenami Ryo est maîtresse de ses approfondissements de personnages et qu'elle a encore des choses à raconter.