Border Vol.2 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 29 Juin 2016

Critique 1

L’inspecteur Ishikawa enquête à présent sur le meurtre mystérieux d’une jeune adolescente, poignardée dans un parc. Bien que l’esprit de cette jeune fille apparaisse devant notre héros, cette dernière n’est pas prête à lui divulguer sa réelle identité. Pourtant, c’est bien elle qui demande à ce que notre inspecteur acquitte la fameuse personne qui vient d’être, semble-t-il, arrêtée en flagrant délit de meurtre.

Après un premier opus qui posait des bases convenables, mais qui manquaient d’envergure et de finesse, Border nous revient en grande forme. Tous les manquements que l’on a pu constater lors de la précédente chronique s’évanouissent d’un tour de main et de crayon dans ce second volume. Ici, la série mûrit et s’approfondit par l’intermédiaire d’investigations policières bien menées et nous réservant son lot de surprises et de révélations.

Tout d’abord, Yua Kotegawa et Kazuki Kaneshiro prennent leur temps pour mettre en avant tous les personnages principaux de l’intrigue. Mais ils ne s’arrêtent pas en si bon chemin, ils prennent également le temps pour étoffer des protagonistes jusqu’ici restés en retrait. Nous pensons notamment à l’inspecteur Ichikura. Les auteurs nous font aussi espérer la mise en place de relations plus ambiguës, par exemple celle entre le coroner (c’est une femme) et l’inspecteur Ishikawa.

Comme on a pu brièvement l’indiquer, les enquêtes sont menées de manière réaliste et pertinente, et il en va de même pour leur conclusion. Cela est d’autant plus appréciable surtout lorsque l’on sait qu’Ishikawa possède le don de parler au mort. Les auteurs évitent à tout prix de le rendre omniscient au travers d’un pouvoir surdéveloppé. Au contraire, le fameux talent de notre jeune inspecteur l’amène parfois à d’autres casse-têtes encore plus bien complexes et sombres que prévu. Le volume deux de Border nous transporte ainsi au travers de deux affaires aux origines et aux histoires des plus dramatiques et floues. Sans jamais entrer dans le pathos, les récits se trouvent être tout autant réels que fatalistes. Les choses sont d’autant plus tristes à constater que c’est le genre d’éléments obscurs que l’on peut observer dans notre vie réelle. Les dessous de vérité que, bien souvent, notre société refuse de reconnaître. Des filles qui fuguent des parents violents pour finir en prostituées afin de subvenir à leur indépendance précoce et leurs besoins de tous les jours, des jeunes filles qui disparaissent sans laisser de trace, des proches rongés par le drame, des policiers découvrant des réalités aussi noires que blanches, des inspecteurs procédant à des actes irréguliers afin de faire avancer l’enquête, etc. Oui, tout cela existe bel et bien. Et cela, Border nous le rend bien. Cerise sur le gâteau, les deux enquêtes se terminent remarquablement, de par des fins tantôt surprenantes, tantôt pesantes et impuissantes. Résoudre une affaire ne veut pas forcément dire que le mal qui a été perpétré est apaisé et oublié.

En outre, le don d’Ishikawa doit également se confronter à ses conséquences et à ses limites. En effet, notre héros reste plus que jamais à la bordure entre la vie et la mort, n’ayant aucune certitude quant au temps qui lui reste à vivre. Ce qu’il commence à comprendre durant son temps de travail, par contre, est que l’apparition des morts dépend de l’état cognitif de la victime au moment de leur meurtre. Voilà quelque chose d’aussi plaisante qu’inattendue, venant apporter d’autant plus de consistance et d’intérêt au fantastique qu’insufflent les auteurs dans leur trame.

C’est avec le même regard qu’Ishikawa au crépuscule de ses enquêtes que l’on referme ce second opus. Pensif face à ce qu’il vient de se produire. Marqué par la rudesse cruelle du monde dans lequel nous évoluons. Border, à l’image des tueurs les plus sordides, appose sa marque et laisse ici une empreinte tenace. Une empreinte qu’il nous tarde de voir apposée une fois de plus !


Critique 2

Avec son premier volume, Border offrait des premiers récits un peu trop lisses, mais qui semblaient surtout servir à poser des bases plutôt intéressantes, où la pointe de surnaturel due au pouvoir d'Ango Ishikawa de parler avec les morts s'avérait justement dosée, pour servir des enquêtes teintées d'une ambiance de polar sombre et fataliste. Suite à cela, on attendait un deuxième tome capable d'exploiter au mieux l'univers mis en place afin de proposer des enquêtes plus solides. Ca ne manque pas.

Ainsi la première histoire de ce deuxième opus nous présente-t-elle le cas d'une jeune fille assassinée dans la rue. Tout semble désigner un jeune homme avec qui elle avait sympathisé, et qui s'avère connaître quelques problèmes psychologiques en restant très replié sur lui-même. Pourtant, quand Ishikawa croise le fantôme de la demoiselle, il apprend que le garçon inculpé ne peut être le meurtrier. L'inspecteur va devoir mener l'enquête pour l'innocenter, mais la tâche s'annonce rude, car la victime reste une parfaite inconnue, difficile à identifier... Pour parvenir à découvrir la vérité, Ango va donc devoir tenter de retracer la vie de la jeune défunte, et de déterminer d'où elle vient...
Tandis que l'on se prend facilement dans les investigations d'Ishikawa pour innocenter l'inculpé, c'est surtout l'enquête autour de la jeune fille décédée qui captive autant qu'elle émeut, tant on découvre une vie qui n'a jamais été gâtée. Derrière la beauté de cette adolescente qui semblait avoir la vie devant elle, Ango est peu à peu amené à reconstituer une existence nous plongeant dans nombre de cruelles dérivés de la société : violence et irresponsabilité parentale, figue, prostitution contrainte pour subvenir à ses besoins, sentiment d'abandon et de ne pas exister, perte de repères... c'est toute une forme de misère sociale qu'Ango met en lumière, au fil d'une enquête bouleversante où les avancées de l'inspecteur lui permettent certes d'avancer vers le véritable coupable, mais nourrissent aussi en lui un certain sentiment d'impuissance, sentiment accentué par l'impossibilité pour lui de lever le voile sur l'ultime mystère de cette jeune fille qui restera une inconnue. Au bout du compte, impossible de ne pas s'attacher à cette victime dont Ango éclaire toute une facette de la triste vie.

Quant à la deuxième histoire, elle plonge Ishikawa dans une affaire on ne peut plus sordide, le faisant remonter jusqu'à une affaire beaucoup plus vieille, pour un résultat où se dessine peu à peu une triste affaire de vengeance et le portrait d'une vie brisée par un ancien crime. L'affaire s'avère rondement menée, d'autant qu'elle contraint l'inspecteur à s'interroger sur ce qu'est la justice dans ce genre de cas... Et là aussi, Kaneshiro et Kotegawa délivrent un récit noir au fond dramatique, dont la conclusion s'avère par certains aspects surprenante et ambiguë.

Le trait de Kotegawa, lui, sert très bien les récits, notamment par les images-chocs rares mais efficaces, la narration posée servant la pointe de fatalisme, l'encrage offrant avec finesse une atmosphère noire. Et en filigranes, on appréciera le rôle grandissant de certains visages secondaires (en tête le Coroner Higa et Tachibana), ainsi que l'entretien de la question sur le temps de vie qu'il reste à Ango.

Ce deuxième volume fait bel et bien décoller une série qui a désormais tout en main pour devenir excellente. Il ne reste plus qu'à confirmer cela dans la deuxième moitié de l'oeuvre !


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
titali
17 20
Note de la rédaction