Blue Period Vol.10 - Actualité manga
Blue Period Vol.10 - Manga

Blue Period Vol.10 : Critiques

Blue Period

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 13 Juillet 2022

Yatora et les autres étudiants de sa promo doivent désormais plancher sur l'ultime projet de leur première année de cours: un sujet libre, devant toutefois occuper l'intégralité d'un grand mur vierge, et qui sera jugé non seulement par les enseignants mais aussi par des artistes renommés dont Konatsu Ono. Devant condenser toute leur première année d'études, ce projet s'annonce forcément comme le plus grand jusqu'à présent pour les élèves, qui vont devoir bûcher de plus belle... mais qu'en sera-t-il pour Yatora ? Notre héros a beau prendre conscience qu'il ne faudra pas traîner pour déterminer les grandes lignes de son projet, savoir avec quels matériaux il veut travailler, déterminer le concept et ce qu'il veut exprimer, il reste en plein doute, se demande s'il aime vraiment peindre ou non. Et il est d'autant plus déstabilisé qu'il vient de mettre en colère Yotasuke: alors que ce dernier ne vient quasiment plus en cours, Yatora lui a effectivement demandé, fort maladroitement, s'il aime vraiment dessiner. Une simple question qui risque bien de faire ressortir tout ce que le solitaire étudiant retient au fond de lui...


C'est quelque chose que l'on attendait depuis déjà un bon moment, au vu du caractère à la fois si spécial et si intrigant du personnage: l'heure est donc enfin venue de découvrir plus en profondeur l'état d'esprit de Yotasuke, ce camarade de promo que Yatora fréquente régulièrement et avec qui il a pourtant tant de mal. Pourquoi reste-t-il si solitaire, si renfermé, comme replié sur lui-même sans forcément vouloir nouer des amitiés depuis toujours ? la réponse se trouve bien dans son rapport au dessin, un domaine où on lui dit depuis toujours qu'il a un véritable don inné, au point de ressentir cet Art non pas comme une passion mais comme une obligation, sans forcément l'aimer. Devoir toujours répondre à ce que l'entourage (sa mère en tête) attend de lui en lui rabâchant sans cesse qu'il est un génie en dessin, avoir alors le sentiment que tout le monde veut se mêler de sa vie uniquement par le prisme de son talent en dessin sans forcément essayer de comprendre derrière qui il est vraiment, s'entendre dire qu'il n'a besoin de rien d'autre que le dessin comme si on dictait ce qu'il doit faire... A partir de là, pourquoi Yotasuke devrait-il essayer de se lier aux autres, si on n'essaie jamais de le voir au-delà de son don en dessin ?


"C'est la première fois... que je suis content de savoir dessiner."


Le traitement effectué par Tsubasa Yamaguchi, assez introspectif sans pour autant s'étendre plus que de raison, frappe alors très juste, mais il n'arrive évidemment pas à cet instant précis par hasard, car c'est à travers le lien que le jeune garçon va avoir avec Yatora que les choses vont prendre une saveur supplémentaire. Yotasuke passe d'abord par quelques autres étapes, concernant son attrait pour un clapier à lapins et pour les animaux qui s'y trouvent, qu'il entreprend de dessiner avec un intérêt qu'on ne lui avait presque jamais vu. Et alors que son nouveau dessin aurait pu n'être qu'un énième dessin que tout le monde se serait contenté de trouver épatant sans voir au-delà, c'est précisément Yatora qui, presque innocemment, va avoir les mots salvateurs, les mots que le garçon attendait depuis trop longtemps: enfin, quelqu'un perçoit la part d'émotion, de ressenti qu'il y a dans ce dessin. Et il s'agit là d'une idée qui va ensuite imprégner le récit: au-delà du talent et de la technique, l'importance de l'essence d'une oeuvre et de ce que l'on veut exprimer à travers elle, l'Art étant aussi voire avant tout un moyen de communication. Et bien sûr, l'impact de Yotasuke sur Yatora est tout aussi fort: alors qu'il voyait surtout Yotasuke comme un mec hyper doué en dessin et impressionnant, notre héros prend mieux conscience de qui il y a derrière se talent: une personne qui respire, qui cogite, qui souffre, soit un être humain. Une prise de conscience qui fera grandement avancer son projet et, de manière générale, son rapport à la peinture, en lui faisant comprendre si oui ou non il aime pendre, et surtout ce qu'il aime représenter.


"J'étais content de voir que, sans que je lui en ai parlé, les yeux de Yotasuke se sont teintés de bleu."


Travail réussi sur Yotasuke et sur l'évolution de son lien avec Yatora, avancées mutuelles des deux personnages dans leur rapport à l'Art, mise en avant séduisante de ce que l'Art peut apporter en termes de communication et d'émotion, le tout sous couvert d'un projet de fin d'année bien mené: ce dixième volume de Blue Period se révèle assez brillant dans son écriture et dans ce qu'il véhicule, et vient conclure d'excellente manière la première année de Yatora et de ses camarades de promotion à Geidai. Entamant bientôt sa deuxième dizaine de volumes, l'oeuvre de Tsubasa Yamaguchi ne faiblit pas.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.75 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs