Blue Giant Vol.6 - Actualité manga
Blue Giant Vol.6 - Manga

Blue Giant Vol.6 : Critiques

Blue Giant

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 28 Août 2019

"Il y a un instant qu'on ne trouve ni dans le rock, ni dans le classique... qui ne peut exister que dans le jazz, grâce à la part belle faite à l'impro... L'instant où on a la sensation de transporter le public ailleurs."

Dai, Yukinori et Tamada forment désormais un groupe, et chacun des trois garçons travaille d'arrache-pied pour se perfectionner, trouver l'inspiration ou tout simplement progresser. Le batteur novice s'entraîne encore et toujours, espérant pouvoir suivre comme il se doit ses deux compères un jour. Quant au pianiste, il cherche l'inspiration qui lui permettrait de composer un morceau pour le groupe, tout en devant son confronter à la possibilité de voir sa carrière décoller en jouant avec Kawakita, un guitariste de jazz qui l'a repéré. Enfin, Dai, lui, repart de plus belle, toujours avec la même passion, afin d'essayer d'acquérir une nouvelle arme: un souffle hors-pair. Mais tout se précipite en vue d'un concert que le saxophoniste a lui-même décidé de donner en groupe. Ce tout premier concert en trio attirera-t-il des spectateurs ? Sera-t-il une réussite ? Tamada parviendra-t-il à suivre les deux autres ?

En quelque sorte, ce volume se partage en trois grandes parties: l'avant-concert, le concert, et l'après-concert avec ses enseignements. Et évidemment, le résultat est à nouveau incroyablement riche, tant Shinichi Ishizuka ne laisse rien au hasard, que ce soit côté histoire ou côté dessins.

La première se révèle ainsi passionnante sur ben des points, à commencer bien sûr par la ferveur habituelle de Dai dans tout ce qu'il entreprend: ses courses pour gagner du souffle fascinent (la page en dézoom où il court sur le pont est brillante), tout comme se persévérance et son optimisme à l'heure de distribuer inlassablement des flyers, en se fichant bien de l'image qu'il peut renvoyer. De son côté, c'est en jouant avec Kawakita que Yukinori prend bien conscience de ce qu'il veut réellement, d'avec qui il pense qu'il a le plus de chance d'atteindre son but et d'être stimulé, renforçant alors un peu plus le groupe. Et puis, quel moment époustouflant que le chapitre où il cherche l'inspiration et se rend dans un magasin de musique: entièrement muet, ce passage est pourtant on ne peut plus limpide et clair, et témoigne de l'importance du travail d'observation pour trouver l'inspiration ure et simple, mais aussi de l'omniprésence de la musique chez tout un chacun.

Arrive ensuite le concert en lui-même, où le mangaka fait à nouveau des merveilles de mise en scène et de découpage, le tout sublimant morceaux, musiciens et instruments, avec des plans savamment dosés, des grandeurs de cases et onomatopées retranscrivant à merveille les différentes étapes de la performance, l'intensité apportée par les hachures et les remplissages... Le résultat est visuellement vibrant et bourré de passion, Ishizuka parvient à y installer une réelle osmose entre musiciens et spectateurs comme le veut tant la musique jazz... mais d'emblée, on y distingue aussi que si deux membres du trio brillent, le troisième est à la traîne.

Ce sera l'un des grands axes de l'après-concert: même s'il a déjà bien progressé, le novice Tamada se sent forcément nul, a l'impression d'avoir tout raté, et aucun éloge ne lui est d'ailleurs adressé. Effacé, incapable de se réjouir de ce premier concert malgré l'engouement de Dai, il se sent trop limité et n'est pas loin de laisser tomber, pour ne pas handicaper ses deux compagnons... mais est-ce vraiment ce que ceux-ci souhaitent ? Ishizuka aborde très bien le cas du batteur, retranscrit avec force et subtilité son ressenti, d'abord sans trop en dire directement après le concert pendant que Dai se réjouit et que Yukinori l'observe, puis de manière plus prononcée. On suit avec attachement le travail effectué sur lui, on attend et espère facilement le voir reprendre du poil de la bête pour s'affirmer, tandis que d'un autre côté il est aussi intéressant de voir l'opposition de points de vu le concernant entre Dai et Yukinori. En effet, tandis que le premier est tellement emporté en permanence par sa passion et son entrain qu'il tend à oublier un peu le collectif en cours de route, le deuxième, lui, semble déjà un peu plus éloigné de ses envies du tout début, à savoir faire de ce groupe un simple tremplin.

Ajoutons à cela la mise en valeur permanente par Ishizuka du jazz en tant que musique de l'impro et créant un lien entre musiciens et public, et on obtient un volume passionnant, qui, derrière sa jaquette aux allures de vinyle, aborde avec toujours autant de richesse, de passion et de justesse ses personnages et son sujet.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs