Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 21 Mars 2025
La partie de poker sur laquelle se joue la formation d'un groupe avec Zod a beau être compliquée (d'autant plus que le principal concerné déclaré d'abord que même s'il perd il ne rejoindra pas Dai), il ne s'agit évidemment que d'une formalité ayant surtout pour intérêt de poser un peu mieux la personnalité de ce grand gaillard ainsi que le contexte un peu délicat dans lequel il mène son quotidien, contexte qu'il devra désormais laisser derrière lui sans pour autant l'oublier. C'est ainsi que le batteur rejoint Dai et Antonio et part avec eux en direction de La Nouvelle-Orléans, pour un voyage qui marquera aussi un départ mine de rien assez touchant, tant ce personnage à part entière de la série aura permis à Dai de s'approcher toujours plus de son rêve en arpentant les longues routes américaines et en faisant des rencontres essentielles.
Mais il reste que ce septième tome, déjà antépénultième volume de cette troisième partie de la saga Blue Giant, se consacre surtout très vite à deux autres aspects importants, le premier des deux étant forcément l'arrivée à La Nouvelle-Orléans, étape qui a un goût vraiment à-part puisque la cité est le berceau du jazz. Soigneusement, par petites touches, et non sans offrir quelques petites scènes mine de rien fortes dans ce qu'elles représentent (voir Dai s'entraîner face à un fleuve comme le Mississippi a forcément une saveur unique), Shinichi Ishizuka et Number 8 évoquent efficacement le cadre, l'histoire musicale et le contexte de cette ville qui a certes évolué depuis la grande époque du jazz, mais qui est aussi restée fidèle à ses traditions en terme de son jazzy, là où des villes comme new York visent un jazz plus moderne et sophistiqué.
Pour plaire au public local, le tout nouveau trio va alors devoir parvenir à s'entendre, et c'est sans doute là que réside l'aspect le plus passionnant de ce tome, car au fil des concerts, et après s'être trouvé un nom de groupe et une orientation musicale, nos trois musiciens vont devoir apprendre à composer avec leurs qualités respectives: l'agressivité et la vitesse "old school" du pianiste Antonio, la sophistication et la vigueur plus "new-yorkaise" du batteur Zod, et l'intensité et l'authenticité du saxophoniste Dai. Créer une réelle harmonie, un son bien à eux, pourrait sembler alors bien difficile au vu de leurs spécificités parfois presque opposées, mais est-ce impossible ? On vous laisse le soin de le découvrir au fil de nouvelles séquences musicales souvent ébouriffantes dans leurs représentations graphiques, notamment quand Ishizuka se passe de toute onomatopée pour faire simplement ressortir les spécificités de chaque musicien, ou quand, au contraire, il exploite à fond les onomatopées en tant qu'éléments à part entière de son dessin. Enfin, si la recette marche si bien, c'est aussi parce que les auteurs savent dynamiser les pages via les interactions de ces trois personnalités si différentes (avec une mention spéciale pour les petites prises de bec d'Antonio et Zod), et qu'ils n'oublient aucunement d'entretenir les quelques doutes des deux nouveau compagnons de Dai: quel avenir les attend avec lui, eux qui ne peuvent pas totalement tout laisser de côté ?
Forcément importante au vu de ce que cette ville représente dans l'histoire du jazz, l'étape à La Nouvelle-Orléans est alors rondement menée pour le moment, et on en attendra la suite avec une passion décuplée !