Blissful Land Vol.1 - Actualité manga
Blissful Land Vol.1 - Manga

Blissful Land Vol.1 : Critiques

Tenju no Kuni

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 03 Mars 2022

Après avoir été inaugurée avec le très attendu Horimiya en janvier, la jeune collection Genki des éditions nobi nobi! accueille, en ces premiers jours de mars, une deuxième oeuvre, Blissful Land, ancrée dans un registre quelque peu différent puisqu'elle nous propulse dans une région bien éloignée de notre Occident, qui plus est environ trois siècles dans le passé.

De son nom original Tenju no Kuni, cette série bouclée en 5 volumes fut la première (et à ce jour unique) série d'un(e) mangaka se faisant appeler Ichimon Izumi, et a été prépubliée au Japon entre 2017 et 2019 dans les pages du magazine mensuel Bessatsu Shônen Magazine des éditions Kôdansha, magazine bien connu pour avoir accueilli L'Attaque des Titans, entre autres.

Blissful Land nous immisce en plein coeur du Tibet du XVIIIe siècle, et plus précisément dans un village niché au creux des montagnes. C'est là que Kang Zhipa, fils d'un père médecin et d'une mère fermière, s'applique, du haut de ses 13 ans, dans son rôle d'apprenti médecin qui le passionne. Ayant tendance à être un peu dans la lune quand il s'adonne à sa passion, le jeune garçon mène une vie heureuse entre ses cueillettes d'herbes pour concevoir des décoctions médicinales, son chien Sangay qu'il adore, et les soins qu'il tâche d'offrir aux habitants quand nécessaire. Si bien qu'à son âge où il est de coutume, à cette époque, de déjà commencer à songer à l'amour, aux filles et surtout au mariage, lui n'y pense pas vraiment, et on peut même dire que ça lui passe un peu au-dessus... du moins, jusqu'à ce que des marchands ambulants, invités à loger chez ses parents, ne lui permettent de rencontre une jeune fille de son âge qui va tout changer. Elle s'appelle Moshi Lati, elle est gentille, souriante et mignonne à croquer, elle vient d'une contrée lointaine mais a appris à parler la langue du coin en vue de son mariage déjà prévu. Et ce mariage, Kang Zhipa ne tarde pas à apprendre que c'est avec lui qui Moshi Lati va le faire ! Ainsi, en attendant le jour où ce fameux mariage pourra avoir lieu, la jeune fille va venir vivre au sein de sa future belle-famille, auprès de son futur époux. Et au rythme de leur quotidien paisible ensemble, il y a fort à parier qu'un lien plus fort va se nouer, petit à petit...

Une contrée lointaine (le Tibet) datant de quelques siècles auparavant, une histoire de mariage arrangé entre deux jeunes personnages principaux qui ont tout à découvrir de l'autre, une relation qui va se construire peu à peu au gré des découvertes... On ne va pas se mentir: par bien des aspects, Blissful Land ne peut que nous évoquer le magnifique manga Bride Stories de Kaoru Mori, ce qui n'est clairement pas pour nous déplaire.

Ce rapprochement passe en premier lieu par le parfum de découverte qui imprègne souvent ce début de série.
Découverte par le lecteur d'une autre culture, en premier lieu, Ichimon Izumi s'appliquant suffisamment à dépeindre certains aspects de la vie de l'époque en ces terres tibétaines, que ce soit via la médecine locale (les plantes et leurs vertus à l'image du berbéris permettant de traiter les problèmes de vue, la peau de loutre réputée pour calme la douleur des plaies...), les métiers traditionnels d'alors (Lati est une grande amatrice de tissage, par exemple), la gastronomie typique à l'image des tingmo (des pains cuits à la vapeur), des sha phaley frits, ou encore des momo (des raviolis à la vapeur)... pour un rendu qui, d'emblée, a quelque chose de très dépaysant.
Mais aussi découverte de deux cultures elles-mêmes un peu différentes entre Zhipa et Lati, tous deux n'étant pas originaires de la même contrées.
Et, enfin, découvertes plus personnelles entre nos deux jeunes personnages principaux qui, forcément, doivent apprendre à se connaître, au fil du temps passé ensemble au quotidien. Au travers de petits événements comme une cueillette (l'occasion pour Lati d'apprécier avec le sourire toute la passion de son futur époux pour les plantes), une dispute de la petite soeur Pema avec un copain ou la conception de mets, Zhipa et Lati s'observe, se découvrent peu à peu, apprennent à se connaître et à voir leur personnalité respective... quand bien même il y a quelques interrogations et doutes entre eux. Zhipa se demande ainsi ce qu'on a bien pu dire sur lui à Lati pour qu'elle soit si enjouée et pressée de faire sa connaissance. Et dès lors, qu'a-t-elle pensé de lui en le voyant pour la première fois ? L'acceptera-t-elle, lui qui est si maladroit et naïf concernant les filles ? Quant à la jeune fille, elle aimerait oser dire à son promis tout le bien qu'elle pense déjà de lui, mais n'ose d'abord pas, manque de courage... Et c'est finalement en faisant chacun quelques pas vers l'autre qu'ils entament leur lien. En tâchant simplement, à leur rythme, d'oser se parler, dire ce qu'ils ont sur le coeur, échanger, pour toujours mieux se comprendre et, plus tard, quand le mariage aura lieu, réussir à former une famille unie.

La lecture a, alors, quelque chose de particulièrement bénéfique, doux, chaleureux, dépaysant, en s'inscrivant pas mal dans la mouvance des oeuvres "bien-être" dites iyashikei. Et cette impression se voit renforcée par un style visuel parfaitement en adéquation. Sans atteindre le niveau de richesse, de minutie et de précision de Kaoru Mori sur Bride Stories (pour continuer sur la comparaison la plus logique), Ichimon Izumi offre des visuels qui se veulent assez foisonnants, avec pas mal de détails dans les éléments culturels (vêtements, cuisine), des bouilles plus légères et expressives (mention spéciale aux nombreux sourires de Lati, apaisants), des paysages clairs et assez immersifs, et un découpage au service d'un rythme suffisamment posé pour nous laisser le temps d'apprécier chaque petit moment.

Démarrage réussi, donc, pour Blissful Land. Au-delà de ses similitudes avec Brides Stories qui en feront surement une oeuvre apte à plaire aux fans de la série de Kaoru Mori, l'oeuvre d'Ichimon Izumi s'avère être un véritable plaisir bienfaisant, chaleureux et dépaysant, à la découverte d'un coin du monde bien différent du nôtre (d'autant qu'il date d'une autre époque) et de personnages attachants, que l'on prendra sans nul doute plaisir à voir évoluer au fil des 4 volumes suivants.

En ce qui concerne l'édition française, on regrettera juste une jaquette un peu fine malgré son toucher agréable, et un papier crème très légèrement transparent par moments. A part ça, l'impression est honnête, le lettrage est très propre, la traduction de Yohan Leclerc est fluide, et les premières pages en couleurs sont un petit plus très agréable.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs